Après sa large victoire au second tour des élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes dimanche 27 juin, Laurent Wauquiez devient l'un des possibles candidats du parti Les Républicains pour la présidentielle de 2022. Il en a en tout cas très envie.
Lors du débat de l'entre-deux-tours des élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes, diffusé sur France 3 le 24 juin, la candidate écologiste Fabienne Grébert a plusieurs fois piqué Laurent Wauquiez en lui demandant s'il confirmait être candidat à l'élection présidentielle 2022. "Monsieur le candidat à la presidentielle 2022", a même lancé Fabienne Grébert sur le plateau de France 3. Elle cherchait à montrer, sans succès, que Laurent Wauquiez voyait plus les élections régionales comme un tremplin vers la présidentielle que comme une fin en soi.
Mais l'élu Les Républicains, réélu largement à la tête de la région ce dimanche 27 juin avec 55,30% des voix, - le meilleur score à l'échelle nationale - n'est pas tombé dans le piège tendu par sa rivale. Jusqu'au bout, il a fait une campagne locale, sans jamais dire son désir de se tailler un destin national. Pourtant, Laurent Wauquiez rêve d'être le candidat de son parti pour la présidentielle 2022. "À la minute où il va être élu, il ne va pas s'occuper de son mandat mais de la présidentielle. C'est évident que dès le 28 juin, c'est à Paris que cela va se jouer pour lui. Il commencera à silloner la France en vue de la présidentielle, mais il devra aussi garder le cap à la région pour s'y replier en cas d'échec dans la course à la présidentielle", analyse Romain Meltz, chercheur en sciences politiques à l'université Lumière Lyon 2.
Un sondage le crédite de 13% des voix au premier tour de la présidentielle
Le programme de Laurent Wauquiez pour la région, avec notamment cinq dossiers majeurs à son agenda, "sera d'ailleurs un moyen de tester ses idées en vue de la course à la présidentielle. Il faut lire son programme comme un élément de test dans ce qu'il va utiliser pour la présidentielle", souffle Romain Meltz.
Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes n'aura pourtant pas la partie facile. Ses principaux rivaux seront Valérie Pécresse (réélue avec 45,1% des voix) et Xavier Bertrand (53%), tous deux vainqueurs respectivement en Île-de-France et dans les Hauts-de-France. Xavier Bertrand a notamment pour lui le fait d'avoir largement battu le Rassemblement national, alors que les sondages du moment annoncent invariablement Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. Selon un sondage Ipsos/Sopra pour France Télévisions le 27 juin, Xavier Bertrand obtiendrait d'ailleurs 18% au premier tour de la présidentielle s'il était candidat, contre un score de 13% pour Laurent Wauquiez dans le même cas de figure (et 13% également pour Valérie Pécresse).
Mais pour Daniel Navrot, politologue et directeur de la publication de la revue "Prospective Rhône-Alpes-Méditerranée", Laurent Wauquiez "est désormais à égalité avec Valérie Pécresse, ce qui n'était pas du tout le cas il y a un mois. Il revient clairement en force sur la scène nationale", a estimé cet expert lors de la soirée électorale sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
"J'ai connu les soirs où il faut se remettre en question"
Laurent Wauquiez devra garder la main en Auvergne-Rhône-Alpes pour ne pas perdre sur les deux tableaux, dans le cas où son élan vers la présidentielle serait vite brisé. "S'il doit revenir à la région, il annoncera sans doute un nouveau programme plus centré sur des enjeux régionaux pour être réélu dans six ans avec quelque chose de tangible", ajoute Romain Meltz.
Lors de son discours de victoire dimanche 27 juin, Laurent Wauquiez a rappelé qu'il avait aussi connu des soirs de défaite dans sa carrière politique. "J'ai connu les soirs où il faut se remettre en question", a t-il lancé à ses partisans dans son QG lyonnais. Il sait donc que l'aiguille de la boussole électorale peut très vite changer de direction.