Coup de théâtre à 450 kilomètres d'altitude : la NASA et l'Agence Spatiale Europénne (ESA) sont en train de négocier avec l'astronaute français, ancien étudiant à Toulouse, pour son retour sur Terre alors qu'il a annoncé sur les réseaux sociaux qu'il ne souhaitait pas rentrer.
Thomas Pesquet est un quasi-pro des réseaux sociaux. Son compte Twitter qu'il alimente très régulièrement de magnifiques photographies de la Terre prises depuis la Station Spatiale Internationale (ISS) est suivi par plus de 440 000 personnes. Et ses fans ont été stupéfaits de lire le message que l'ancien étudiant à Supaéro Toulouse a posté dans la nuit du 31 mars au 1er avril :
Ce message, diffusé sur les réseaux sociaux, n'a pas surpris les agences spatiales européennes et américaines, l'ESA et la NASA. Le secret avait jusqu'ici été bien gardé. Mais depuis plusieurs semaines, le spationaute français avait fait savoir aux responsables du programme qu'il ne souhaitait pas rentrer sur Terre. Les autorités espéraient réussir à le convaincre d'opérer son retour comme prévu autour du 2 juin, à l'issue de sa mission, baptisée Proxima, mais la publication du Tweet de cette nuit semble officialiser auprès du grand public le blocage de la situation.
"Jamais les agences spatiales n'ont été confrontées à ce problème, a réagi Nina Vette, spécialiste de l'histoire de l'aventure spatiale. Il n'existe pas de solution pour contraindre un spationaute à intégrer le module de retour, sinon par la force. Mais on imagine mal ses collègues russes et américains, le faire rentrer de force dans la capsule, voire lui faire ingérer contre son gré un somnifère. L'image serait désastreuse d'autant que Thomas bénéficie d'une immense exposition médiatique et d'une aura fabuleuse notamment auprès du jeune public".On imagine mal ses collègues russes et américains, le faire rentrer de force dans la capsule de retour !
Il faut dire que Thomas Pesquet se sent plutôt bien en apesanteur. Depuis qu'il est arrivé, en novembre dernier, l'ancien élève de Supaéro et ancien pilote de ligne, est plutôt chouchouté. Il a eu droit à deux sorties extra-véhiculaire dans l'espace, une troisième est programmée, et il correspond régulièrement avec sa famille en privé et avec des jeunes notamment, comme ce fut le cas avec des écoliers de Nîmes en février.
Et puis il y a toutes les petites attentions du quotidien. Cette semaine, par exemple, il a reçu un morceau de Comté. Du fromage français dans l'espace : une rareté mais surtout un délice.
Comme on le voit sur cette photo, Thomas Pesquet porte régulièrement sur lui le maillot du Stade Toulousain. Un clin d'oeil à ses années d'étudiant passées à Toulouse et à sa passion pour le rugby. Aux yeux du grand public, c'est un joli geste pour Toulouse mais pour les spécialistes cela a une autre signification.Pour rendre un astronaute français heureux, il suffit de lui envoyer du fromage ;) @FComteComm #comté pic.twitter.com/X1kjAbXm5G
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) March 27, 2017
Un problème de logistique
"Cela peut paraître anodin, explique Anne Ailumiaire, responsable du département logistique au Centre national d'études Spatiales, mais il n'y a pas de machine à laver le linge ni de sèche-linge dans l'ISS. Thomas va rapidement être à court de linge propre et le port du maillot de Toulouse était un code entre lui et nous. Si son séjour dans l'espace doit se poursuivre, il faut que nous trouvions le moyen de lui faire parvenir de nouveaux habits".Les agences spatiales n'ont donc pas dit leur dernier mot et pourraient s'opposer à l'envoi dans l'espace de vêtements propres, contraignant ainsi Thomas à redescendre comme prévu, sous peine de gêner ses collègues par d'intempestives odeurs. La vie dans l'Espace tient parfois, comme sur Terre, à d'infimes détails.