Une ex-compagne de Nordahl Lelandais se confie sur la personnalité du meurtrier présumé de la petite Maëlys. Un homme qui lui inspirait "la terreur" alors qu'il l'a "traquée" plusieurs mois après leur rupture.
Une ancienne compagne de Nordahl Lelandais sort du silence. La jeune femme a partagé sa vie pendant plus d'un an, jusqu'en décembre 2016, quelques mois avant sa mise en examen dans l'affaire Maëlys. Juste avant que l'ancien maître-chien passe aux aveux pour le meurtre de la fillette en Isère et qu'il soit mis en cause dans l'assassinat du caporal Noyer.
Ses aveux ont profondément heurté le jeune femme : "Pour moi c'était juste un harceleur de femmes, c'était impensable. Le choc émotionnel a été grand, il y a eu l'envie de vomir, je me suis recroquevillée sur moi... Ca va faire deux ans que je suis seule au monde."
Celle qui a partagé la vie de Lelandais pendant un an dans une relation "assez fusionnelle" décrit un homme "plutôt froid" qui ne "rigolait pas beaucoup" et qui avait "envie de créer la terreur". "C'est un coléreux, quelqu'un qui s'emportait beaucoup, qui pouvait avoir facilement envie de se battre, qui était extrêmement jaloux", raconte-t-elle.
"Il voulait me montrer qu'il y aurait des représailles"
Confronté à ses réactions "disproportionnées", Nordahl Lelandais confesse à sa compagne être "toujours traumatisé par l'armée" et souffrir d'"angoisses". Face à un conjoint instable, infidèle et cocaïnomane, la jeune femme met un terme à leur relation en décembre 2016. Une rupture qu'il n'aurait pas supporté.
Le meurtrier présumé de la petite Maëlys dévoile alors une autre face de sa personnalité, commençant à "traquer" la jeune femme : "C'était du harcèlement. Je le croisais en voiture, pendant mon footing, quand j'allais me promener il me laissait des signes de sa présence, il venait la nuit chez moi pour voir si j'y suis..."
Le harcèlement se poursuit jusqu'à une terrifiante rencontre dans les bois en avril 2017. Alors qu'elle croise son ex-compagnon en promenant ses chiens, elle ne peut pas l'éviter et décide de continuer son chemin, pensant qu'il allait la frapper. Mais rien ne s'est produit avant qu'elle se retourne et aperçoive "une tronçonneuse accrochée dans son dos". "Il ne pouvait pas me prendre directement parce-que tout le monde aurait su que c'était lui, mais il voulait me montrer combien il était furieux et combien il y aurait des représailles", estime-t-elle.
La gendarmerie en cause ?
Pendant cette période, la jeune femme dit être allée quatre fois à la gendarmerie sans être "prise au sérieux". "Le pire, c'est que je ne peux rien prouver : il n'y a pas d'appel téléphonique, il ne me tape pas mais il me tourne autour, je le vois tous les jours, il rode et il me met la pression. Je suis piégée à ce moment."
Et quelques mois plus tard, le drame est évité de peu. Au volant de son véhicule, l'ex-compagne de Lelandais dit l'avoir aperçu se déporter sur sa voie et foncer droit sur elle. "Pour éviter le choc frontal, je devais donner un coup de volant mais c'est un réflexe que je n'ai pas eu. Alors j'ai fermé les yeux en attendant que ça tape mais il a fini par se déporter."
Une énième fois, elle se rend à la gendarmerie pour porter plainte, mais elle croise son ancien conjoint qui sort tout juste du bâtiment. Il venait de livrer sa propre version aux forces de l'ordre qui refusent de prendre sa plainte, selon elle. En insistant et pleurant devant les gendarmes, ces derniers finissent par la recevoir, "mais ils ne m'ont posé aucune question pour me laisser expliquer a version. Et en sortant, l'un d'eux m'a demandé d'arrêter de le provoquer (...) Non seulement on ne m'a pas aidée mais en plus on m'a accusée."
A peine plus d'un mois après l'incident, Nordahl Lelandais était entendu dans l'enquête sur la disparition de la petite Maëlys. Son ancienne compagne mettra deux ans à sortir du silence : "Je ne voulais pas exprimer ma souffrance face à des gens qui en ont beaucoup plus, des familles qui ont vécu le pire. Je n'avais pas envie de les heurter avec mon histoire".
Le 14 octobre, l'avocat de la jeune femme Me Ronald Gallo nous confiait la volonté de sa cliente de porter plainte contre le gendarme qui l'a entendue après l'incident en voiture contre Lelandais. "C'est un comportement préjudiciable en premier lieu à ma cliente", avait-il déclaré. Le service communication de la gendarmerie n'a pas souhaité s'exprimer.
Une interview diffusée dans "Envoyé spécial" le 24 octobre 2019.