Jean-Christophe Fromantin a recueilli le nombre nécessaire de parrainages pour se présenter à la présidence de l'UDI à l'automne. Le maire de Neuilly, chantre de la société civile descend dans l'arène politique.
Fromantinus Maximus.
Dans un café du 17 ème arrondissement, devant une cinquantaine de soutiens réunis mercredi soir, Jean Christophe Fromantin annonce avoir mille parrainages, largement au-delà du seuil des 500 nécessaires pour avoir le droit de se présenter à la présidence de l'UDI. "C'est le droit d'entrée. C'est l'étape indispensable pour avoir l'autorisation de descendre dans l'arène", se réjouit-il.
Peut-il lutter contre les mirlmillons et rétiaires expérimentés que sont ses concurrents, Jean-Christophe Lagarde, Yves Jégo, Hervé Morin ou Jean Arthuis ? Au combat des armes, il préfère la posture presque candide, mais pas martyre, du candidat de la société civile, fidèle à la recette qui lui a permis de conquérir la mairie de Neuilly en 2008. Paradoxal alors qu'il brigue la présidence d'un parti, ambition symbole de la politique professionnelle. "A un moment quand on veut faire avancer ses idées, il faut prendre un des véhicules qui permet institutionnellement de la faire. On n'est pas reconnu et écouté si on n'est pas dans le ring, dans l'arène des partis politiques", explique-t-il.
Sauf que depuis 2008, le candidat de la société civile s'est présenté à toutes les élections, élu conseiller général en 2011 puis député en 2012. Une nécessité pour se préserver des appétits de revanche de l'UMP sur Neuilly mais voilà l'argument de la blanche colombe passe mal auprès de ses concurrents. Une forme "d'escroquerie", jugerait Jean-Christophe Lagarde. "Cette indépendance que j'ai acquise en gagnant des élections sans étiquette partisane me permet de descendre dans l'arène avec une véritable liberté", répond Jean-Christophe Fromantin.
On l'aura compris Jean-Christophe Fromantin aime bien la métaphore de l'arène. Et pour les pouces levés, il peut compter donc sur une petite base militante rencontrée hier dans le 17 ème. "Fromantin est quelqu'un qui vient du monde de l'entreprise. Pour moi c'est important car l'entreprise doit être au centre de la reprise que doit retrouver la France aujourd'hui", témoigne un jeune homme. "Je le soutiens car c'est le premier politique que je connais qui met son ego au service des projets et pas l'inverse", poursuit une militante qui le suit depuis l'aventure à Neuilly.
Les méchantes langues glissent qu'il bénéficie aussi des réseaux de la "Manif pour tous". Il a été très actif à l'Assemblée lors du débat autour du mariage de personne du même sexe pour s'y opposer. "Je me retrouve dans les valeurs de la démocratie chrétienne qu'il défend et qu'on retrouvait à l'UDF", confie un autre personne présente au café politique. De cette tradition, découle une histoire électorale qui ancre le centre notamment dans l'Ouest et le Nord. L'UDF, un parti de notables locaux persiflait-on au temps de sa splendeur.
Francilien, arrivé récemment dans la giron de l'UDI, Jean-Christophe Fromantin n'a pas connu beaucoup de congrès centristes ni sillonné les fédérations départementales. Mais l'actualité politique lui permet peut-être de rattraper ce déficit de notoriété auprès des électeurs de l'UDI de Province. En 2012, il a crée son micro-parti "Territoires en mouvement" autour de la question territoriale à laquelle il a consacré deux livres. Il compte bien défendre son propre redécoupage de la France à l'occasion du débat à l'Assemblée nationale la semaine prochaine. 8 grandes régions autour de 8 grandes métropoles françaises. "J'ai demarré la semaine dernière mes premiers déplacements régionaux à Lille et Strasbourg. Cette idée de les amener à participer au débat politique à partir de l'équation territoriale marche très bien. On leur dit c'est vous les acteurs d'un renouveau", explique-t-il s'inscrivant dans la tradition girondine du Centre. Il défend également la candidature de Paris à l'organisation de l'Expo Universelle en 2025 à qui Jean-Louis Borloo a apporté son soutien la semaine dernière.
Jean-Christophe Fromantin sait très bien qu'il ne succèdera pas à l'ancien maire de Valenciennes. Mais dans une élection ouverte, il espère réaliser un score charnière qui lui permette de peser dans les négociations d'entre-deux tours. Bref, un peu de politique politicienne à prévoir. C'est le prix à payer quand on descend.....dans l'arène.
Voir le sujet du 12/13 réalisé par Daïc Audouit, Stéphane Lisnyj, Stéphane Fouquet et Noémie Thouny