La prison de Nanterre perd quelques barbelés, une première symbolique

"Ça fait moins milieu carcéral agressif!", lance un détenu. Les barbelés entourant le stade de la prison de Nanterre ont été en partie retirés mardi à l'initiative de l'association Ensemble contre la récidive, une première - symbolique - en France.

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Pour couper ces "concertinas", des fils munis de lames de rasoirs, du côté où le terrain jouxte la maison d'arrêt, l'association de Pierre Botton a fait venir le chanteur et ex-tennisman Yannick Noah, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France de football Raymond Domenech et l'ex-judoka Djamel Bouras. Armées de pinces et gants, ces célébrités se prêtent au jeu devant les caméras. "C'est le début de la liberté!", glisse Yannick Noah, perché sur un échafaudage.

Objectif: rendre plus agréable le terrain de sport, en pleine rénovation sous l'égide de l'association, et envoyer un signal positif aux prisonniers, mille hommes pour 600 places. Mais les détenus, qui attendent leur procès ou purgent de courtes peines, souvent pour trafic de stupéfiants ou vols avec violences, n'assistent pas à l'opération: trop compliqué, pour des raisons de sécurité, de les faire tous descendre. Certains aperçoivent la scène de leur fenêtre, d'autres la verront à la télévision.

Seuls quatre d'entre eux sont là, rémunérés au Smic pour participer aux travaux. "Ça fait du bien psychologiquement", souffle, timide, un de ces détenus en uniforme vert, occupé à ratisser le sol. "C'est une prison, alors la moindre chose qui peut améliorer tout ça..." "Avoir des barbelés, comme ça, dans un terrain de sport, ils ont peur de quoi? Je m'imaginerais pas passer par-dessus", remarque un autre. Si ces barbelés sont retirés, c'est qu'ils étaient superflus, explique le directeur de la prison, Jimmy Delliste: le stade est bordé par un chemin de ronde et un mur d'enceinte bien équipés. "Aucun risque", selon la direction, que l'opération facilite la tâche des détenus pour ramasser les colis lancés de l'extérieur.

- 'Il faut tout enlever!' -

Les barbelés étaient même devenus encombrants: les ballons de foot lancés trop fort allaient s'y éventrer. "5.000 euros de ballons par an!", relève le directeur. L'extension de cette initiative inédite n'est pas prévue pour l'instant, faute de demandes d'associations, selon l'administration pénitentiaire.

Ensemble contre la récidive avait à l'origine déposé une demande pour la prison de Fresnes, dans le Val-de-Marne, mais elle a été refusée. Pierre Botton espère néanmoins renouveler l'expérience. L'ex-homme d'affaires connaît bien la prison de Nanterre: condamné dans les années 1990 pour abus de bien sociaux, il y avait purgé une partie de sa peine. Il y a ensuite expérimenté en 2010 des mesures destinées à améliorer le premier contact avec la prison pour les primo-délinquants.

Planté d'oliviers et de magnolias et équipé de bancs, de filets, de buts, d'une piste de course, le plateau sportif en cours de rénovation aura bientôt meilleure allure. Un projet estimé à 600.000 euros, explique-t-il, en comptant une pelouse synthétique qui reste à financer. Les barbelés? "Il faut tout enlever!", lâche un détenu sur le stade. "Je ne crois pas qu'il y ait de grave peines ici, de gens qui ont du sang sur les mains." Il se reprend, fataliste: "Mais la sécurité, c'est la sécurité..."
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