Les chênes de la célèbre forêt de Tronçais sont bien mal en point. La forêt dépérit peu à peu, en raison du changement climatique. Une cellule de crise est mise en place à l’Office National des Forêts pour sauver ce qui peut l’être et diversifier la forêt.
Un été frais et pluvieux ferait presque oublier la sécheresse et les fortes températures de ces dernières années. Mais, en cet automne, les agents de l’Office National des Forêts (ONF) sont en cellule de crise. Les chênes centenaires de la forêt de Tronçais souffrent, alerte Julien Patzourenkoff, responsable de l’unité territoriale de Tronçais : « Comme on peut le voir, les cimes sont très claires et on voit beaucoup de mortalité de branches. Ce n’est pas l’automne qui s’installe. Il y a un mois, ces arbres étaient comme ça. Ils ont été impactés par 3 ans de sécheresse et de canicule en 2018, 2019 et 2020, ce qui a créé beaucoup de mortalité. Tout doucement, ces arbres s’affaiblissent. Certains meurent. »
Des bois rares
Plantés en 1670, sur l’équivalent de la surface de la ville de Paris, les chênes devaient servir pour la construction navale. Aujourd’hui, le bois de Tronçais est vendu pour fabriquer les tonneaux où vont vieillir les grands crus.
Un trésor surveillé de très près par l’Office National De Forêt et par Claire Quinoes, responsable commerciale bois à la direction Centre-Ouest-Aquitaine de l’ONF : « Nos prédécesseurs forestiers, pendant des générations, ont sélectionné les arbres pour en faire les arbres les plus beaux, les plus droits, de la meilleure qualité qui soit. Notre objectif est de valoriser ce travail et de ne pas le perdre. Quand l’arbre commence à s’affaiblir, il est attaqué par des cortèges d’insectes. Les larves creusent de petites galeries dans le bois et, assez rapidement, on a une dépréciation du bois. »
Une forêt plus variée
Sur certaines parcelle, la forêt se régénère naturellement. Les petits chênes seront sans doute plus résistants à la sécheresse et à la chaleur. De nouvelles espèces sont aussi introduites, comme le chêne vert, adapté au climat méditerranéen. Samuel Autissier, directeur de l’agence territoriale Berry-Bourbonnais, explique : « La forêt de demain sera probablement beaucoup plus diversifiée qu’elle ne l’est aujourd’hui. On a l’espoir que ça reste une forêt de chênes mais avec de la végétation d’accompagnement et des espèces différentes associées au chêne. On aime appeler ça une forêt mosaïque, avec des espèces plus diversifiées et des modes de gestion diversifiés. Cette diversité donne l’assurance qu’en cas d’accident climatique, au moins une espèce ou un mode de gestion sera préservé. » Cinq ans après un premier état des lieux, un nouveau diagnostic sanitaire sera réalisé avant l’été prochain, pour mesurer l’ampleur du dépérissement de la forêt.