Dans la Drôme, les vendanges des cépages rouges de l'Hermitage se préparent. Les viticulteurs attendent la pleine maturité des raisins pour les commencer. Le changement climatique a, cette année, un impact sur le calendrier des récoltes. Des coopérateurs de la cave de Tain suivent une formation pour s'adapter et choisir la date la plus appropriée pour les vendanges.
Tain-l'Hermitage dans la Drôme s'apprête à démarrer les vendanges. Les coteaux striés de vignes sont comme chaque été à cette époque bien vert. Chaque plan arbore des baies pourpres.
Un groupe de vignerons sillonnent les arbustes et examinent les grappes. "Pour examiner le raisin, il faut commencer par regarder la couleur" lance Jacques Rousseau, le consultant viticole qui les accompagne.
Le contrôle visuel et gustatif des baies constitue la base du travail de ses viticulteurs expérimentés. Cependant, la météo de cet été a réservé son lot de surprises alors une formation avant de déclencher les vendanges est bienvenue.
"Cela faisait très longtemps, constate Franck Roche, viticulteur, depuis 2003 on avait pas eu des sécheresses aussi sévères. Là c’est vrai, c’est un petit peu complexe, après, suivant les terrains, on a des choses complètement différentes."
Une météo qui modifie les habitudes
Julia Reiner est, elle aussi, viticultrice, elle apprécie d'être aiguillé dans son métier selon les conditions climatiques. "Il n’y a pas que le degré qui compte, cette année, en plus avec la sécheresse on se posait plus de questions donc c’est toujours bien de venir chercher un support technique un peu plus sûr et fiable."
Précocité, stress hydrique, les habitudes d'antan prises par les viticulteurs sont cette année remises en question.
"Avec le changement climatique, les conditions de développement de la vigne ont beaucoup évolué et on constate, en particulier, cette année des choses qu’on n'avait jamais eu dans la région, reprend Jacques Rousseau. C’est normal que les viticulteurs éprouvent le besoin de se former et de se perfectionner" conclu-t-il.
Un raisin sucré mais pas suffisamment mûr
Cette année particulièrement chaude, les courbes de croissance entre le degré d’alcool dans le raisin et sa maturité n’ont pas évolués de manière similaire.
"La pulpe sort mais il n’y a pas de couleur qui se libère, c’est un critère qui permet de dire que ce n’est pas mûr" explique Nicolas Ravel, responsable de la cave de Tain, en pressant un grain de raisin entre ses doigts. Il est donc encore trop tôt pour attaquer le ramassage.
"C’est le piège de 2022, c’est-à-dire que si on se calait que sur le degré, on devrait vendanger comme on le fait sur une année à peu près normale, détaille le vigneron. Si on ne regarde que le taux de sucre, le taux de sucre est là, seulement, il manque ce petit quelque chose qui va faire toute la différence d’un point de vue qualitatif pour ce millésime 2022. La maturité des peaux et pépins fait toute la maturité phénolique."
Des vendanges retardées
Les vendanges dans le pays de l'Hermitage devraient commencer la semaine prochaine et avec des conditions climatiques encore sèches d'ici là, le millésime 2022 pourrait être l'un des meilleurs de ces 15 dernières années.