La commune ardéchoise de Saint-Péray a converti 100 hectares de terrain constructibles en zone agricole pour privilégier la production locale et les circuits courts.
En 2018, la commune de Saint-Péray en Ardèche fait le choix de convertir 100 hectares de terrains constructibles en zone maraichère et agricole. Un choix audacieux face à une pression foncière forte. La vallée du Rhône est très attractive et les alentours de Saint-Péray sont très urbanisés. Renoncer à transformer ces parcelles en zones commerciales et résidentielles est un pari d'avenir pour Jacques Dubay, le maire (SE) de la commune.
"On avait acté le projet pour les élections municipales de 2014 mais ça a été une obligation pour nous d'expliquer la démarche, de convaincre pour faire en sorte que, dans le cadre de la révision du PLU, le projet du conseil municipal soit intégré et compris par l'ensemble de la population et des propriétaires qui se sont vus un peu bousculés dans ce qui était prévu".
2 ans de loyer offerts
L'objectif est d'accueillir des agriculteurs et de favoriser les circuits courts. La commune a eu recours au commodat. Appelé aussi «prêt à usage», il consiste à prêter à une personne physique (particulier) ou morale (entreprise), un bien pendant une durée déterminée, dans des conditions définies par les parties. Un bail agricole classique est ensuite signé avec, comme particularité ici, une absence de loyer pendant 2 ans. "Ainsi nous préservons les espaces et faisons le pari de l'économie locale, d'installer des gens et de créer de l'emploi", poursuit l'édile. "Habituellement, les terres agricoles sont valorisées dans les esprits mais économiquement n'ont pas les mêmes rentabilités. Quand on voit ce qui se passe autour de nous, les évolutions climatiques, ce sera, on l'espère, un pari gagnant pour nous".
Une production proche du consommateur
8 agriculteurs sont installés à ce jour. Parmi eux, le maraîcher Thomas Raoulx est convaincu par le projet. La mairie a fait le forage pour l'eau, a installé un local, acheté la clôture lui permettant ainsi d'investir dans le matériel de production. Il aurait été impossible pour l'agriculteur, installé depuis 2 ans, de payer ces équipements, en plus du coût d'un terrain de 2 hectares comme ici.
Autre atout : la proximité de la ville qui facilite la vente directe de ses produits, raccourcit les temps de transports et offre un bassin de consommateurs important. Le village est à 2 km, l'AMAP à 1 km. "Etre proche de ses clients est une chance. En plus, ici la terre est plate, riche et bien irriguée ce qui est rare en Ardèche. [...] Les conditions sont idylliques".
Hugo Vidal vient d'Annecy. Agriculteur, il a commencé par faire du woofing avant de se lancer complètement dans le maraîchage. Il a longuement muri son projet de maraîchage bio-intensif avant de postuler pour s'installer à Saint-Péray. Hugo a bénéficié des mêmes équipements que Thomas ce qui lui a permis de mener à bien son projet. L'absence de loyer a été, là aussi, primordiale.