Un collège d'Aurillac menacé de fermeture : « On va nous pousser dehors »

La ville d'Aurillac va-t-elle perdre l'un de ses 4 collèges ? Depuis presque un an, l'hypothèse de la fermeture est évoquée par le Conseil Départemental du Cantal. Une issue que refusent les représentants du personnel et les parents d'élèves. Ils étaient à nouveau mobilisés lors de la Commission Départemental de l'Education Nationale qui dévoile la nouvelle carte scolaire.

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Sous les parapluies, grondent colère et incompréhension. Derrière les fenêtres du Conseil Départemental du Cantal, le sort du collège de la Jordanne d’Aurillac et de ses 500 élèves est discuté avec une hypothèse de plus en plus redoutée : sa fermeture. Chantal Meyroux, professeure d'espagnol au collège de la Jordanne depuis 2005, s’indigne : « On nous déshabille, on vide petit à petit l’établissement de l’effectif et un jour on nous dira que ce n’est plus viable et qu’il y a trop peu d’élèves pour rester ouvert. C’est l’avenir de la future jeunesse qui se joue, les élèves qui sont actuellement à l’école primaire à qui on va imposer le choix d’un collège, qu’on va entasser dans des classes, parce qu’on va fermer le collège de la Jordanne. Différentes cartes scolaires nous ont déjà bien déshabillés avec les élèves de Crandelles, de Naucelles, qui ont été envoyés à Jules Ferry. »

Chantal Meyroux espère obtenir la réfection du collège : « Il y a déjà eu des établissements, comme à Saint-Flour, où il y avait de l’amiante, qui ont été rénovés. Cela fait des lustres qu’on nous promet des travaux qui n’ont jamais été faits. Je pense qu’il y a une volonté politique de fermer l’établissement qui date d’il y a des années. » Construit en 1965, le collège de la Jordanne nécessiterait des travaux de rénovation coûteux.

Préserver les collèges périphériques

D'autant que l'Education Nationale prévoit une chute des effectifs de près de 900 collégiens sur le département d'ici 2030, 400 en moins à Aurillac. Des chiffres alarmants pour les 22 collèges publics du Cantal. Selon le Conseil Départemental, il faut donc sacrifier un collège pour sauver les autres, et la structure de La Jordanne en fait un parfait candidat : « Il faut absolument qu’on maintienne le maillage sur le département, ce qui nous amène à revoir la carte scolaire de 2018 en prenant en compte les évolutions", explique Bruno Faure, président (LR) du Conseil Départemental du Cantal.

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La ville d'Aurillac va-t-elle perdre l'un de ses 4 collèges ? Depuis presque un an, l'hypothèse de la fermeture est évoquée par le Conseil Départemental du Cantal. Une issue que refusent les représentants du personnel et les parents d'élèves. Ils étaient à nouveau mobilisés lors de la Commission Départemental de l'Education Nationale qui dévoile le fléchage des élèves du primaire vers leur futur collège. ©L.Theodore/L.Ribes/M.Canuto/ France 3 Auvergne

Il poursuit : "Nous avons pas mal de petits collèges, l’idée et de pouvoir les conserver et les mutualiser avec les écoles primaires pour renforcer le dynamisme. On voudrait également conserver les collèges de périphérie. Le collège de la Jordanne a une structure amiantée qui nous interdit de pouvoir le rénover puisqu’il faudrait passer par une déconstruction. Si on ne fait rien, on va se retrouver avec des collèges de périphérie qui auront 120 élèves, avec un risque de devoir fermer ces collèges. Le choix qui a été fait, c’est de refaire la sectorisation en considérant que reconstruire La Jordanne aurait pour effet d’aspirer la périphérie et de mettre en danger les 4 ou 5 collèges qui bordent Aurillac ». Les élèves seront redirigés vers le collège Jules Ferry.

Des parents dans l'incertitude

A partir de 2025, La Jordanne perdrait un niveau chaque année, pour une fermeture définitive en 2028. « Nous on sait que nos enfants vont pouvoir terminer leur scolarité à La Jordanne mais dans une ambiance délétère. Ça a commencé la semaine dernière avec des enseignants en arrêt maladie car ils étaient sous le choc des premières annonces. On ne voit pas comment on va passer 2 ou 3 ans comme ça, dans ce climat où il n’y aura plus de projet éducatif. Il y a déjà des enfants impactés, ils sont très tristes, se posent beaucoup de questions. Certaines familles dont les enfants devaient venir à La Jordanne vont se retrouver loin, parfois même en dehors d’Aurillac. On n’a jamais été consultés, ils ne viennent même pas aux conseils d’administration du collège. Ça fait des mois qu’on n’a vu personne », alerte Stéphane Sobella, parent d'élève.

On ne retrouvera probablement pas de poste dans le Cantal, on va devoir partir sans espoir de revenir, avec ou sans nos familles.

Aline Rabeyrin, professeure

Car chaque jour qui passe voit l'angoisse monter pour les 70 enseignants et membres du personnel, comme Aline Rabeyrin, professeure de français au collège de la Jordanne : « Nous sommes très inquiets, très fatigués. C’est un combat qu’on mène depuis longtemps. On a fait beaucoup d’actions mais on n’a pas été entendus. On est face à des gens sourds à nos propositions. On est soucieux, stressés face à l’idée de perdre nos équipes et le travail pédagogique fait avec nos élèves, de devoir probablement quitter le Cantal, qu’on a choisi. On va nous pousser dehors. Ça fait mal au cœur, de se dire que nos élèves vont aller remplir d’autres collèges, se retrouveront entassés dans des classes à 30 ou 32. » Le sort du collège est désormais entre les mains des conseillers départementaux. A la majorité, ils devront se prononcer pour ou contre la fermeture, avant les Fêtes de fin d'année.

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