"Il se croit tout permis", 5 élus démissionnent et dénoncent l'attitude "méprisante" du maire de la Voulte-sur-Rhône

Cinq élus à la maire de la Voulte-sur-Rhône (Ardèche) ont démissionné, ces trois derniers mois. Ils dénoncent des dysfonctionnements au sein de l'exécutif, un manque de dialogue avec le maire et du favoritisme. L'édile ardéchois se défend.

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Une tempête s'abat sur la Voulte-sur-Rhône. Il ne s'agit pas d'un épisode cévenol mais bien d'une querelle entre six élus démissionnaires et le maire de la commune ardéchoise.

Ces trois derniers mois, cinq adjoints ont démissionné de leur délégation. Ils dénoncent l'autoritarisme du maire qui ne les écouterait pas et qui prendrait des décisions unilatéralement sans appliquer les mesures votées en conseil municipal.

"Il se croit tout permis"

Jérôme Lebrat fait partie des derniers à avoir claqué la porte, lors du conseil municipal du 24 septembre. "Il était important d'informer les autres élus et les Voultains de la motivation de notre retrait de l'exécutif de la commune, c'est à cause de nombreux dysfonctionnements constatés", confie-t-il. "Mais le maire n'a eu aucune réaction, comme d'habitude. Nos voix ne sont plus entendues. Une seule personne pense et dirige dans la commune, il a une gestion personnalisée, qui ne prend pas en compte le point de vue des élus, c'est du mépris permanent", ajoute l'ancien adjoint.

Par exemple, lors du vote du budget 2024, en avril, le maire avait pris des engagements de modification d'organisation, mais le lendemain il a dit qu'il n’apporterait aucun changement, on a été désavoués.

Jérôme Lebrat

Ancien élu à la mairie de la Voulte-sur-Rhône

Hélène Lacroix, elle, est la première à avoir quitté ses fonctions en novembre 2021 après des frictions avec le maire. "J'ai démissionné après avoir été informée que le maire avait autorisé une quinzaine de personnes à dormir au château, alors que ce monument appartient aux Voultains, ce n'est pas un hôtel", s'offusque-t-elle. L'ancienne adjointe en charge du patrimoine dénonce des pratiques illégales. Elle a même saisi la procureure de la République, en janvier dernier, en vertu de l'article 40 du Code pénal, qui stipule que "tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République", pour délits de favoritisme et prise illégale d’intérêt dans deux affaires. Selon l'ancienne élue, il a aurait attribué un logement communal à son ex-femme, sans qu'elle paye de loyer, et des travaux d'un montant de plus de 100 000 euros auraient été réalisés sans appels d'offres. Une enquête est en cours. "Il se croit tout permis, il se dédouane de toute responsabilité, ce n'est jamais de sa faute et il nous monte les uns contre les autres, c'est insupportable", explique Hélène Lacroix.

"Il y a eu une erreur de casting"

Le maire, Bernard Brottes, semble confiant, et répond, sans filtre, aux accusations : "Pour l'hébergement attribué à mon ex-femme, ce n'était pas à titre gratuit, elle a fait un contrat à la mairie du 1er novembre 2022 au 1er mars 2023, elle se trouvait dans les conditions sans ressources. Elle n'est passée devant personne. Je me suis même mis caution", détaille le maire. "Le 31 mars, elle devait partir mais elle n'est pas partie donc j'ai entamé des procédures, qui sont très longues, mais elle est partie cet été". Il continue : "Pour l'histoire du château, des jeunes l'avaient loué pour une soirée de fiançailles, ils m'ont demandé s'ils pouvaient rester la nuit, j'ai accepté et je leur ai demandé de ne pas faire de bruit, ce qu'ils ont fait".

Pour lui, si ses adjoints ont démissionné, c’est une question d'incompétence : "Quand je regarde ce qu'ils font, il n'y a rien de construit, il n'y a rien de bon, il faut tout reprendre à chaque fois, c'est donc facile de dire qu'on ne peut pas parler. Je reconnais maintenant qu'il y a eu une erreur de casting", déplore le maire. "Ce n'est pas des élus qui viennent à la mairie une heure par mois qui vont me donner des leçons. Je suis là tous les jours du matin au soir", confie l'édile.

Ces élus travaillent pour avoir leur tête dans les journaux, moi je travaille pour la commune tout simplement.

Bernard Brottes

Maire de la Voulte-sur-Rhône

Des élus fidèles dénoncent une cabale à son encontre : "Il y a beaucoup d'acharnement contre lui, contre la fonction du maire et contre la personne, un maire ça se respecte, ça fait plusieurs mois qu'on lui manque de respect".

Les habitants, eux, regrettent l’image donnée par la ville : "C'est dommage parce qu'on est une belle petite ville et ça pourrait bien se passer", raconte un riverain. "Il faut une équipe municipale solide, parfois on ne s'entend pas mais il faut discuter", déclare une habitante et ancienne conseillère municipale. En 2020, les Voultains ont réélu le maire très largement. Une question reste en suspens aujourd'hui : est-ce que ces tensions et démissions au sein de la mairie impacteront la suite du mandat de l'édile ?

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