Au moment même où s'achève le déploiement sans précédent de 10.500 militaires dans une mission de surveillance du territoire national, François Hollande présente ce mercredi ses voeux aux armées à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, qui pourrait être engagé sur le théâtre irakien.
Une semaine après les attaques terroristes qui ont ensanglanté la capitale, cette cérémonie programmée au large de Toulon prend ainsi une dimension toute particulière. Après avoir présidé le premier Conseil des ministres post-attentats, le chef de l'Etat s'envolera à la mi-journée à destination de la base aéronavale de Toulon-Hyères, où il embarquera à bord d'un hélicoptère pour rejoindre le navire amiral de la Flotte française qui croise au large de Toulon, son port d'attache.
10.500 soldats français en France, 8.500 à l'étranger
Déjà fortement impliquées sur les théâtres d'opérations extérieurs, en Afrique ou au Moyen-Orient, les forces françaises sont désormais sollicitées pour un déploiement d'une ampleur inédite sur le territoire national et depuis leur professionnalisation en 1996, aux limites de leur "contrat opérationnel". Ainsi, et pour la première fois, le nombre de militaires engagés dans cette "opération intérieure" de sécurisation des "sites sensibles" (10.500) est supérieur à celui des soldats déployés en opérations extérieures (8.500).
Voeux présidentiels devant la marine
Devant les marins du Charles de Gaulle, François Hollande aura sans nul doute à nouveau à coeur de saluer l'engagement des forces armées au lendemain du vibrant hommage rendu devant l'Assemblée nationale par le Premier ministre Manuel Valls aux forces de l'ordre pour leur action après les attentat sanglants contre la rédaction de Charlie Hebdo et une supérette casher.Il s'agit aussi des premiers voeux aux armées prononcés par l'actuel chef de l'Etat devant la marine après ceux de 2013, prononcés devant l'armée de terre, et ceux de 2014, devant des unités de renseignement militaire.
Lutte contre les jihadistes de Daesh en Irak
Le Charles de Gaulle, qui a appareillé mardi de Toulon à destination de l'océan Indien, transitera par le Golfe où il est donc susceptible d'être mobilisé pour concourir aux opérations sur le théâtre irakien.La France y participe à la campagne de bombardements aériens menée contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) par une coalition internationale d'une trentaine de pays conduite par les Etats-Unis.
"Aucun engagement dans l'opération française Chammal (en Irak) n'est pour l'instant décidé", précise-t-on cependant dans l'entourage du ministre de la Défense Jean-Yves Le Driant.
"Outil militaire stratégique, le GAN est à tout moment en mesure d'adapter et modifier son programme en fonction des évolutions de la crise au Levant et des besoins de la coalition pour répondre rapidement aux décisions des autorités politiques", souligne cependant l'état-major.
Le Charles de Gaulle emporte 12 avions de combat Rafale, 9 Super-Etendards modernisés, un avion de guet Hawkeye et quatre hélicoptères. Il est accompagné de la frégate de défense antiaérienne Chevalier Paul, d'un sous-marin nucléaire d'attaque et d'un pétrolier ravitailleur.
Neuf Rafale, basés aux Emirats arabes unis, et six chasseurs-bombardiers Mirage, basés en Jordanie, sont dès à présent engagés par la France dans le ciel irakien. S'y ajoutent un avion de ravitaillement C135, un avion de patrouille maritime Atlantique 2 et une frégate anti-aérienne (le Jean Bart), intégrée au groupe aéronaval américain constitué autour du porte-avions USS Carl Vinson.
Dans l'océan Indien, le Charles De Gaulle participera à l'exercice aéromaritime franco-indien Varuna, au large de l'Inde, gros client potentiel de la France pour l'achat de 126 Rafale, les négociations traînant toutefois en longueur.
Pour cette mission, baptisée Arromanches -du nom d'une commune de Normandie où fut construit un port artificiel durant le débarquement des Alliés en juin 1944 - quelque 2.600 marins sont embarqués, dont 2.000 pour le seul porte-avions.