Les réseaux sociaux s'enflamment après l'agression d'une jeune femme au Bain des Dames (16)

Depuis l'agression d'une femme de 26 ans, qui jouait seins nus au Bain des Dames, à Chateauneuf-sur-Charente, les réseaux sociaux se sont saisis de l'affaire. Manipulation politique ou manifestation de soutien envers la victime, ce fait divers est devenu le symbole d'une dérive d'Internet.

Une "opération seins nus au Bain des Dames", à Châteauneuf-sur-Charente, est organisée ce mercredi 31 août en réaction au "lynchage d'une mère de famille", ce jeudi sur la plage publique charentaise. Pour les créateurs de l'événement Facebook, l'objectif est de "sensibiliser la population et les médias à la liberté des femmes de disposer de leur corps".

Ce jeudi-là, une cinquantaine de personnes profite de la chaleur estivale sur la plage du Bain des Dames. Une femme de 26 ans, qu'un témoin contacté par nos confrères de la Charente Libre décrit comme "volubile" et "un peu exubérante", ne passe pas inaperçue. Vêtue d'un maillot de bain, elle joue au ping-pong avec son fils et bronze seins nus depuis deux heures.

Mise à nu devant tout le monde

Une mère de famille et sa fille lui font des remarques désobligeantes à propos de son manque de pudeur. En réponse à ces insultes, la jeune femme montre ses fesses. La situation dérape : aussitôt le ton monte, une rixe éclate entre les deux femmes. Bientôt une douzaine d'individus, hommes, femmes et adolescents, s'acharnent sur leur victime. Un blogueur témoin de la scène livre sa version dans un billet publié sur son site ce samedi :

"[Un homme] lui arrache sa culotte. Il la dénude à la vue de tous. On l’attrape par les cheveux, on la traîne à terre. Femmes et hommes lui donnent des coups de pieds dans le dos, au ventre, dans les jambes. Cette foule furieuse lui crie sa haine. Je lève les bras pour signifier qu'il faut cesser cet affrontement, j'essaye vainement de ramener vers moi cette femme nue et me placer entre elle et eux, je crie 'Vous êtes fous ! Vous êtes fous !'. Par derrière, on me ceinture, on me jette à terre. La mère saigne, blessée au nez, ils en finissent avec ce pugilat. Le lynchage à semi-complet, elle se rhabille, fière, et retourne se jeter à l'eau, où ses enfants se blottissent contre elle. Les agresseurs se dispersent, conseillent au mari de 'mettre une laisse à sa chienne'."

La mairie refuse de porter plainte

Joint par téléphone, le maire de la commune, Jean-Louis Levesque, assure qu'il ne s'opposera pas à la tenue de la manifestation "seins nus" et précise que la municipalité ne portera pas plainte, laissant à la victime le soin de se manifester auprès de la gendarmerie.

Dans un communiqué publié ce samedi, les élus ont tenu à rappeler qu'un "arrêté permanent stipule que le port du maillot de bain est rigoureusement exigé pour les baigneurs sur le site y compris pour les enfants". Sujet à de multiples interprétation, il pourrait être précisé.

L'édile estime néanmoins cette affaire "grave" porte un coup aux valeurs de "tolérance". "Mais ce n'est qu'un fait divers selon moi. On tente d'y donner trop de signification. La liberté des femmes à disposer de leur corps est-elle vraiment menacée ?", s'interroge-t-il à voix haute. 

Les twittos s'en mêlent

De fait, chacun y est allé de son commentaire depuis l'agression de cette femme de 26 ans par une douzaine d'individus. Malgré l'absence de toute référence à la religion des agresseurs, le parallèle avec l'islam est vite dressé.

Des mouvements d'extrême-droite, comme les "Jeunesses nationalistes Révolutionnaires" - organisation dissoute après le meurtre de Clément Méric -, comme des militants du parti Les Républicains se saisissent de l'affaire. Un seul mot d'ordre : empêcher l'instauration de la Charia.

De même sur le site de la Charente Libre, la rédaction est contrainte de fermer son espace dédié aux commentaires et de spécifier à contre-coeur qu'aucun des agresseurs n'est musulman ou maghrébin : "Il est dommage de devoir en arriver à de telles précisions."

Dans un encadré rédigé à la suite de cette modération des commentaires, la rédaction raconte avoir été contactée par des lecteurs. "Vous dites que ce n’est pas des arabes. Je ne vous crois pas", dit l'un. "Vous les protégez en ne les nommant pas", accuse l'autre. "Dialogue impossible", commente le quotidien.
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