En Suisse, comme en France, de nombreuses villes ont choisi de boycotter la Coupe du monde 2022 au Qatar, et décidé de ne pas organiser d'événement public. A Genève en revanche, une fan-zone "match-fondue" sera mise en place. Elle suscite la polémique.
Bruxelles, Marseille, Paris, Lyon, Grenoble... La liste des villes refusant de diffuser les matchs de la Coupe du monde au Qatar sur écran géant se rallonge au fil du temps.
En Suisse, la question fait débat. De nombreuses municipalités ont choisi de suivre le mouvement de contestation, et d'emboîter le pas. Mais pas toutes pour les mêmes raisons.
Lausanne, ville olympique invoque l'argument politique, mettant en avant "l’attachement de la Ville au respect des droits humains, y compris dans le sport".
La municipalité de Vevey a décidé, mardi dernier, d'aller jusqu'à interdire dans l’espace public toute manifestation en lien avec la Coupe du monde de football au Qatar : "Ce n'est pas contre le sport, ce n'est pas contre le foot, c'est contre le contexte politique. C'est une manifestation qui va à l'encontre des droits de l'homme, avec des conditions de travail qui sont déplorables."
D'autres avancent la difficulté liée à la météo, qui en plein décembre obligerait à installer des tentes chauffées, en pleine crise d'urgence climatique, et énergétique.
L'exception de Genève : "une fan zone-fondue" de 4 000 places
"On a prévu une grande tente tempérée sur la plaine de Plainpalais qui pourra accueillir environ 4 000 personnes. On a aussi une tente à la capacité de 450 personnes où il y a un concept match-fondue. On est prêt, on a signé tous les contrats et maintenant la clé est du côté de la municipalité", détaille Frédéric Hohl, directeur de l'agence Nepsa chargée de l'organisation.
A Genève, lundi dernier, le socialiste Pascal Holenweg a déposé une pétition au Conseil municipal : "Pas de fan-zone pour le mondial de la honte", signée par près de 300 personnes.
La fan-zone n’est pas mise sur pied directement par la municipalité mais a fait l’objet d’un appel d’offres de la ville, il y a près de sept ans.
Non seulement c'est indécent au niveau des droits humains, mais c'est aussi indécent d'organiser une Coupe du monde qui nécessite une telle facture de CO2.
Nicolas Walder, conseiller national genevois et vice-président des Verts.
"Les questions posées par les groupes politiques sont tout à fait justes, il n'y a aucun problème. Ce qui m'étonne, c'est qu'ils les sortent aussi tard, parce que le Qatar a été choisi il y a dix ans et la ville de Genève nous a choisi comme organisateur il y a sept ans", a déclaré sur la RTS Frédéric Hohl.
Pour Nicolas Walder, conseiller national genevois et vice-président des Verts Suisse, la ville de Genève doit aussi boycotter : "Non seulement c'est indécent au niveau des droits humains, mais c'est aussi indécent d'organiser une Coupe du monde qui nécessite une telle facture de CO2 et de tels investissements qui ne sont pas durables."
En pleine crise énergétique, pour apaiser la polémique, le conseil municipal a voté en urgence une proposition des socialistes et des Verts sur l’octroi d’une somme de 20 000 francs pour mener une campagne de sensibilisation sur les enjeux sociaux et environnementaux. Un stand d'Amnesty International pourrait être installé sur le site, façon de se "donner bonne conscience" estiment les partisans du boycott.