Avec le réchauffement climatique, nos forêts souffrent. Au manque d'eau criant s'ajoutent les épidémies d'insectes ravageurs. C'est le cas dans l'Ain, les forêts d'épicéa sont envahies par le scolyte, un petit coléoptère qui coupe la circulation de la sève et provoque la mort prématurée des arbres.
La forêt d'épicéa de l'Ain est en pleine crise sanitaire. Au milieu des arbres encore bien verts, les épicéas sont complètement desséchés. Tous ont subi l'attaque foudroyante du scolyte, un petit coléoptère dévoreur de sève.
Le scolyte, la double peine
Une plaque d'écorce en main, Eric Hell, technicien au Centre National de la Propriété Forestière, montre l'ampleur des dégâts. "On voit bien les galeries maternelles où la femelle dépose ses œufs qui vont devenir des larves". Ces dernières creusent de manière perpendiculaire aux galeries existantes, ce qui va empêcher la sève de monter et provoquer très rapidement la mort de l'arbre.
Une fois touché, l'épicéa n'a plus aucune chance. Il meurt en seulement 3 à 6 semaines. Si les épidémies de scolytes ont toujours existé, elles sont beaucoup plus virulentes depuis quelques années.
Le scolyte a besoin de chaleur pour se développer. Avec le réchauffement climatique, on le trouve de plus en plus haut en altitude et il se réveille de plus en plus tôt dans la saison et s'endort de plus en plus tard.
Eric Hell,Centre National de la Propriété Forestière
Autrefois, il y avait une génération de scolytes par an. Maintenant, il y en a deux voire trois, ce qui provoque des dégâts en proportion. L'insecte sort de son hibernation lorsqu'il fait aux environs de 18°C pendant trois à quatre jours, une température de juin il y a peu, mais que l'on rencontre à présent dès le mois de mars. Il va ensuite coloniser les arbres fragilisés.
Le faciès des forêts va changer
"En période normale, un arbre en pleine forme arrive à résister à ces attaques. La montée de sève est forte et il va faire de la résine. Quand les insectes vont piquer, ils vont être englués. Aujourd'hui, les arbres sont très affaiblis par les fortes températures et ils n'arrivent plus à engluer les insectes" déplore le technicien. Il n'existe à ce jour ni remède, ni prédateur.
Un fléau qu'on retrouve dans tout le département de l'Ain. Et le chiffre donne le vertige. L'ONF estime que 70 % de ces arbres de l'Ain sont en train de dépérir. Un impact qui reste faible sur l'ensemble de la surface boisée, car ils ne représentent que 1 % des forêts publiques aindinoises.
Dans les forêts typiques des montagnes du département, on est sur des peuplements, sapins, épicéas accompagnés de hêtres. Ce qui est sûr, c'est que ces essences vont disparaitre et que d'autres vont arriver soit naturellement, soit avec des plantations.
Vincent GonodOffice National des Forêts
Désormais, à côté des sapins typiques de l'Ain, pins, érables de Montpellier ou encore tilleuls sont donc plantés. Plus résistantes au manque d'eau, ces espèces méditerranéennes sont également insensibles aux épidémies de scolytes. Seule solution pour sauvegarder cette forêt en danger.