Bouches-du-Rhône : faute de famille d'accueil, des enfants dorment dehors

Des mineurs, retirés à leurs familles, sont devenus victimes du système de placement actuel. Certains dorment dans la rue, d’autres sont baladés de foyer en foyer ou transférés dans des lieux inadéquats. Le manque de moyens et de travailleurs sociaux amène ces jeunes à perdre pied.

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Il vient presque tous les jours. Et depuis 3 semaines, c’est la même chose : on lui dit qu’il n’y a aucune famille d’accueil pour lui. Alors le soir, il repart dormir dans la rue


enrage Patricia*, travailleuse sociale à La Ciotat. A tout juste 16 ans, ce jeune, dont la mère a été placée en hôpital psychiatrique, traîne avec les SDF et côtoie la violence. "Pour la première fois, il s’est battu au couteau cette semaine. Ce qui m’inquiète le plus, c’est qu’on n’arrive pas à lui faire comprendre que c’est grave. Aujourd’hui, il n’a plus rien à perdre". C’est un garçon à la voix enjouée, pourtant attachant, qui "est en train de basculer". D’après Christian*, éducateur spécialisé dans le Var, ils seraient une vingtaine de mineurs dans le département à dormir dehors, faute de places dans les foyers ou dans les familles d’accueil.

Des enfants de 3-4 ans mêlés aux ados

Et ceux qui ont trouvé un toit ? "Ils ne sont pas plus en sécurité ", répond Christian*. Il dénonce des placements qui ne sont pas toujours adaptés : "certains collègues m’ont parlé de petits de 3-4 ans qui côtoient des ados, et il peut y avoir des risques de violences ». Mais pour les adolescents aussi, les placements ne sont pas toujours adéquats. Depuis quelques mois, Patricia* intervient auprès d’une jeune fille de 15 ans, originaire du Var, qui a été maltraitée en famille d’accueil. "On a demandé en urgence de la sortir et nous avons trouvé une autre famille dans la même ville. Mais finalement la Direction de l’Enfance a refusé le transfert, après qu’on l’ait annoncé à la petite. C’est pire que tout". Finalement la jeune fille a été envoyée dans un autre secteur, où "elle a perdu tous ses repères, tous ses amis".

Les jeunes "qui doivent être suivis ne le sont pas toujours"


"Même ceux qui doivent être suivis ne le sont pas toujours", réagit Christian* qui ajoute : "Je connais un garçon de 15 ans dont la famille doit subir des contrôles sous ordre du magistrat. Mais ce n’est pas appliqué. Il n’y a aucun suivi et le jeune continue de vivre dans un contexte de violences verbales".  Et pour les bébés, ce n’est pas mieux. Valérie Marque, déléguée CGT des Bouches-du-Rhône, a été informée d’un petit qui vient de passer son 18e mois en pouponnière (structure pour les bébés en attente de famille d’accueil). "Ici il ne peut pas recevoir toute l’affection qu’il devrait avoir. Le personnel fait tout ce qu’il peut mais les bébés sont en sureffectif ".

Le nombre de familles d’accueil en chute libre depuis 2010


S’ils ne trouvent pas de familles d’accueil, c’est qu’elles sont de moins en moins nombreuses alors que la demande de placement, elle, augmente, avec presque 600 enfants de plus qu’en 2015. "Il y a 6 ou 7 ans, on avait 750 familles d’accueil. Aujourd’hui elles ne sont plus que 480 assistantes familiales qui accueillent 790 jeunes. Elles font leur maximum", explique Valérie Marque. Une baisse en partie due aux départs en retraite qui n’ont pas été remplacés. Mais le problème ne s’arrête pas aux portes du département. "C’est partout pareil. J’ai des collègues en Ile-de-France qui ont dû trouver des hôtels pour les enfants. Les autres villes sont autant concernées que nous", explique Patricia*. D’après Valérie Marque, "il faudrait plus de professionnels sur le terrain et une revalorisation du salaire" pour sortir de cette situation, car la précarité du métier découragerait les nouvelles recrues. Lundi, la majorité des travailleurs sociaux des Maisons de Solidarité des Bouches-du-Rhône ont fait grève pour dénoncer ce système à bout de souffle.

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