Largement réélu à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes avec 55,3% des voix au second tour des élections régionales ce dimanche 27 mai, Laurent Wauquiez est attendu au tournant sur cinq gros dossiers durant son deuxième mandat.
Il a les coudées franches. Lors de son arrivée à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2015, Laurent Wauquiez avait obtenu 40,6% des voix au second tour d'un scrutin qui avait donné lieu à une triangulaire comparable. Ce 27 juin 2021, l'élu Les Républicains a été réélu avec 55,3% des voix selon l'estimation Ipsos/Sopra pour France Télévisions, face à l'écologiste Fabienne Grébert (33,5%) et le candidat du Rassemblement national Andrea Kotarac (11,2%).
Renforcé dans son costume de patron d'une région au budget de presque 4 milliards d'euros, Laurent Wauquiez va pouvoir s'atteler à cinq grands dossiers d'ici la fin de son nouveau mandat. Tour d'horizon des chantiers qui attendent le natif du Puy-en-Velay pour les six années à venir. "En politique, je me suis fixé un cap clair. Je m'y suis toujours tenu, et je m'y tiendrai", a souligné le président réélu dans son discours de victoire dimanche soir.
Respecter ses engagements sur la sécurité
Dans la dernière ligne droite avant le scrutin, Laurent Wauquiez a martelé le mot sécurité au risque de s'aventurer sur un terrain en dehors des compétences de la région, qui n'a pas la main sur la plupart des enjeux sécuritaires. Il a d'ailleurs glissé une petite phrase à ce sujet dans le débat de l'entre-deux-tours sur France 3, le 24 juin. "Avec la sécurité, on n'est pas sur une compétence de la région, mais il faut agir car c'est important". Lors de son discours de victoire dimanche soir, Laurent Wauquiez a aussi rappelé que la sécurité a été une "priorité" dans la région depuis le début de son mandat.
Dans son programme, le chef de file LR a en fait mis l'accent sur le déploiement de nouveaux dispositifs sécuritaires dans des lieux gérés par la région. Il promet l'installation de 10 000 caméras de vidéosurveillance (après en avoir fait poser 6000 durant son premier mandat) et la mise en place de systèmes de vidéoprotection dans les bus scolaires. Un autre grand volet de son programme est d'augmenter de 50% les effectifs de police ferroviaire.
Enfin, Laurent Wauquiez promet de booster la reconnaissance faciale grâce à l'intelligence artificielle. "Tout ce qui est reconnaissance faciale pour identifier des personnes recherchées par la police, il va vouloir mettre ça en avant dans sa campagne pour être le candidat de la droite à l'élection présidentielle. Donc il va vouloir vite avancer là-dessus", dit Romain Meltz, chercheur en sciences politiques à l'université Lumière Lyon 2.
Quelle est la préoccupation principale des habitants de notre région ? La sécurité.
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) June 24, 2021
Depuis 5 ans, nous avons agi en augmentant les effectifs de la police ferroviaire et en sécurisant nos lycées. Je le maintiens ici : je continuerai à m'occuper des questions de sécurité. pic.twitter.com/WGPd5VfBvB
Accélérer le chantier de la ligne Lyon-Turin
C'est un sujet qui a clivé les formations politiques pendant toute la campagne pour les élections régionales, avant que l'entre-deux-tours n'aplanisse la position des Verts. Le projet de ligne ferroviaire transalpine entre Lyon et Turin, dont le coût est évalué à plus de 7 milliards d'euros, était initialement dénoncé par l'écologiste Fabienne Grébert et son parti EELV. Mais en fusionnant avec la liste de la socialiste Najat Vallaud-Belkacem, Fabienne Grébert a nuancé sa position, car le PS est favorable au projet. "Nous nous rassemblons sur un sujet commun, c’est la nécessité du fret ferroviaire. Je pense que nous allons nous retrouver sur l’idée de commencer à faire du fret ici et maintenant. Le Lyon – Turin doit être mis en service en 2035 ou au pire en 2040. Ça ne nous empêche pas de faire des choses préalablement", avait déclaré l'écologiste après le premier tour du scrutin.
