Allier : comment la viande auvergnate entend conquérir le marché chinois

Ouvertes depuis 2018, les exportations de viande française vers la Chine ont démarré timidement. A Montluçon dans l'Allier, une des cinq entreprises françaises agréées par les autorités chinoises va envoyer sa première commande prochainement. La filière veut saisir cette opportunité.

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Pour Hervé Puigrenier, ce mois de juin 2019 va marquer une grande première : il va expédier sa première commande de viande française vers la Chine. Son entreprise de 450 salariés basée à Montluçon (Allier), fait partie des cinq sociétés françaises qui ont obtenu un agrément pour exporter la viande française vers ce pays. Après 17 ans d’embargo pour cause de crise de la vache folle, le chef d’entreprise a vu dans l’ouverture du marché chinois une véritable opportunité. 

“Aujourd’hui, la nourriture française en général a plutôt bonne cote en Chine donc on a fait tout un travail de fond sur ce sujet depuis au moins 5 ans. L’interprofession a fait un gros travail. Il y a également eu une volonté politique très importante : ce sont des discussions entre le président Macron et son homologue chinois qui ont permis d’autoriser à nouveau la viande française à partir de 2018.”

6 tonnes en un an

Pour l’instant, les exportations restent timides. Selon la Fédération nationale bovine (FNB), en un an, seules 6 tonnes de viande bovine française ont pris la direction de la Chine. Les éleveurs, qui voient dans cette ouverture une “opportunité de création de valeur dans un secteur en proie à de grandes difficultés” aimeraient que les choses aillent plus vite. Mais pour Hervé Puigrenier, il s’agit simplement d’une lenteur au démarrage.

“C'est un long travail d'investissement : nous avons été sur place au moins 4 fois rien que l'année dernière. On était à Pékin il y a 15 jours, on va y retourner début juillet. On a fait trois salons là-bas. On a signé des contrats. On a des contraintes techniques et administratives assez fortes mais quand ça va se lancer, ça va se lancer. Je suis assez confiant."

Bien faire les choses et ne pas brûler les étapes

En plus de ces allers-retours, Hervé Puigrenier a également engagé une directrice export chinoise, preuve qu’il compte bien développer son activité sur ce marché. “On en a besoin car le contexte national est compliqué. Ces exportations seraient un bon message pour les éleveurs et pour la viande française mais il faut bien faire les choses et ne pas brûler les étapes.” La stratégie chinoise de l’entreprise va se focaliser sur la qualité : “nous allons plutôt exporter de la viande haut de gamme, des races à viande, génisses ou charolaises.”

A l’échelle nationale, l'interprofession de la viande visait initialement un objectif de 30.000 tonnes par an. On en est encore très loin, mais la France pourrait profiter de la déconvenue d’un concurrent : le Brésil, dont les exportations vers la Chine ont été suspendues lundi 3 juin après la découverte d'un cas d'encéphalopathie spongiforme bovine sur une vache de la région du Matto Grosso.
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