REPLAY. Régionales 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes : ce qu’il faut retenir du débat diffusé sur France 3

Mercredi 9 juin, un débat était organisé sur France 3 lors du 1er tour des élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes.  Parmi les 7 invités : Laurent Wauquiez (LR), président sortant, Andréa Kotarac (RN), Najat Vallaud-Belkacem (PS), Bruno Bonnell (LREM) ou encore Fabienne Grébert (EELV).

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Mercredi 9 juin, un débat était organisé sur France 3, mercredi 9 juin, à l’occasion du premier tour des élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes. Pas moins de 7 candidats étaient présents à l’opéra-théâtre de Clermont-Ferrand :

- Bruno Bonnell (LREM)
- Cécile Cukierman (PC - France Insoumise)
- Chantal Gomez (Lutte ouvrière)
- Fabienne Grébert (EELV)
- Andréa Kotarac (RN)
- Najat Vallaud-Belkacem (PS)
- Laurent Wauquiez (LR), président sortant de la région

A noter que 2 autres candidats sont également en lice :
- Shella Gilll (Union essentielle)
- Farid Omeir (Union des Démocrates Musulmans Français)

Au total 9 listes sont en compétition pour ce premier tour des élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes.


 

Vous pouvez revoir ci-dessous le débat sur les régionales en Auvergne-Rhône-Alpes.
 

La question du Lyon-Turin

Parmi les temps forts de cette émission, la question des transports s’est cristallisée autour de la ligne Lyon-Turin. C’est Bruno Bonnell (LREM) qui a abordé le sujet : « J’aimerais juste que l’on aborde le Lyon-Turin, qui est une ouverture sur le sud qui fait partie des transports. J’ai une question à poser à 2 listes qui disent qu’elles vont se réunir le soir du 1er tour, dont une qui est radicalement opposée au Lyon-Turin et l’autre qui est pour. Moi je suis pour le Lyon-Turin ».

Andréa Kotarac (RN) répond : « Sur les transports, ça ne me surprend pas que les LR et les LREM soient d’accord. Le Lyon-Turin est un projet qui démarre par l’Union européenne. La France a déjà déboursé 9 milliards d’euros pour ce projet. Si c’est un projet européen, que l’Union européenne paie. Je suis favorable à ce que ces 100 millions d’euros engagés le soient pour les petites lignes, pour la vallée du Gier, pour le Lyon-Clermont. On a 2 capitales régionales qui ont seulement 12 trajets par jour. Entre Clermont-Ferrand et Lyon, on met quasiment 2 fois plus de temps en train et c’est 2 fois plus cher ».

Fabienne Grébert (EELV) prend alors la parole pour évoquer une éventuelle fusion avec la liste de Najat Vallaud-Belkacem lors du second tour : « Vous savez sur quoi nous allons nous retrouver ?  C’est sur la nécessité de faire du fret ferroviaire, ici et maintenant. Je ne me sens pas le cœur de dire aux habitants de la vallée de l’Arve, qui souffrent de la pollution de l’air, qui voient passer des centaines de milliers de camions, qu’ils doivent attendre 2040 pour que le Lyon-Turin soit en service. Nous avons déjà mis 1 milliard d’euros sur la ligne entre Dijon et Modane pour la rénover. Il passait sur cette ligne 80 trains de fret, il n’en passe plus que 20. Nous avons déjà de la marge de manœuvre ».

Najat Vallaud-Belkacem (PS) enchaîne alors : « Je suis en faveur d’un investissement massif dans le train. Je pense que c’est le transport d’avenir. Il faut le développer, y compris dans la réponse à la question du Lyon-Turin. En effet, le Lyon-Turin en tant que tel ne dépend pas de la région, c’est entre les Etats français et italiens et l’Union européenne. En revanche, maintenant que le Lyon-Turin est là, car ça n’est pas en projet, c’est déjà en chantier, se pose la question des accès qui mènent au Lyon-Turin. Pour notre région, il faut développer ces accès, on a pris beaucoup de retard, monsieur Wauquiez, on aurait déjà dû le faire il y a plusieurs années ».

