Samedi 21 novembre, Valérie Pécresse, lors d'un meeting à Drancy, a évoqué le fait que Abaaoud avait été filmé fraudant dans le métro lors de sa fuite. Pour les observateurs, la candidate a dérapé faisant un lien entre fraude et terrorisme. En fait, c'est un peu plus compliqué que cela.
Valérie Pécresse a-t-elle fait le lien entre la fraude dans les transports et le terrorisme ?C'est ce qui lui est reproché depuis dimanche après-midi sur la toile sur la foi d'un article de Libération paru au lendemain du meeting qu'elle a tenu à Drancy.
Une citation mentionnée dans le coeur de l'article de ma consoeur : "La sécurité passe par un changement de modèle : dès qu’on commence à franchir les portillons dans le métro, à taguer, ça veut dire qu’on peut tout se permettre. L’un des terroristes a été filmé dans le métro en train de frauder. Cela commence par là", écrit ma consoeur, donnant l'impression que tout fraudeur est un terroriste potentiel.
Une citation reprise par le Lab d'Europe 1 mais qui en fait le titre de son article. Un article repris abondamment sur les réseaux sociaux par les adversaires de la candidate, soit pour s'en moquer, soit pour dénoncer le caractère scandaleux des propos.
Le problème c'est que la citation de Libération est un raccourci. Quand on reprend l'extrait du discours de Valérie Pécresse dans sa continuité, le sens de son propos est différent. En tout cas pas aussi simpliste.
► VOIR l'extrait vidéo filmé par notre caméra samedi soir
Pas de lien simpliste entre fraude et terrorisme
Valérie Pécresse est en train d'évoquer le besoin d'autorité dans notre société. Pour elle, celle-ci doit s'appliquer dès les plus petites choses comme "un carreau cassé". Elle parle ensuite de la fraude et du sentiment d'impunité qu'auraient les fraudeurs. Et c'est alors qu'elle mentionne la vidéo de télésurveillance d'Abaaoud dans sa fuite où on le verrait frauder. "Il se sentait tellement en impunité sur le sol français qu'il pouvait même se permettre de frauder dans le métro sous l'oeil de la caméra", déclare Valérie Pécresse. Il s'agit en fait plus d'une allusion aux failles de surveillance du renseignement français.Elle généralise ensuite son propos et termine sa séquence par le fameux "cela commence par là".
Mais cette dernière phrase conclut l'ensemble de son raisonnement sur le besoin d'autorité et la réponse à y apporter et ne s'applique pas à Abaaoud strictement. Elle ne fait donc pas le lien simpliste entre fraude et terrorisme, même si on peut lui reprocher une utilisation ambiguë et spectaculaire de la vidéo d'Abaaoud.