En France, les pertes et gaspillages alimentaires représentent 10 millions de tonnes de produits par an, soit une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros. La loi promet de renforcer la lutte contre ce phénomène. Dans notre région, les initiatives publiques et privées se multiplient.
En matière de gaspillage alimentaire, les chiffres sont proprement hallucinants. Chaque seconde, dans le monde, l'homme jette 41.2 tonnes, soit un tiers de la production mondiale. Chaque français jette l'équivalent d'un repas par semaine, en moyenne, ce qui correspond à un total de 10 millions de tonnes par an de nourriture. Si l'on ajoute à ces mauvaises habitudes le gaspillage de l'ensemble de la filière (de la production à la consommation), on estime que chaque français jette 155 kilos de nourriture chaque année.
La loi prévoit d'être plus sévère
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire introduit une série de mesures en faveur de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Elle renforce les dispositions introduites pour lutter contre le gaspillage alimentaire.
Cette loi se fixe comme objectif de réduire le gaspillage alimentaire de 50 % par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la distribution alimentaire et de la restauration collective d’ici 2025 et de 50 % par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale d’ici 2030.
Les sanctions sont renforcées : en cas de destruction d’invendus alimentaires encore consommables, les contrevenants s’exposent à une amende pouvant atteindre jusqu’à 0,1 % du chiffre d’affaires du dernier exercice clos. Le montant de l’amende sera proportionné à la gravité des faits constatés (nombre et volume des produits).
En outre, la loi prévoit la création d’un label national « anti-gaspillage alimentaire » pour valoriser les initiatives.
De nombreuses initiatives en Auvergne-Rhône-Alpes
L'Etat, à travers la préfecture de région, participe elle-aussi à cette volonté de limiter le gaspillage alimentaire. Elle a agit notamment dans le passé en lançant un appel à projet : l’Initiative PME Eco-conception qui a permis de cofinancer des projets d’innovation, portés par des PME, contribuant à accélérer le développement et le déploiement de méthodologies, de technologies, de services et de solutions innovantes dans le domaine de l’éco-conception, l’économie de fonctionnalité et la réduction des déchets et du gaspillage alimentaire. Les projets sélectionnés ont reçu une aide financière sous forme de subvention pouvant aller jusqu’à 200 000 € maximum par projet.
La Métropole de Lyon, par exemple, est très concernée par ce fléau : d'après une étude menée en 2018, 6 Grands Lyonnais sur 10 jettent des aliments de consommation courante. Les causes les plus fréquentes : les restes qui ne sont pas mangés (34 %), le dates limites de consommation dépassée (32 %) et mauvaise conservation des aliments (30 %). Pour tenter d'y remédier, le Grand lyon a lancé récemment un appel aux acteurs locaux pour développer de nouveaux services qui permettront à toutes et à tous de réduire les déchets produits au quotidien. L'appel à projets est ouvert jusqu'au 31 mars 2021.
La métropole de Grenoble estime que chacun de ses habitants produit environ une demi-tonne de déchets (tous confondus) par an. L'alimentaire y tient une place non-négligeable. Elle accompagne ceux qui le souhaitent dans les démarches pour réduire ce phénomène.
A Clermont-Ferrand, le premier "frigo solidaire" a fait son apparition en juin 2019 : un frigo en libre-service pour lutter contre le gaspillage alimentaire et aider les personnes dans le besoin. L’idée a été plébiscitée par les habitants lors du vote pour le budget participatif de la Ville.
Le défi anti-gaspi : accompagnées par les CCI Auvergne-Rhône-Alpes et l’ADEME, 24 établissements issus de l'industrie agroalimentaire, des commerces et de la restauration collective relèvent le challenge de réduire leurs déchets alimentaires. Elles ont 8 mois pour mettre en place de nouvelles démarches de prévention et de valorisation et ainsi diminuer significativement casse, gaspillage et invendus. Le challenge prendre fin en mai prochain.
A Lyon, les "éco charlie" récoltent plus d'une tonne de nourriture bio gratuite par mois. Cette association transforme le gaspillage alimentaire en action solidaire, en récupérant gratuitement des centaines de kilos de nourriture bio par mois à redistribuer. Le mouvement se développe et inspire les pouvoirs publics, de plus en plus conscient de ce gâchis alimentaire.
A Saint-Etienne, Meal Canteen poursuit son développement. Avant que n'intervienne la crise du Covid, l'application anti-gaspillage alimentaire lancée en janvier 2018 permettait de réserver à l'avance son repas dans son restaurant d'entreprise ou scolaire, et donc aux cuisines de ne préparer que les quantités réservées. La gendarmerie, plusieurs lycées d'Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi des collèges de la Loire utilisent cette application.
Dans la Drôme, à Roman-sur-isère, le camion-cuisine de la conserverie mobile se déplace partout : il s’agit de cuisiner et transformer les fruits et légumes produits à proximité et de préférence de valoriser les surplus agricoles et les productions disqualifiées (calibre, esthétique).
En Haute-Loire, dans les cantines du département, on gaspille deux fois moins que la moyenne nationale... La lutte menée contre le gaspillage alimentaire dans onze collèges altiligériens porte ses fruits : 40 % de nourriture en moins part à la poubelle. À l’origine de ces progrès, le laboratoire Terana donne des astuces simples, à appliquer en cuisine et au moment du service.