Gel dans les vergers : braseros, éoliennes, hélicoptères, pourquoi les mesures de protection n'ont pas fonctionné

Le gouvernement a annoncé qu'il allait déployer le régime de calamité agricole à la suite de l'épisode de gel de ce début de semaine qui a touché de nombreuses régions. Aspersions, éoliennes, braseros... les efforts nocturnes des agriculteurs pour protéger les vergers n'ont pas suffi. Explications.

Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a annoncé jeudi, tard dans la soirée, que le régime de calamité agricole allait être activé et des aides mobilisées suite à l'épidode de gel qui a touché de nombreuses régions et de nombreuses cultures. Les vergers sont particulièrement impactés. Les fortes gelées sont arrivées au pire moment, en pleine floraison. Et les efforts nocturnes des agriculteurs pour limiter les dégâts du gel n'ont pas suffi.

 

Trop froid, trop longtemps

Pour limiter les dégâts du gel, les arboriculteurs comme les viticulteurs, tentent de réchauffer l'air. Certains installent des braseros, d'autres mettent en route des éoliennes pour chasser l'air froid du sol, certains font même appel à des hélicoptères pour brasser l'air. Mais cette semaine, ces moyens ont été inefficaces explique Florent Michez, animateur à la chambre d'agriculture Savoie Mont-Blanc, car le froid était descendant et il était particulièrement vif. 

-5 à -7° dans la nuit de mercredi à jeudi dans la combe de Savoie. Frédéric Bergin producteur de pommes et de poires à Châteauneuf se désole "on a des températures de plus en plus basses. Ca ne passe pas. Les parcelles où on n'a rien fait, c'est 90% de dégâts".

Et pourtant, Frédéric a de la chance si l'on peut dire, car son exploitation est située à proximité des berges de l'Isère. Il a donc pu installer un système d'aspersion sur la moitié de son exploitation, soit 26 hectares de vergers. Sur les 80 arboricutleurs de Savoie et Haute-Savoie, ils ne sont que deux à disposer de ce système. En arrosant les arbres durant la période de gel, une coque de glace se forme autour des bourgeons et les protège. Mais même ce système, réputé particulièrement efficace, n'a pas donné de résultat satisfaisant cette fois selon l'arboriculteur car il a gelé trop longtemps. "Les températures étaient déjà négatives à 10 heures du soir. Ca fait 9 heures de gel d'affilé. Et il a fait trop froid. C'est la première fois qu'on a des résultats aussi mauvais".

 

Une situation "d'une violence assez inédite"

"On est aujourd'hui face à une situation qui est tout à fait exceptionnelle, qui est particulièrement difficile", a détaillé jeudi soir sur France Info le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, évoquant une "violence assez inédite".

L'enjeu est maintenant de savoir si suffisamment de fleurs seront sauvées pour faire une récolte. L'évaluation des dégâts a déjà commencé. Dans les Savoie, on évoque déjà un chiffre : 80% de pertes. "Ce sont les arboriculteurs de la plaine qui ont le plus souffert, se désole Florent Michez de la chambre d'agriculture Savoie Mont-Blanc, étonnemment, il a fait moins froid sur les coteaux."

Frédéric Bergin lui se désespère. Depuis qu'il a repris l'exploitation familiale il y a 25 ans, les problèmes de gel sont de plus en plus fréquents. "C'est la quatrième fois que je vis ça (...) c'est dramatique". Florent Michez confirme, les arboriculteurs sont plus fréquemment confrontés aux problèmes de gel au printemps car les arbres bourgeonnent de plus en plus tôt, "on a gagné 3 semaines en 20 ans".

 

Et après ?

Les agriculteurs redoutent la survenue d'un nouvel épisode de gel, possiblement en début de semaine prochaine. "Et nous ne sommes que mi-avril, on peut geler jusque début mai", note Daniel Sauvaitre, président de l'association nationale des pommes et des poires (ANPP).

 

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