Depuis des mois, partout en France, des citoyens volontaires participent à des campagnes de dépistage du glyphosate dans les urines. Des analyses dont les résultats, tous positifs, sont contestés par les agriculteurs qui ont réalisé leurs propres tests. Et les résultats posent question.
Si l’on en croit les résultats des tests de divers collectifs citoyens comme l'association Campagne Glyphosate, pratiqués depuis des mois, tout le monde aurait du glyphosate dans ses urines. Résultats en main, ces citoyens de tous horizons et quelques élus, tous "pisseurs volontaires" comme ils se sont baptisés, multiplient les plaintes pour mise en danger de la vie d'autrui, tromperie aggravée, atteintes à l'environnement.
Le seuil autorisé dans l’eau potable en France est de 0,1 ng/ml. Certains pisseurs affichent un taux de glyphosate dans leurs urines jusqu’à 35 fois supérieur. 15 fois pour la moyenne des personnes testées.
Des chiffres qui font bondir les agriculteurs de la FNSEA qui a leur tour, en Vendée, dans le Sud-Ouest, en Bretagne ou encore Normandie, ont décidé de pratiquer leurs propres tests d’urine. Les cobayes sont, selon le syndicat agricole, éleveurs ou agriculteurs, bio ou conventionnels, utilisateurs ou non-utilisateurs de glyphosate.
Et leurs résultats sont diamétralement opposés. Le taux de glyphosate dans leurs urines est inférieur au seuil de détection du laboratoire fixé à 0,5 ng/ml. Autrement dit, zéro trace de glyphosate. Alors comment des agriculteurs conventionnels qui manipulent en permanence des produits phytosanitaires peuvent-ils présenter des taux de glyphosates très inférieurs à ceux des pisseurs ?On veut remettre de la science dans le dossier glyphosate, parce que là on est un peu dans l’hystérie totale.
Xavier Hay, secrétaire général FDSEA 14
Deux labos, deux tests
Les analyses d’urine des agriculteurs testeurs sont analysées par le CHU de Limoges. Celles des pisseurs par le laboratoire allemand BioCheck. Deux journalistes du Mensuel du Morbihan ont voulu tester la méthode de chacun d’entre eux. Ils ont soumis leur urine aux deux laboratoires, en respectant les protocoles requis par ces derniers.Et là aussi, les résultats sont édifiants. Chez BioCheck, leur taux de glyphosate atteint respectivement 0,90 et 2,48 ng/m. Pour le laboratoire du CHU de Limoges, nos deux confrères sont au-dessous du seuil de détection. Les deux labos utilisent en effet des analyses différentes. Le CHU de Limoges privilégie la chromatographie couplée à la spectrométrie de masse, quand BioCheck applique la méthode Elisa, qui se sert de la spécificité des anticorps pour détecter des molécules. C’est une bataille d’experts qui s’est engagé.
Un article rapidement pointé du doigt par les collectifs de pisseurs. Du côté des agriculteurs, la FDSEA de Vendée a lancé l’idée d’un test commun. "Nous proposons de prendre à témoin tous ceux qui font des analyses à droite et à gauche. Faisons ensemble le même jour des analyses, on l'envoie dans le même laboratoire, et on verra !" déclarait il y a quelques jours à France Bleu son vice-président Joël Limouzin, également président de la chambre d'agriculture du département.