Toute la semaine, 110 mycologues amateurs sont en Congrès national, à Riom-ès-Montagnes, dans le Cantal. L'occasion d'inventorier scientifiquement tous les champignons de cette zone du département pour faire avancer les connaissances dans ce domaine.
Quand il sort ramasser des champignons, Philippe Louasse, président de la société mycologique de Haute-Auvergne, ne s'intéresse pas vraiment à ce que l'on pourrait croire. "C'est une strophaire, c’est relativement fréquent mais c’est joli comme tout."
Dans les bois alentours, une centaine de mycologues amateurs, venus de toute la France et réunis à Riom-ès-Montagnes (Cantal), réalisent la même cueillette avec un but bien précis. « On enregistre toutes les espèces que l’on croise, on va en conserver un certain nombre qui sont moins fréquentes ou qui sont plutôt originales. C’est un travail d’inventaire », explique Philippe Louasse.
Il ajoute : « Comme pour tous les groupes vivants, c’est important de savoir ce qu’il y sous nos pieds, quelles sont les espèces présentes dans quel type de milieu et quels sont les rapports que ces espèces ont avec d’autres. Le champignon est marqueur d’une bonne santé de la forêt. Chaque champignon est en rapport avec le milieu qui l’entoure. » Dans quelques mois, les données seront communiquées à l’agente de l’ONF en charge de ce bois.
Les lichens, un marqueur de la pollution
Une fois ramassés, les champignons sont étudiés, passés à la loupe. Françoise Livet est spécialiste des lichens, ces croisements entre algues et champignons qu'elle a ramassé en grand nombre. « En Auvergne, on a une grande diversité au niveau lichénologie. Nous avons un nombre suffisant de lichens qui sont des marqueurs de non-pollution. Il y a une très bonne qualité de l’air en Auvergne ».
Un marqueur du changement climatique
Et puis dans les paniers, il y a parfois quelques surprises, comme ce champignon, ramassé pour la 1ère fois dans la région. « C'est une espèce américaine. L’intérêt est de suivre l’évolution dans le temps de ces espèces, savoir si certaines vont disparaître ou progresser. Cela permet de mieux comprendre l’effet du changement climatique sur la biodiversité", explique Hervé Cochard, président de la société mycologique de France.
Il précise : « Il y a beaucoup d’espèces dans ces milieux-là qui n’ont pas été inventoriées. On découvre parfois de nouvelles espèces. On n’est pas aussi en avance que d’autres disciplines pour l’évolution des populations au cours du temps. On commence à avoir des bases de données et on voit que certaines espèces commencent à être perturbées, avec un certain déclin de population. C’est toujours délicat parce qu’on n’observe que la fructification, le mycélium du champignon peut être toujours là mais les conditions de la fructification peuvent ne pas être réunies ». L'Auvergne compterait 10 000 espèces de champignons connus dont 385 seraient menacées de disparition.