Il n'y a pas d'âge pour les études : la preuve avec Colette Bourlier, 91 ans. La doctorante, née à Lyon en 1925, a soutenu sa thèse ce mardi 15 mars à Besançon. Il s'agissait d'une thèse de géographie sur les travailleurs immigrés, commencée 30 ans auparavant.
La doctorante a obtenu la mention "très honorable" pour cette thèse entièrement manuscrite soutenue à l'université de Franche-Comté et intitulée "Les travailleurs immigrés à Besançon dans la seconde moitié du XXe siècle".
"J'ai mis du temps, parce que j'ai fait des pauses" et "j'ai fait du mieux que j'ai pu, je crois que le jury était satisfait", a déclaré Colette Bourlier à l'issue de sa soutenance. "C'est un travail extrêmement atypique parce que c'est un travail de thèse qui a duré 30 ans -aujourd'hui une thèse c'est en moyenne trois ans- et qui a été réalisé par quelqu'un qui a commencé sa recherche après son départ en retraite, à l'âge de 60 ans", a estimé son directeur de thèse Serge Ormaux.
Pendant sa vie active, cette ancienne enseignante née à Lyon en 1925 s'est beaucoup investie dans l'accueil et l'alphabétisation des travailleurs immigrés à Besançon.
"Pendant 20-25 ans elle s'est occupée de l'accueil et de l'alphabétisation des populations émigrées sur Besançon, elle a fait un énorme travail, leur a consacré beaucoup de temps, d'énergie et a été immergée dans tous les dispositifs nationaux et locaux d'accueil des immigrés qu'elle connaît parfaitement", souligne M. Ormaux.
Lors de sa retraite en 1983, elle a décidé de commencer un travail de recherche universitaire sur la problématique des travailleurs immigrés à Besançon. Selon le directeur de thèse, cette vive nonagénaire aux cheveux blancs "est sans doute la seule à connaître ces dispositifs à ce point et à être capable d'en faire une telle synthèse, qu'elle a complétée par des travaux d'analyse de statistique".