En quelques années, internet et les smartphones ont transformé en profondeur notre société. Aujourd'hui la plupart d'entre nous vivent en hyper-connexion. Au point que certaines personnes souhaitent pouvoir se déconnecter. Enquête dans le Puy-de-Dôme, le Cantal et l’Allier.

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Souvenez-vous. C’était en 1972 : la naissance du premier e-mail. Dans les années 90, les futurs grands opérateurs du web voient le jour. Une dizaine d'années plus tard, apparaissent smartphones et tablettes. Aujourd'hui le numériques est partout, la révolution digitale est une réalité, et nous sommes loin d'imaginer où cela va nous mener.
Cette omniprésence des écrans est, pour certaines personnes, problématique. Elle est traitée comme une addiction par des spécialistes au CHU de Clermont-Ferrand.
 

L’individu n’arrive plus à gérer sa consommation d’alcool, de cocaïne, d’héroïne, son temps passé devant un écran



Alex a 36 ans. Accro aux nouvelles technologies depuis l'âge de 15 ans, il consulte aujourd'hui régulièrement un psychiatre pour l'aider à gérer une consommation de numérique et d'écrans excessive, compulsive, maladive.
« Je ne le lâche pas (NDLR : son portable), je le regarde. Des fois je l’allume même s’il n’a pas sonné pour voir si j’ai loupé un message ou un appel… sinon je vais sur Facebook pour voir ce qui se passe. Ce qui me fait souffrir c’est surtout quand je ne l’ai pas », confie-t-il.
Les patients comme Alex sont de plus en plus nombreux. Ils arrivent souvent dans ce service de psychiatrie pour un autre problème de dépendance (alcool ou stupéfiant).
L'addiction se révèle souvent plurielle. Elle fonctionne toujours de la même façon.
« Une addiction peut être définie par un certain nombre de critères. Les 2 critères principaux sont, d’une part, la perte de contrôle du rapport qu’on a ou avec le produit ou avec le comportement. Une perte de contrôle permanente, répétée. L’individu n’arrive plus à gérer sa consommation d’alcool, de cocaïne, d’héroïne, son temps passé devant un écran », explique le Professeur George Brousse, Psychiatre - pôle de référence addictologie au CHU de Clermont-Ferrand. Et de poursuivre : « Souvent, on prend des produits ou des comportements pour se soulager, pour se faire plaisir. Se soulager et se faire plaisir est un comportement totalement humain ». Selon lui, cette consommation d’écrans permet de répondre à une certaine dépression d’individus qui ont du mal à nouer des liens sociaux.

Les zones blanches en Auvergne : un atout pour attirer les personnes en mal de déconnexion ? Un marché de niche qui existe déjà dans le Cantal.
Comme dans cette ancienne bâtisse de pierre sur le plateau de Trizac dans le pays gentiane, dans le Cantal.
A 1.300 mètres d'altitude, le buron de la Seppe, où l'on fabriquait du fromage, est aujourd'hui un gîte coquet qui s'apprête à ouvrir pour la saison.
Il affiche déjà presque complet pour l'année malgré l'absence de réseau téléphonique et d'internet.

« Les gens sont au courant qu’il n’y a pas de réseau. C’est en général de leur plein gré qu’ils choisissent un lieu de résidence pour leur séjour dans lequel il n’y a pas ni internet, ni réseau téléphonique », indique Denis Montheil agriculteur  et propriétaire du gîte.
Un seul type de public semble toutefois réfractaire à ce genre de séjour déconnecté : les adolescents. « J’ai vu des familles dans lesquelles la semaine a été un petit peu difficile où il y a eu des tensions entre les parents et les enfants. Les enfants avaient vu ce séjour comme une punition », raconte, Denis Montheil.

 

A 23 heures, je regarde encore mes mails 




Les Célestins à Vichy : un hôtel 5 étoiles avec le plus grand SPA d'Europe. A leur arrivée, certains clients passent par la salle des coffres.
C'est de cette manière que commence une cure baptisée digital détox. Pour se déconnecter, certaines personnes sont prêtes à débourser plus de 1.000 euros pour 3 jours. Le séjour digital détox existe depuis 4 ans. Un produit très spécialisé, qui ne concerne qu'une vingtaine de personnes par an. Un marché de niche qui pourrait se développer.

« On s’est rendu compte de cette addiction au numérique en observant des personnes venues ici extrêmement stressées, qui disaient « Je n’en peux plus ». En creusant un petit peu, on s’est rendu compte qu’il ne s’agissait pas que de stress de personnes habitant dans des grandes villes. Certaines personnes disaient « A 23 heures je regarde encore mes mails et si je ne réponds pas à mon patron le week-end ça ne va pas. Et même moi, si je n’ai pas à répondre j’ai envie de le faire. Je n’arrive plus à me déconnecter » », explique Anne Leroux, Directrice du SPA des Célestins

Les clients sont principalement des cadres, des chefs d'entreprises. Des personnes qui ont une très forte autonomie dans la gestion de leur temps de travail.
 

Le numérique à l'origine de certaines pathologies ?



Pour les médecins, le numérique serait à l'origine de certaines pathologies. « Quelqu’un qui reçoit entre 300 et 400 mails par jour travaille de manière permanente. On a de plus en plus de personnes qui ont des symptômes dépressifs, des symptômes d’anxiété, voire des choses plus graves comme par exemple des maladies cardio-vasculaires », reconnaît le Professeur Frédéric Dutheil, chef du service santé, travail et environnement au CHU de Clermont-Ferrand.

Le monde digital a aussi créé des exclus. Dans le Parc naturel régional du Livradois-Forez, des personnes sont venues chercher refuge depuis quelques années, dans cette moyenne montagne entre Clermont-Ferrand et Saint-Etienne.

Des électro-sensibles qui veulent se protéger du monde digital et de l'électrosmog qui l'accompagne. Un brouillard électrique, un nuage d'ondes invisibles, qui les empêcherait de vivre normalement.
Dans un rapport publié le 27 mars 2018, l'ANSES, l'agence nationale de sécurité sanitaire reconnaît des symptômes réels pour les personnes électro-sensibles, même s'ils restent pour l'instant inexpliqués. 5% de la population, serait concernée, à des degrés divers, soit un peu plus de 3 millions de Français.

« J’ai très rapidement associé la présence d’antenne, de wifi, de téléphone portable à des douleurs extrêmement violentes dans le crâne qui induisaient de fausses angines, de fausses grippes et des vraies sinusites, des nausées, des contractions musculaires très importantes et assez rapidement des pertes de motricité », relate Diane, électro-sensible.
Les électro-sensibles se sentent aujourd'hui de plus en plus abandonnés par la société. Leurs refuges disparaissent, petit à petit, au cœur de montagnes isolées... mais de plus en plus connectées.

 
 
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