L'acteur Francois Cluzet, qui comparaissait hier devant le tribunal correctionnel de Lyon pour diffamation envers le commissaire Neyret, s'est en définitive excusé à l'audience. Il avait suggéré que le policier avait peut être "piqué une partie du butin de Musulin". Jugement le 12 février.
De "l'humour" même si c'était "déplacé" : l'acteur François Cluzet s'est "excusé" mardi devant la justice "d'avoir porté atteinte à l'honneur de Michel Neyret" en suggérant dans une interview que l'ex-n°2 de la PJ lyonnaise avait "peut-être piqué le butin de Toni Musulin".
"Encore une fois, si j'ai porté atteinte à l'honneur de Michel Neyret, je m'en excuse. Je ne le connais pas, j'ai juste entendu parler de ses ennuis judiciaires", a déclaré, penaud, le comédien de 59 ans qui a incarné le convoyeur de fonds dans le film "11.6" retraçant son vol rocambolesque en 2009.
C'est en faisant sa promotion en mars 2013 à Lyon qu'il avait suggéré "pour faire rire le journaliste", selon lui, que l'ex-super flic avait peut-être "piqué le butin de Musulin". Allusion aux 2,5 millions d'euros jamais retrouvés sur les 11,6 millions dérobés, qui lui a valu de comparaître pour diffamation mardi.
C'est sous ce titre "racoleur", selon l'avocat de Neyret, que l'article avait été publié dans la rubrique cinéma du Progrès, valant au journaliste et au directeur de la publication, Pierre Fanneau, d'être également poursuivis devant la 6e chambre correctionnelle.
"Je l'ai dit en OFF sans penser un seul instant que ça allait être repris", a poursuivi l'acteur qui avait pourtant déjà ironisé en ce sens en conférence de presse avant l'interview. "Il s'agissait de séduire! Nous ne sommes pas des gens responsables sur le plan judiciaire. C'était de l'humour, évidement c'était déplacé", a reconnu Cluzet, "très mal à l'aise" de se retrouver "pour la première fois devant un tribunal".
"On ne peut faire rire que quand on est ridicule et aujourd'hui je me sens moi-même ridicule", a-t-il dit. "On est sur un débat où tout le monde a donné son avis à l'époque: pour ou contre Musulin. C'est le comédien qui parle (...) le lecteur voit qu'on est dans la gaudriole",a plaidé son avocat, Me Pascal Garbarini. "C'est le carambolage des deux procédures qui fait qu'on fait des traits d'humour sur vous", a-t-il dit à l'adresse de Neyret, allusion à sa mise en examen notamment pour corruption. "Vous avez prêté le flanc et on vous égratigne".Je me sens ridicule
Mais pour Michel Neyret, "quel que soit le ton sur lequel il l'a dit, il a nourri l'imaginaire collectif" et ses "propos portent atteinte à (son) honneur". "Souvent je suis interpellé dans la rue et il est fait référence au butin de Musulin", a raconté l'ancien policier toujours fringant, mais les traits tirés.
"Cluzet a joué le rôle de Musulin et on se dit que s'il se permet de faire cette affirmation douteuse, peut-être qu'il a des infos que le public n'a pas", a-t-il ajouté, rappelant qu'il n'était "ni en service, ni à Lyon" lorsque le butin avait été retrouvé.
Son avocat Yves Sauvayre abonde : "Cluzet est un acteur reconnu et apprécié! Il a tourné le film et ce qu'il dit va avoir un impact considérable sur les lecteurs", a-t-il dit, soulignant que le Progrès était "extrêmement lu et même distribué gratuitement en prison".
Alors que le plaignant réclame 10.000 euros de dommages-intérêts à l'encontre de chacun des prévenus et la publication d'un communiqué, le procureur s'en est remis "à la sagesse du tribunal". Jugement le 12 février.