Interpellé par la candidate socialiste, Laurent Wauquiez (LR) lui rétorque : « Vous avez une liste qui est contre le Lyon-Turin, et une autre liste qui est pour. C’est évidemment irréconciliable. Il faut bien comprendre que c’est le sujet fondamental dans les Alpes. Aujourd’hui si vous voulez enlever les camions dans la vallée de l’Arve, il faut réaliser le Lyon-Turin. J’y suis totalement favorable et on a d’ailleurs enclenché le chantier. Ca suppose un soutien de la région. Vous avez vu qu’en Italie, quand la région à commencer à s’opposer au Lyon-Turin, le projet était menacé. Si vous voulez qu’on sorte les camions de nos vallées, il faut faire le choix de listes qui sont claires sur le sujet. Il n’y a pas d’ambiguïté ».

Le thème de la sécurité

Le débat s’est également emballé sur la question de la sécurité. Andréa Kotarac (RN) commence : « Sur la sécurité dans les lycées, on a 2 conceptions différentes avec monsieur Wauquiez, 2 conceptions différentes sur les transports. J’aimerais parler de la multiplication de délits à l’échelle nationale, et particulièrement à l’échelle régionale. Dans la vallée du Gier, un policier a été grièvement blessé. On a vu aussi d’autres événements. Quand on souhaite défendre les policiers, les professeurs qui sont aussi attaqués par des séparatistes, une forme d’islamisme et d’ultra-violence, quand on souhaite défendre nos agents et nos personnels de région, il faut aussi éviter –et j’en appelle à la responsabilité républicaine de tous- que les collectivités territoriales, la région ou les communes, financent des événements où on explique à nos enfants, notamment pour le « Mois décolonial à Grenoble », que les policiers sont racistes, que les policiers sont islamophobes. La sécurité commence déjà par ça ».

Bruno Bonnell (LREM) prend alors la parole : « Ne nous trompons pas d’élection. J’entends l’autosatisfaction de monsieur Wauquiez sur 160 millions dépensés à fermer des lycées, à mettre des caméras, à vouloir encore en faire plus. Je m’interroge. S’il n’y a personne derrière pour surveiller, le harcèlement restera le même et si on préfère fermer les lycées et couvrir les esprits, je ne pense pas qu’on apaisera la société. Pour rentrer dans la plupart des lycées de la région, on a mis des portiques, des tourniquets, des contrôles. Je considère que ce n’était pas nécessaire car l’apaisement de la société passe par le civisme et par une éducation. C’est dans la tête qu’il faut changer les choses ».

Najat Vallaud-Belkacem (PS) souligne : « La question de la sécurité est un sujet important. Mais, monsieur Wauquiez, vous oubliez de dire que dans les TER les faits de délinquance, sous votre mandat, ont augmenté de 20%. Je peux vous l’expliquer. C’est parce que les économies que vous avez faites sur le fonctionnement de ces TER ont conduit par exemple à ce qu’il n’y ait plus de contrôleur sur la plupart des lignes, à ce qu’il n’y ait plus de guichetiers dans des guichets que vous avez fermés, dans des gares que vous avez fermées. Tout ça a produit de l’insécurité. Dans les lycées, les portiques dont vous vous étiez tant vanté en 2015, que deviennent-ils aujourd’hui ? On peut le dire aux électeurs, ils rouillent sur place, parce que tout chef d’établissement sait très bien qu’organiser un embouteillage à l’entrée de son lycée, notamment en période de crainte d’attentat terroriste, est le pire des risques à prendre. La vérité est que vos mesures, tout ce dont vous semblez si fier, ont été assez inutiles et inefficaces ».

A son tour, Fabienne Grébert (EELV) intervient : « Sur la question de la sécurité, je pense que nous nous accorderons sur la nécessité de la présence humaine. C’est la présence humaine que n’a pas su garder le gouvernement auquel a appartenu Laurent Wauquiez, c’est celui qui a le plus dégradé les effectifs de police. Aujourd’hui, Laurent Wauquiez nous propose le même programme qu’en 2015 et 160 millions d’euros plus tard dépensés, on nous demande de remettre 300 millions. Sur quoi va-t-on prendre l’argent : sur la formation, les lycées, les transports ? ».

