Dans l'Ain, saison après saison, le scolyte grappille du terrain. Naturellement présent dans la nature, l'insecte cause des dégâts considérables dans nos forêts. Notre région n’est pas épargnée par sa présence, il a décimé la quasi-totalité d’une parcelle de résineux à Saint-Rambert-en-Bugey.
Des épicéas à perte de vue, à Saint-Rambert-en-Bugey, la forêt communale d’altitude est emblématique. La forêt de pente entre coteaux et plateaux constitue un poumon vert dans la région. Cependant bon nombre de résineux sont à bout de souffle. Le scolyte dévore année après année toujours plus d'arbres.
Des dégâts visibles
Grâce au drone de L’Office National des Forêts, Gilbert Bouchon, le maire (sans étiquette) de Saint-Rambert-en-Bugey constate l’avancée inéluctable de l'insecte ravageur.
"On voit toute la forêt saine, lui montre Clément Malin, technicien forestier territorial, les 30 hectares..." puis il dirige son doigt sur l'écran et désigne " et ici, on a un foyer de scolytes".
Pour l'expert aucun doute, vue d'en haut, la cime des arbres apparaît bien roussie.
L'insecte est petit, entre 2 à 7 millimètres mais son passage a décimé 90 % d’une parcelle d’épicéas.
Une fois sur place, l'édile et le technicien vérifient les dégâts. "Quand on s'approche, il y a des coulées de sève qui sont ici, indique Clément Malin, et on voit des petits trous partout avec de la sciure".
Une forêt en crise sanitaire depuis 3 ans
Les scolytes sont présents par milliers dans un seul arbre. Les épicéas sont trop secs pour lutter.
"En creusant les galeries, l'insecte coupe les canaux de transfert, donc les veines de l'arbre, explique le technicien. La sève ne peut plus monter dans l'arbre et l'arbre sèche sur pied."
"Depuis que l'on a les sécheresses et canicules répétitives, détaille l'expert forestier, nous avons des peuplements d'épicéas qui stressent à cause du manque d'eau pendant la saison estivale. Nous avons une mortalité annuelle, donc ce n'est pas toute la forêt qui meurt d'un coup, ce n'est pas comme un gros coup de vent où des milliers d'arbres sont à terre, mais depuis 2019, on remarque des attaques de scolytes."
Un manque à gagner
Ces épicéas étaient destinés au bois de charpente. Désormais, ils seront utilisés pour du bois de chauffage ou de la palette, donc vendus 2 fois moins cher.
Gilbert Bouchon redoute un impact économique à plus long terme. "Tout le massif n'est pas concerné mais comment est-ce que ça s'arrêtera ? C'est une première question, dit-il. Est-ce qu'il faudra effectuer des coupes préventives ? Et après, comment on replante, avec quelles essences ? C’est aussi un investissement important pour la commune". Autant d'interrogations qui en disent long sur l'inquiétude du maire face au nuisible
Au mois d’août, 5 hectares d'épicéas seront abattus. La première coupe d’urgence dans l’histoire de cette forêt communale.