Euralis veut fermer le site historique de foie gras Rougié à Sarlat : 73 emplois sont menacés

Lors d'un CSE ce mercredi 20 novembre à Pau, la coopérative Euralis a annoncé projeter la fermeture de son site de production de foie gras Rougié à Sarlat, en Dordogne. Soixante-treize emplois sont concernés. En 2018, Euralis avait pris le pari d'en faire un site d'excellence.

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Que vont devenir les 73 emplois de cette entreprise de production de foie gras ? "À ce stade, c'est un projet qui a été présenté ce matin au niveau du CSE. Le projet conduirait effectivement à la fermeture du site de Sarlat et induirait la suppression de 73 emplois." Les paroles de Bruno Traverse, le Directeur général d'Euralis Gastronomie ce matin ne laissent que peu d'espoir aux salariés du site de production de Sarlat-la-Canéda, en Dordogne.

460 tonnes sur 2 400

Ce projet a été annoncé au siège de la coopérative agricole et agro-alimentaire de Lescar, près de Pau, ce mercredi 20 novembre. Euralis, puissante coopérative agricole et agro-alimentaire du sud-ouest, a décidé de fermer son site de production Rougié de Sarlat, laissant les 73 employés du site "sur le carreau".

En cause, une chute de production du site. Prévu pour pouvoir transformer 2 400 tonnes de matière première, il n'en a réalisé que 460 cette année, entraînant une perte de rentabilité durable, indique la direction. "Ce n'est pas le risque que d'Euralis Gastronomie, explique Bruno Traverse. Les difficultés de ce site sont dues à la chute des volumes. En 2018 il était à un taux d'utilisation de 49%, en 2024, on va clôturer l'année avec un taux d'utilisation de 19%".

Créée en 1936, la coopérative est spécialisée dans la valorisation et la transformation les productions des agriculteurs du sud-ouest. Basée à Pau, la coopérative compte 5 300 collaborateurs, elle est présente dans tout le sud-ouest et dans 16 pays à travers le monde.

Grippe aviaire et grippe humaine

Parmi les raisons de cette baisse de production, le directeur évoque les "cinq années de crise" provoquées par la grippe aviaire et la covid. "Cela a induit des chutes de volume assez drastiques puisque c'est plus de 10 millions de canards qui ont disparu de la filière. Nous n'échappons pas à cette baisse présente depuis fin 2015, début 2016. Ça a eu pour impact 35% de baisse des abattages pour Euralis Gastronomie également", précise Bruno Traverse. 

L'interview de Bruno Traverse réalisée par É. Poussard

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Bruno Traverse, directeur général Euralis Gastronomie explique les raisons pour lesquels la survie du site Rougié de Sarlat n'a aucune chance de retrouver son activité précédente ©France télévisions

Euralis indique chercher malgré tout un repreneur. Quant à l'avenir des personnels, la coopérative tente d'être rassurante. "On rentre dans un processus de négociation de PSE avec une prochaine réunion qui aura lieu le 29 novembre", détaille le directeur de la coopérative.

C'est un épisode difficile sur le plan humain et notre volonté, c'est d'être en proximité des collaborateurs pour négocier des dispositifs qui leur permettront d'envisager le meilleur avenir possible.

Bruno Traverse,

Directeur d'Euralis Gastronomie

Si les emplois du site de Sarlat seront "supprimés effectivement", le directeur envisage "des mobilités pour les gens qui le souhaiteraient". "Des emplois sont disponibles sur le site de Maubourguet (Hautes-Pyrénées) et le site des Herbiers (Vendée), néanmoins, c'est à leur libre arbitre et en fonction des possibilités de chacun", précise Bruno Traverse.

Restructuration sévère en 2018

C'est en tout cas un coup dur pour l'emploi local à Sarlat et une fermeture lourde de symbole en plein cœur du Périgord noir, terroir de gastronomie française d'excellence. 

Rougié, à Sarlat, transformateur spécialisé dans le foie gras, terrines, rillettes et la viande de canard, est aussi un nom historique, celui de Jean Rougié créateur de la marque éponyme, qui s'installe à Sarlat en 1977 et dont les produits s'exportent dans le monde entier, en profitant de l'appellation produits du Périgord.

Euralis, propriétaire de la marque, avait déjà réduit la voilure en mars 2018 en fermant les sites de Brive (Corrèze) et Dunkerque (Nord). Sur le site de Dordogne, le nombre était passé de 152 employés à 83. La décision avait alors suscité une vague de contestation parmi les employés.

Pour sortir de la crise, la direction avait alors présenté un projet aux partenaires sociaux : la création d'un pôle d'excellence du foie gras qui permettrait de maintenir l'activité. La direction s'orientait alors vers les productions haut-de-gamme limitées, un espace de présentation et de vente en centre-ville, un centre de création culinaire et un laboratoire-école qui récupérerait l'École du Foie Gras située à Pau. Sans oublier le trophée Jean Rougié, véritable institution réunissant les plus grands chefs français autour des recettes à base de foie gras et de truffes.

Contexte mortifère

À l'époque, le Directeur Général du Pôle Alimentaire d’Euralis, Boris Bourdin, déclarait "le projet Rougié Excellence est soutenu par un effort d’investissement de 2,15 millions d’euros sur trois ans et vise à faire de Sarlat, berceau de la marque Rougié, un site stratégique, pérenne et créateur de valeur, avec l’ambition d’incarner la haute couture du foie gras." 

Dans sa future configuration, le directeur général envisageait une augmentation de 2,7 millions d'euros du chiffre d’affaires du site qui aurait permis aux 83 salariés "de faire vivre le site.

Six ans plus tard, tout semble se liguer contre la filière. Des vagues de grippe aviaire d'une ampleur inédite tout d'abord, le Covid, le contexte géopolitique et économique global, la stratégie de guerre commerciale anti-française, mais aussi une mobilisation anti-foie gras mondiale initiée par les défenseurs de la cause animale.

Une convergence allant de l'Inde aux États-Unis en passant par l'Europe et n'épargnant pas les communes du sud-ouest, y compris Bordeaux. Autant d'intérêts et de stratégies qui tentent d'avoir la peau, lentement, mais sûrement, du foie gras français.

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