Cécile Cukierman (PC - France Insoumise) poursuit : « Je crois qu’on a collectivement une responsabilité parce que la parole publique, en termes de sécurité, d’éducation, de transports et d’emploi, elle ne trouvera toute sa force que si nous arrivons à renouer ce pacte avec nos concitoyennes et nos concitoyens. (…) On travaille la question de la sécurité depuis de nombreuses années. A un moment donné, il y a un vrai besoin d’accompagnement. La vraie différence que nous aurons, est que la question n’est pas seulement d’être dans la sanction, une fois que l’acte a eu lieu, mais il faut être dans la prévention. Les victimes de l’insécurité sont avant tout les habitants des quartiers populaires avant ceux des quartiers aisés ».

C’est au tour de Chantal Gomez (Lutte ouvrière) de prendre la parole sur ce sujet : « J’habite dans une cité, dans un quartier dit difficile, et l’insécurité est un vrai problème, avec les incivilités, la violence. Je constate que ça se développe bien évidemment. Je suis bien placée pour en parler. Mais je constate aussi que la situation s’est dégradée. Il y a le chômage, les bas salaires, la misère qui s’accroît dans ces quartiers. Je pense que c’est ça le support de l’insécurité. Je voudrais répondre à monsieur Wauquiez et à tous ceux qui n’ont qu’en tête de mettre plus de police, de mettre plus de caméras, des lois sécuritaires, que tout cela est complètement inutile. En plus, je pense que vous vous en fichez pas mal de la vie des gens dans les quartiers. Ce n’est pas votre problème, car vous ne voulez pas vous attaquer à la racine du mal. La racine du mal est cette misère qui s’accroît ».

Pour clore ce thème, Laurent Wauquiez (LR)  indique : « Dans ce débat, je ne suis pas là pour me livrer à jeu balles de ping-pong ou d’agressivité comme je l’ai senti tout de suite sur les premières prises de parole. Je pense que ce débat mérite un peu de hauteur. D’un côté, monsieur Bonnell me reproche d’avoir mis trop de portiques et de l’autre côté, madame Vallaud-Belkacem me dit que les portiques rouillaient. La réalité est que ce à quoi je m’astreins est de toujours être sur des propositions concrètes. Je n’ai entendu dans les interventions de chacun aucune proposition concrète sur la sécurité. Nous avons 4 propositions. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant car toutes les personnes qui sont ici, pendant la durée du mandat, ont toutes voté avec leur famille politique contre tout ce que nous avons mis sur la table en matière de sécurité. Ma seule obsession est d’agir, simplement et concrètement, comme on l’a proposé ».

La question de la relance économique

Autre temps fort du débat, le thème de la relance économique. Najat Vallaud-Belkacem (PS) commence : « Puisque monsieur Wauquiez trouve que cette proposition si intéressante, que j’ai faite il y a pas mal de temps, c’est dommage qu’il ne l’ait pas mise en œuvre depuis 6 ans. Le fonds « Impact avenir » est ce que nous nous apprêtons à mettre en œuvre. Clairement, on va avoir un problème d’emploi dans cette région, on est à 700 000 chômeurs et on en a 10% de plus depuis que la crise a éclaté. C’est beaucoup. Pourtant nous sommes dans une région riche a priori. Il y a beaucoup d’entreprises qui cherchent de la main d’œuvre, avec 325 000 offres d’emploi non pourvues. La première chose est d’accompagner les entreprises pour qu’elles ne mettent pas la clef sous la porte dans cette période délicate, pour que celles qui craignent de ne pas pouvoir rembourser leur prêt garanti par l’Etat ne se retrouvent pas en manque de capitaux. Le fonds « Impact avenir » vient soutenir nos entreprises avec de l’argent frais, pas des prêts ou des avances remboursables. Il est abondé par la région, le secteur bancaire et les épargnants de notre région ».

Mis en cause, Laurent Wauquiez (LR) rétorque : « Madame Vallaud-Belkacem dit au secours, vous m’avez pris mon idée. Mais pardon, vous ne suivez pas l’actualité de notre région. La délibération sur le sujet date d’un an. Elle a été faite en octobre 2020. Le fonds souverain régional est déjà constitué. Je pense que c’est inutile d’être systématiquement dans des critiques et de l’agressivité. Que chacun présente ses propositions, que ça nous permettre d’avancer et de proposer à nos compatriotes les solutions qu’ils attendent ».

