Les Kurdes ont manifesté la nuit dernière à Strasbourg, notamment devant France 3 Alsace. A Mulhouse, ils ont entamé une grève de la faim en soutien à Kobané, la ville kurde de Syrie qui subit depuis trois semaines les attaques aux armes lourdes des djihadistes du groupe Etat Islamique.
Reportage Stéphanie Mallauran, Nicolas Meyer et Amin Ahmed - Interviews de : Hanim Can, présidente du centre culturel kurde - Sarcry Simsek, Secrétaire association culturelle des ouvriers turcs de France
Point de la situation sur place ce mardi (AFP)
Des combats de rue opposaient mardi les forces kurdes aux jihadistes dans plusieurs quartiers de Kobané, la ville syrienne en passe de tomber
aux mains du groupe Etat islamique (EI) malgré les frappes de la coalition jugées insuffisantes par les Kurdes.
Trois semaines après avoir lancé leur offensive sur Kobané (Aïn al-Arab en arabe), les jihadistes de l'EI ont réussi à entrer dans cette ville stratégique kurde à la frontière de la Turquie. Ils ont d'abord pris lundi trois quartiers de l'est avant d'étendre mardi les combats au sud et de l'ouest face à des combattants kurdes moins nombreux et moins bien armés qu'eux. Il s'agit désormais d'"une guérilla urbaine", a précisé le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
Les avions de la coalition dirigée par les Etats-Unis ont de nouveau frappé mardi matin des positions tenues par l'EI dans le sud-ouest de Kobané, selon une journaliste de l'AFP positionnée à la frontière turque toute proche.
S'ils réussissaient à conquérir entièrement Kobané, la troisième ville kurde de Syrie, les jihadistes s'assureraient le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.
La ville a été vidée ces dernières semaines de la majorité de ses habitants, qui craignent les représailles des jihadistes qui sèment la terreur dans les régions sous leur contrôle en Syrie mais aussi en Irak, où ils commettent viols, des exécutions et persécutions.
"Jusqu'au dernier" Kurde
Un militant contacté par l'AFP, Mustafa Ebdi, a confirmé que des avions de coalition avaient frappé dans la nuit des positions de l'EI. Mais, a-t-il souligné, ces bombardements ont eu peu d'impact sur l'avancée des jihadistes, qui ont planté les drapeaux noirs de l'EI à une centaine de mètres à l'est et au sud-est de Kobané.
Néanmoins, a-t-il dit, "les combattants kurdes restent optimistes. Ils ne possèdent que des armes légères mais ils connaissent la géographie de Kobané par coeur. Ils défendront leur ville jusqu'au dernier d'entre eux". La ville est défendue par les Unités de protection du peuple kurde (YPG), la principale milice kurde syrienne. Un responsable kurde Idriss Nahsen a aussi déploré que les raids "soient insuffisants pour battre les terroristes au sol", réclamant "armes et munitions".
Dimanche, pour tenter de repousser les assauts jihadistes qui assiègent la ville, une combattante de 20 ans avait mené un attentat suicide contre l'EI à la limite est, provoquant la mort de "dizaines" de jihadistes, selon des sources kurdes. Il s'agit de la première kamikaze kurde recensée depuis le début des violences en Syrie en mars 2011. "Si nécessaire, tous les combattants des YPG suivront son exemple", a averti son mouvement.
L'exode continue
Lancée le 16 septembre, l'offensive de l'EI pour prendre Kobané a déjà fait des centaines de morts dans les deux camps et poussé à la fuite quelque 300.000 habitants, dont 180.000 ont trouvé refuge en Turquie. L'EI a réussi à s'emparer de près de 70 villages sur le chemin de Kobané. Selon un responsable local de Suruc, la ville turque la plus proche de Kobané, quelque 700 personnes ont franchi dans la nuit la frontière pour se réfugier en Turquie, aussi bien des civils que des combattants des YPG.
Kobané comptait avant la guerre en Syrie déclenchée en mars 2011, quelque 70.000 habitants mais un nombre égal de personnes s'y étaient réfugiées ces dernières années.