Témoignages. "Tout se casse la gueule !", l'angoisse des salariés de Casino à l'heure de la fermeture définitive

Publié le Écrit par Dolores Mazzola
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Faute de repreneur, la grande surface Casino de Valence 2 ferme définitivement ses portes au grand public ce lundi 30 septembre au soir. Pour la soixantaine de salariés du site, c'est la fin d'une histoire professionnelle. La fermeture rime avec amertume, quotidien bouleversé et peur de l'avenir.

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Depuis 1972, les lieux ont toujours été occupés par une grande surface. Ce lundi soir, le rideau séparant la grande surface Casino de la galerie marchande Valence 2 sera définitivement baissé. C'est le point final pour ce supermarché du groupe Casino. À l'entrée de la galerie, un message laconique remercie la clientèle pour leur "fidélité pendant toutes ces années". Une page se tourne en silence à Valence. Cette grande surface est le seul magasin Casino de Drôme et d’Ardèche sans repreneur, après le désistement d'Intermarché.

"Longue agonie"

"C'est une drôle de vision. Ça fait mal au cœur", lâche Laurent Cordier. Il travaille depuis 36 ans et 9 mois dans cet hypermarché qui vit ses dernières heures. Ce lundi matin, c'est jour de fermeture définitive. Dans le supermarché Casino de Valence 2, les rayons et les étagères sont complètement vides. La signalétique demeure, mais les produits alimentaires ont disparu. Les allées sont désertes, rien ne traîne. Pas le moindre chariot à l'horizon. Quant aux clients, ils se sont volatilisés.

Autrefois temple de la consommation, cette enseigne a désormais tout d'un vaste hangar fantôme, aseptisé et sans âme. "C'est la fin après une longue agonie. On savait les premiers qu'on allait être vendus. Finalement, non seulement on n'est pas vendus, mais on est carrément fermés. Il faut être fort moralement pour subir tout ça et rebondir derrière", explique avec amertume Laurent Cordier, également représentant FO. Le supermarché valentinois a fait les frais de la faillite du groupe Casino et de ses pertes abyssales. 

J'ai du mal à réaliser que demain la grille sera fermée. On a tellement d'habitudes de vie qui se sont créées. Savoir que notre vie va changer... que ce soit l'heure du lever, le quotidien, le travail.

Laurent Cordier

Salarié depuis 36 ans et 9 mois, représentant FO

Peur du vide

Elisabeth Beauveil travaille à la parfumerie de cet hypermarché depuis 23 ans. Cette fermeture, c'est aussi tout un petit monde qui s'écroule. Une vie quotidienne bouleversée. "C'est un grand chamboulement pour nous. On ne quitte pas seulement un travail, on quitte des collaborateurs et des amis. On a un attachement à certains collègues proches," regrette la déléguée syndicale CGT.

Tout se casse la gueule. On avait un travail, on se levait le matin, on avait notre journée... là il va falloir vraiment se prendre en main pour rebondir. Beaucoup me disent qu'ils sont angoissés, stressés. Beaucoup me disent : j'ai peur, j'ai peur de l'avenir !

Elisabeth Beauveil

Salariée depuis 23 ans, déléguée syndicale CGT

Que vont devenir les salariés dont certains sont tout proches de la retraite ? Pour Elisabeth, comme pour d'autres salariés, si la page se tourne pour Casino à Valence 2, c'est surtout l'avenir qui fait peur. "On ressent beaucoup de tristesse, d'amertume et d'inquiétude pour la suite. On ne sait pas ce qu'on va trouver, vers quoi on va s'orienter. On a l'impression de sauter dans le vide. On se dit qu'on va rebondir, mais on ne sait pas si on va y arriver", explique-t-elle.

"Aller de l'avant"

Pour Jean-Christophe Mathieu, élu CGT et employé au rayon multimédia, le discours est plus optimiste. "Je travaille depuis 19 ans et 2 mois chez Casino. Il va falloir passer à autre chose et basculer sur un nouveau mode de vie". Il ne cache pas avoir été "en colère" à l'annonce de la fermeture. Le salarié évoque aussi un sentiment de "gâchis". "Et puis on relativise et on pense à l'avenir, à ce qui va nous arriver. Il va falloir rebondir. On est beaucoup d'anciens dans le magasin," explique-t-il.

Le salarié veut voir le verre à moitié plein : "La majorité des collègues ont fait le deuil de cette situation. Beaucoup ont des projets de reconversion, de formation, de création. On voit qu'il y a du potentiel dans l'équipe du magasin. Les gens ont envie d'aller de l'avant", assure l'élu.

Même s'ils ne savent pas de quoi leur avenir professionnel sera fait, ces salariés seront logiquement accompagnés dans leurs recherches d'emploi par un cabinet spécialisé. Leurs lettres de licenciement sont attendues pour le 15 novembre. "On pourra alors accepter un congé de reclassement. On sera rémunérés et on pourra avoir une aide pour retrouver un travail ou une formation. C'est le côté positif, mais ce n'est pas ce qu'on souhaitait à la base", conclut Laurent Cordier. 

Et la Galerie ?

Le Géant Casino devait entièrement basculer sous pavillon Intermarché. Mais le candidat à la reprise s'est retiré en avril.  L'enseigne avait jusqu'au 30 septembre pour trouver un autre acheteur et éviter le PSE pour ses salariés. Depuis avril, aucun repreneur ne s'est manifesté. La fermeture de l'hypermarché va-t-elle avoir un impact sur les 25 boutiques de la galerie marchande ? Réponses en demi-teinte. 

Cette fermeture est un coup dur pour Thierry Rolland, à la tête d'un commerce de vêtements de la galerie depuis bientôt 30 ans, les clients se font rares. La fermeture du Casino n'est pas étrangère à cette situation. "C'est de plus en plus calme, il y a de moins en moins de passage. Les clients se demandent si on va fermer. Ils ne font pas forcément le distinguo entre la grande surface et nous", explique-t-il."Les clients venaient pour le Casino et on ne va plus les voir".

A contrario, Stéphane Rossillol, gérant d'une boutique de fleurs, n'est pas inquiet. Sa boutique existe depuis 1972. C'est même l'un des magasins historiques de la galerie. Ce denier n'est pas inquiet de la fermeture du Géant Casino. La clientèle des commerces de la galerie est fidèle, d'après lui. Ce que semble confirmer le directeur du centre commercial La Galerie Valence 2, Jean-Paul Magueur.

L'inquiétude des commerçants de la galerie marchande est "légitime" mais il se veut rassurant. "On a constaté que l'activité des commerces de la galerie est restée très dynamique. Il ne faut pas s'inquiéter outre mesure", assure-t-il. "Valence 2 n'est pas mort. Valence 2 est plein d'espoir pour la suite", ajoute le responsable. Que va devenir le site ? Va-t-il accueillir un nouveau supermarché ? C'est encore la grande inconnue.

Dans l'hexagone, à l'instar de l'enseigne de Valence, 20 autres supermarchés Casino n'ont pas trouvé de repreneur et vont fermer définitivement leurs portes.

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