Après la sortie de son nouvel ouvrage, l'avocat de Nordahl Lelandais, Alain Jakubowicz, était l'invité de France 3 Alpes vendredi 22 novembre. Sur notre plateau, il a évoqué son rôle de défenseur auprès du tueur présumé de la petite Maëlys et du caporal Noyer.
Au centre du dernier livre d'Alain Jakubowicz "Soit je gagne, soit j'apprends", il y a sa vision du métier d'avocat, basée sur "l'humain", son amour du droit pénal mais surtout, sa vision de l'affaire Lelandais dans laquelle il représente le tueur présumé de la petite Maëlys. L'avocat, qui a défendu des victimes ou leur famille dans de grands procès tels que celui de Klaus Barbie ou la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc, se retrouve cette fois du côté de la défense.
Invité de France 3 Alpes, Alain Jakubowicz a répondu au "choc" suscité par son choix de représenter Nordahl Lelandais, mis en cause dans le meurtre de la petite Maëlys en Isère et l'assassinat du caporal Arthur Noyer. "Je suis pleinement avocat, dans la défense de Nordahl Lelandais comme dans la défense de familles de victimes. (...) Lorsque je suis dans une défense, c'est elle qui est importante, celle de l'instant, quand je suis au côté de la personne qui m'a chargée de la défense de ses intérêts, ce qui est toujours un grand honneur pour l'avocat", a-t-il clairement affirmé.
"La robe est la même", a ajouté Alain Jakubowicz sur notre plateau, reconnaissant que la gestion de ce dossier "n'est pas un long fleuve tranquille". Lorsqu'il décrit sa relation avec son client, l'avocat nie éprouver de la "sympathie" mais parle "relation humaine". "Même si ça choque, je considère qu'aucun homme n'est un monstre même s'il peut commettre des actes monstrueux, a-t-il estimé. Je sais faire la part des choses, je rappelle constamment que l'avocat n'est pas son client, que le client n'est pas l'avocat et que sous la robe, il y a un Homme."
"La justice est faite par des Hommes, pour des Hommes"
Un dossier qu'il récupère par hasard, sans trop hésiter, laisse-t-il entendre dans son livre. Non sans nier une part d'ego : "Et si le destin m'avait amené LE dossier dont rêve tout avocat ? Celui qui permet de faire éclater l'innocence d’un individu que tout accable". Lelandais clamait alors son innocence, avant d'avouer, quelques temps plus tard, être responsable de la mort de Maëlys, évoquant un acte "accidentel". "La tristesse l'emportait sur la fureur, je me sentais subitement seul", raconte encore Alain Jakubowicz dans son ouvrage.
Quelques mois plus tard, Lelandais confesse son implication dans la mort d'Arthur Noyer. Tout un procédé, "sans doute impossibles sans le travail entrepris avec les psychologues et les psychiatres du Vinatier", que son conseil raconte sans fausse pudeur ni tabou. Et toute cette affaire représente, pour lui, une nouvelle étape après 43 ans de métier : "Pour moi, on n'est pleinement avocat que lorsqu'on a connu l'émotion de l'attente d'un verdict du côté de l'accusé, mais également du côté des familles de victimes parce que la justice est faite par des Hommes, pour des Hommes."
Parmi les difficultés du dossier Lelandais, Alain Jakubowicz pointe l'implication d'une "certaine presse" qu'il accuse de "diffuser de fausses informations" et "faire de l'argent sur des affaires criminelles" telles que cette dernière. Celui qui a souvent plaidé dans des procès médiatiques critique cette vision qui "déséquilibre les choses" aux yeux du public. Ce qui n'empêche pas l'avocat d'aller "chez l'adversaire" pour se faire entendre.
Très critique envers les chaînes d'information en continu, Alain Jakubowicz a malgré tout été l'invité de BFMTV où il a fait la promotion de son livre. "Je suis allé sur des chaînes de télévision en continu pour dénoncer leur façon de faire parce que ce serait trop commode d'aller le faire sur les chaînes concurrentes", se défend-il. Ces sentiments qui, au début de l'affaire, l’avaient poussé à s’indigner avec force sur le plateau de cette même chaîne.
Une indignation que l'avocat dit ne pas regretter, persuadé alors que les éléments du dossier sur l'heure de disparition de Maëlys lui donnaient raison. Toujours à l'état d'instruction, l'affaire sera jugée devant la cour d'assises de l'Isère au premier semestre 2020.