La réouverture des restaurants est prévue le 20 janvier. Face à la perte que lui ont coûté les deux confinements, le chef doublement étoilé et Bocuse d'or Serge Vieira a décidé de livrer lui-même ses clients depuis son restaurant à Chaudes-Aigues jusqu'à Aurillac ou Clermont-Ferrand.
Dans la cuisine de Serge Vieira, c'est le coup de feu. Il est un plus de neuf heure du matin et près de 200 repas sont prêts à être chargés. Même les plus grands ont recours au système D pendant le confinement. Depuis le 2 novembre, le chef, Serge Vieira, deux étoiles au Michelin, épaulé par son épouse Marie-Aude, s'est lancé dans la vente de plats à emporter ou à livrer. C'est d'ailleurs lui-même qui se déplace en personne pour amener le repas aux clients. Depuis son restaurant à Chaudes-Aigues dans le Cantal, le couple livre jusqu'à Aurillac ou Clermont-Ferrand. « Alors c'est une équipe réduite dans les cuisines, les autres sont malheureusement partis ou au chômage mais c'est motivant de les voir travailler, de voir une cuisine fonctionner. » se félicite le chef.
900 000 euros de perte
Ses menus bistrots, le chef les facture 22 euros : « Des gens, qui n'étaient pas clients chez nous, se disent qu'ils peuvent se faire plaisir en mangeant du "Vieira" pour 22 euros. » Quatre jours par semaine, le chef et sa femme ne comptent pas les kilomètres pour livrer eux-mêmes les commandes. « Moi j'apprends le métier de chauffeur livreur. Je suis un jeune apprenti là-dedans ! Ça fait du boulot mais on préfère ça que de ne rien faire même si c'est à perte. » explique le chef étoilé au volant de son véhicule, direction Aurillac à 90 kilomètres de ses cuisines. L'important pour lui est de garder le lien avec ses clients car il est impossible d'effacer le coût exorbitant des deux confinements : « Depuis le discours du Président au mois de mars, on a arrêté de se verser un salaire pour tout garder pour nos salariés et nos fournisseurs. Les deux confinements vont nous coûter sur les deux entreprises qu'on a presque 900 000 euros. »
Après une heure trente de route, le chef et sa compagne arrivent à Aurillac, dans la galerie d'un ami photographe où la distribution des repas est prévue. Un cliente est surprise et impressionnée de rencontrer le chef en personne. Mais certains ne le reconnaissent même pas sous son masque : « Quelques clients se disent sans doute que je suis un simple salarié qui vient livrer les repas de la maison Vieira. Mais c'est plutôt rigolo ! On est là un peu incognito ! » sourit le chef étoilé qui, en toute humilité, préfère faire rêver dans l'assiette, même en carton.