Bruno Bonnell (LREM) prend la parole : « J’entends parler d’entreprises, je suis ravi et je suis d’accord avec Laurent Wauquiez sur le fait qu’il faut apaiser ce débat. Je suis le seul entrepreneur. J’en ai créé une vingtaine depuis 40 ans. Quand on parle de fonds, je sais que c’est important. Est-ce que c’est le boulot de la région d’organiser des fonds ? C’est un autre sujet. Par contre, l’entrepreneur veut surtout un cadre de travail et pas d’ingérence de la région dans ses activités. C’est fondamentalement un indépendant. Quelle que soit la couleur politique de la personne qui gagnera cette élection, il veut surtout qu’il soit traité équitablement. Si on s’attaque à l’entreprise, il faut apporter des solutions sur l’emploi et pour le reste, leur faire confiance pour leur développement ». 

Andréa Kotarac (RN) poursuit : « J’entends ici qu’il faut relocaliser, réindustrialiser. On a eu beaucoup d’entreprises qui sont parties. J’entends même parler de localisme, c’est très bien, c’est le nom du parti que j’ai créé. On vit dans un autre monde aujourd’hui. Je propose de lancer un pôle d’excellence pour l’intelligence économique. Durant ce mandat, l’entreprise Michelin a été attaquée, on a des entreprises comme l’entreprise Laurent dans la Loire avec un savoir-faire extraordinaire et elle vend pour la NASA. Ces entreprises, ce savoir-faire industriel, ses secrets industriels, il va falloir avant tout les protéger ».

Fabienne Grébert (EELV), à son tour, souligne : « L’économie circulaire n’est qu’un exemple. Au cours de cette campagne, j’ai rencontré des chefs d’entreprises qui sont déjà dans la transition et qui ont besoin d’être accompagnés. Je pense aux Tissages de Charlieu qui attendent un accompagnement pour développer le fil recyclé. (…). Je pense aussi à la montagne parce qu’aujourd’hui nous allons avoir 2 montagnes : un modèle tout ski qui va continuer à être de plus en plus coûteux et qui va attirer de moins en moins de personnes françaises, et parallèlement nous devons aider les stations de moyenne montagne, qui souffrent de la baisse de l’enneigement et pour qui nous devons organiser de nouvelles activités, du tourisme diffus, des offres moins chères mais accessibles à un plus grand nombre de personnes ».

Ce que dit notre sondage

Ce débat a eu lieu à moins de 2 semaines du premier tour des élections régionales et alors qu’un sondage Ipsos pour France 3 et Radio France publié ce mercredi 9 juin place Laurent Wauquiez (LR), le président sortant, en tête des intentions de vote.

Selon notre sondage, au premier tour, Laurent Wauquiez (LR) est crédité de 33% des intentions de vote, Andréa Kotarac (RN) de 22%, Bruno Bonnell (LREM) de 14%. Arrivent ensuite Najat Vallaud-Belkacem (PS) avec 12% des intentions de vote, Fabienne Grébert (EELV)  avec 11 %. Cécile Cukierman (PC-LFI) est à 5% des intentions de vote et Chantal Gomez (LO) 2%.

 

Au second tour, dans l'hypothèse d'une quadrangulaire, Laurent Wauquiez l'emporterait avec 37% des voix, devant une liste d'union de la gauche-écologiste conduite par Najat Vallaud-Belkacem qui recueillerait 24% des suffrages. Andréa Kotarac arriverait en 3e position avec 23 % des suffrages, puis Bruno Bonnell fermerait la marche avec 16% des voix.

Toujours au second tour, dans l'hypothèse d'une autre quadrangulaire, Laurent Wauquiez sortirait victorieux avec 37 % des suffrages devant Andréa Kotarac qui obtiendrait 23% des voix. La liste d'union de la gauche-écologiste conduite par Fabienne Grébert recueillerait 22% des voix et enfin Bruno Bonnell obtiendrait 18% des suffrages.

Vous pouvez retrouver l’intégralité de ce sondage ici.



 

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