Mauvaise saison pour les producteurs de cerises. La récolte s'annonce bien maigre notamment en Ardèche. La faute au gel qui s'est abattu sur les vergers en fleurs en avril. Conséquence, les prix vont flamber. Pour déguster ces fruits de saison, il faudra débourser plus d'argent.
La récolte des cerises débute cette semaine dans la région. Mais ce millésime du printemps 2021 s'annonce bien maigre: la filière a effectivement été très durement touchée par l'épisode de gel, bref mais intense, survenu au début du mois d'avril alors que la floraison avait à peine débuté. Une floraison précoce qui inquiétait les arboriculteurs. Un gel exceptionnel qui est tombé au plus mauvais moment pour la majorité des productions fruitières. Certains comme Bernard Habauzit ont tiré leur épingle du jeu...
Des fruits rares et plus petits
Près d'Aubenas, à Vesseaux, pour Bernard Habauzit, c'est la récolte des burlats qui débute. D'ordinaire bien charnues et de belle taille, ces cerises figurent parmi les plus appréciées des consommateurs. Sur les parcelles de l'arboriculteur, les grappes rouges en nombre constituent un petit miracle. Mais cette année, faute d'un mois de mai suffisamment chaud, les cerises ne sont pas très grosses. La pluie et le froid qui ont sévi ces dernières semaines ont freiné la croissance des rares fruits. "Le manque de chaleur a un peu freiné le calibre", constate l'arboriculteur.
Quel impact sur le prix de la cerise ?
Pour ce début de cueillette, l'arboriculteur doit trier un peu. Il espère une montée en puissance d'ici fin juin au fil des variétés. Toutefois, la très faible production générale aura un impact sur les prix. Alors, les amateurs de fruits récoltés localement devront mettre la main à la poche. Les cerises ardéchoises seront plus chères. Le prix au kilo pour ces fruits de saison devrait s'établir entre 7 et 9 euros le kilo dans le quart sud-est de la France.
"C'est la difficulté, quand il manque de la marchandise, les prix sont assez élevés. On va essayer d'être à un prix raisonnable pour que tout le monde puisse manger de la cerise," rassure Bernard Habauzit qui entend privilégier le circuit court. "Il y a très peu de cerises, ce n'est pas la peine qu'elles fassent des kilomètres!" Mais le producteur attend aussi un geste de la part des consommateurs : "il faut que le consommateur fasse l'effort peut-être de la payer un peu plus cher cette année."
Un épisode de gel exceptionnel et dévastateur
Alors que certains arboriculteurs ont été victimes du gel pour la troisième année consécutive, Bernard Habauzit dit faire partie des "privilégiés". Ses récoltes de cerises ont été épargnées. Mais il ne s'explique pas pourquoi ses cerisiers ont échappé à cette calamité agricole. Ses vergers sont situés sur les hauteurs de Vesseaux. Les secteurs situés au-dessus des 600 mètres semblent avoir été épargnés par les effets du gel d'avril.
En Ardèche et en Drôme, où ce phénomène climatique a été particulièrement dévastateur, les pertes sont lourdes cette année : de 80 à 90% des fruits ont été perdus. On parle même de pertes historiques pour ces deux départements avec un montant estimé à 265 millions d'euros.
Feux, bougies, aspersion ou encore souffleurs...les producteurs de fruits rouges, pêches, abricots ou encore kiwis, n'avaient pourtant pas ménagé leurs efforts pour sauver leurs récoltes. "Tous les moyens de lutte ont été utilisés" pour faire face à ce coup de gel noir qui a frappé la région dans la nuit du 7 au 8 avril. Tout a commencé dès 22h et s'est terminé seulement au petit matin. Le gel a eu le dernier mot, entraînant une chute massive des fleurs. Fallait-il miser sur une diversification de sa production fruitière pour faire face à ce type d'aléas climatiques? L'arboriculteur de Vesseaux n'est pas convaincu: "même les variétés très résistantes n'ont pas résisté à ce coup de gel!"
Une production de cerises en chute libre
Quid de la récolte 2021 de cerises? Les perspectives ne sont pas bonnes. Cette année, la production de cerises est estimée à 14.000 tonnes, soit moins d’une demi-récolte prévue par rapport à une année standard. Dans la vallée du Rhône, seulement un tiers de récolte par rapport à une année moyenne est attendu. La région Auvergne Rhône-Alpes assure 30 % de la production nationale, pour l’essentiel en Vallée du Rhône.
Publiée mi-mai, la dernière note Agreste du ministère de l'Agriculture, alarmante, évoquait "une chute historique de la production de cerises". Elle précisait : "la production la plus faible depuis au moins 46 ans, et du rendement le plus faible, à l'exception de l'année 1977 pendant laquelle le rendement avait été proche". Cette année la production régionale pourrait ne pas dépasser les 3.700 tonnes.