Comment déceler précisément la présence de glyphosate dans les urines ? Depuis l'an dernier, agriculteurs et citoyens font analyser leurs urines avec des résultats contradictoires en fonction de la méthode utilisée.

Le glyphosate contamine-t-il les urines de tous les Français ?

De janvier à juin 2019, les membres du collectif Glyphosate 21 de Côte d'or pensaient l'avoir prouvé.
Toutes les personnes ayant participé aux analyses d'urine ont en effet révélé des taux allant de 0,11 à 3,25 ug/ml avec une moyenne située au-dessus des 1 ug/ml
 

Choqués par de tels résultats, 58 personnes ont porté plainte le 3 avril 2019 et 57 autres, le 3 juillet 2019 afin de dénoncer ce q'ils considèrent comme un problème de santé publique.

Dans toute la France, les collectifs menant des campagnes de prélèvements arrivaient aux mêmes résultats : tous les Français, qu'ils mangent bio ou non, qu'ils boivent l'eau du robinet ou non, qu'ils habitent près de champs traités ou non, avaient du glyphosate dans les urines, à des doses plus ou moins élevés.

Les collectifs demandaient des études multifactorielles plus poussées.
 

Problème : des agriculteurs, utilisateurs de glyphosate et membres de la FDSEA, ont aussi fait tester leurs urines dans le Calvados et le Morbihan.
Aucune trace n'a été détectée par le CHU de Limoges.

18 analyses sont revenues, toutes négatives.
 

Polémique

Comment expliquer que des agriculteurs en contact direct avec le produit puissent être indemnes de toutes traces de glyphosate ?
  • La méthode d'analyse par chromophotographie mesure directement le glyphosate présent dans l'urine mais ne détecte pas sa présence sous un taux de 0,4 ug/ml.
 
  • Le procédé utilisé par les collectifs citoyens qui se sont rebaptisés "pisseurs involontaires" est nommé ELISA.Il peut détecter des taux plus bas mais ne mesure pas directement le glyphosate mais les anticorps produits par réaction. Elle est pratiquée par un laboratoire allemand basé à Liepzig.
En France, les deux méthodes d'analyses sont reconnues comme efficaces.

De l'avis de Frédéric Lirussi, toxicologue au CHU de Dijon, il est impossible de comparer des prélévements réalisés sur des personnes, dans des lieux et dans des conditions différentes.
Il précise : "les conditions de prélévement, le type de flaconnage, le type de conditionnement, le temps pendant lequel la personne s'est retenu d'uriner peuvent interférer grandement sur le résultat."

A titre d'exemple, les "pisseurs involontaires" donnaient pour consigne de se retenir d'uriner pendant au moins 6H avant le prélèvement; une instruction qui n'a pas été donnée aux agriculteurs qui ont fait le test par chromophotographie selon leurs dires.
 

Un reportage de Gabriel Talon, Christophe Gaillard, Rachel Nectoux et Emmanuel Picaut 

Intervenants
  • Geoffroy De Lesquen et Xavier Hay , agriculteurs membres de la FDSEA du Calvados
  • Yves Galli, membre du collectif glyphosate 21
  • Frédéric Lirussi, toxicologue au CHU de Dijon

 
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