Ce recentrage d'EELV met Laurent Wauquiez dans une position confortable pour accélérer le chantier du Lyon-Turin, qui a déjà connu de nombreux retards et rebondissements. "Nous enlèverons les camions de nos routes avec le fret ferroviaire et le Lyon-Turin", promet Laurent Wauquiez dans son programme. L'élu LR ne verra sans doute pas l'achèvement du Lyon-Turin dans la peau du président de la région, mais il va vouloir mettre en avant des avancées réalisées sous sa mandature.
Relocaliser des emplois dans la région
C'est un leitmotiv pour Laurent Wauquiez. Le chef de file de la droite en Auvergne-Rhône-Alpes veut du "made in Aura", comme la veste siglée Arpin, une marque savoyarde, qu'il porte lors de certains déplacements. C'est d'ailleurs le pan de son programme pour lequel il met le plus d'argent sur la table : un milliard d'euros pour relocaliser des emplois industriels. "La crise du coronavirus nous a montré à quel point nous dépendions de la Chine après avoir abandonné nos industries. Afin de reconquérir notre souveraineté industrielle et de relocaliser des emplois dans notre région, nous lancerons un grand plan d'un milliard d'euros sur le mandat. Nous accompagnerons spécifiquement les entreprises qui ramènent des emplois en Aura", affirme le président réélu dans son programme.
C'est principalement dans les secteurs de la santé (fabrication de médicaments), de l'énergie ou des transports (assemblement de vélo ou de batteries électriques) que Laurent Wauquiez veut créer de l'emploi. Pendant sa campagne, l'élu LR a par exemple visité une entreprise grenobloise de trottinettes électriques. Ce défi économique sera cependant de taille, car dans un marché très mondialisé et concurrentiel dans ces secteurs, relocaliser des emplois ressemble à une gageure.
Améliorer le réseau TER
Les lignes de TER Lyon-Grenoble, Lyon-Saint-Etienne ou Lyon-Clermont souffrent de nombreux défauts. La liaison ferroviaire entre Clermont et Lyon est par exemple un dossier sur lequel tous les candidats aux élections régionales ont promis du mieux. "Il faut être un passionné du train pour emprunter cette ligne. Le trajet peut prendre jusqu’à 3 heures et vous payez 30 euros alors que le voyage en BlaBlaCar coûte 10 euros et ne prend qu’une heure quarante", râlait Andréa Kotarac (RN) pendant la campagne. L'amélioration du réseau ferroviaire interrégional est un gros chantier pour Laurent Wauquiez, qui en a fait une priorité. Dans son programme, l'élu LR a mis en avant la sauvergarde sous son mandat de 830 kilomètres de voies ferrées qui devaient être fermées par la SNCF. "Le nombre de TER en retard a été réduit de 30%" affirme aussi Laurent Wauquiez. Pourtant, les trains entre Lyon et Clermont ne devraient par exemple pas aller beaucoup plus vite à moyen terme. La ligne entre l'Auvergne et le Rhône n’est pas électrifiée et le coût des travaux est dissuasif. Laurent Wauquiez fait donc le pari de locomotives à hydrogène pour réduire le temps de trajet. "Il va mettre en avant l'hydrogène vert pendant son mandat, mais ça reste flou", confie Romain Meltz.
La création d'une mutuelle régionale
Lors du débat de l'entre-deux-tours diffusé par France 3, Laurent Wauquiez a insisté sur sa volonté d'apporter des réponses concrètes aux besoins des habitants. "Le plus important, c'est que les gens voient le plus concrètement possible ce qu'on fait", a t-il déclaré. La création d'une mutuelle régionale pour les étudiants et les retraités, une promesse de campagne, est donc un dossier sur lequel le président de la région n'a pas le droit de se louper. "Nous négocierons une mutuelle régionale à prix plus abordable pour les étudiants et les retraités", note le président de la région dans son programme. "C'est vraiment une mesure pour la classe moyenne, qui n'est pas clivante. Cela contrebalance le fait qu'on le présente comme un candidat à la droite de la droite", note le politologue Romain Meltz. C'est en tout cas un dossier que Laurent Wauquiez doit boucler avant la fin de son mandat. Il a chiffré à 600 000 euros cette mesure.