Coronavirus COVID 19 : « Cette crise invite à développer des solidarités nouvelles » selon l’évêque du Puy-en-Velay

L’évêque du Puy-en-Velay (Haute-Loire), Monseigneur Luc Crepy, devrait être à Rome en ce moment pour une rencontre avec le Pape François. L'épidémie de coronavirus COVID 19 en a décidé autrement. Et c’est à l’évêché, cloîtré lui aussi, qu’il vit cette période de confinement.

France 3 Auvergne : Les offices sont suspendus mais vous avez voulu garder le lien avec vos fidèles ?

Mgr Crepy : En ce moment difficile que nous traversons, toutes les églises restent ouvertes, y compris la cathédrale, mais il n’y a plus d’office effectivement pour respecter les consignes de protection. Pour maintenir les liens, une messe est retransmise tous les jours à 10 heures 30  en direct sur la page Facebook de la cathédrale du Puy (qui est donc fermée temporairement juste à ce moment-là pendant une heure). Et le dimanche, à 9 heures, je propose un office religieux en direct sur les ondes de la radio RCF Haute-Loire. 
 

Le COVID 19 n’a fait encore aucune victime dans le département, mais pouvez-vous nous expliquer comment se déroulent les cérémonies funéraires en ce moment ?

Il n’y a plus de messe d’enterrement à proprement parler mais les autorités civiles nous autorisent une brève célébration dans la stricte intimité familiale en respectant les mesures barrières, pas plus de 20 personnes et les gens à bonne distance les uns des autres. Dans certains endroits, une célébration a lieu également au cimetière dans les mêmes conditions. Quand nous sortirons de cette crise,  dans toutes les églises du diocèse, nous célébrerons des messes, de grandes célébrations liturgiques avec les familles à l’intention des défunts qui auront été enterrés pendant cette période de confinement.
 
Y a t-il un accompagnement particulier en ce moment pour les personnes qui perdent des proches ?

En temps ordinaire, nous avons un accueil des familles en deuil. Là, pour respecter un confinement le plus strict possible, la préparation de la brève célébration et la  rencontre des familles se font par téléphone en général. Mais nous essayons d’écouter les familles en deuil, c’est important d’avoir une oreille attentive. C’est très dur pour les gens qui perdent un proche en ce moment, on a tous besoin d’un rituel dans ces moments là.
 


Comment vivez-vous ce confinement et quel est votre sentiment personnel ?

Le plus dur n’est pas encore arrivé, nous allons vivre une épreuve très dure en France comme dans le monde entier. Au niveau de l’Eglise, nous essayons de garder le contact par téléphone, par internet, une proximité avec les gens, les personnes âgées notamment. On propose un peu de catéchisme à la maison pour les enfants aussi. Cette crise invite à développer des solidarités nouvelles dans le lien avec les uns et les autres.

Personnellement, je vis à l’évêché, je reste en contact avec beaucoup de personnes, j’essaie d’être attentif aux uns et aux autres. Je passe beaucoup de temps au téléphone et je lis aussi. En ce moment, je lis un gros pavé : « Les catholiques en France de 1789 à nos jours » de Denis Pelletier. Et j’ai une dizaine de livres en retard, je ne vais pas m’ennuyer ! Et puis, il y a un grand jardin à l’évêché, c’est une chance, pour me détendre je vais tailler les rosiers !
 

Que pensez-vous de la gestion de cette crise sans précédent ?

Au niveau des évêques de France, nous avons essayé d’être réactifs pour appliquer les consignes de sécurité et inviter les fidèles à être responsables. Plus généralement, je suis très admiratif pour les personnels soignants, les personnels des Ehpad… Tout le monde essaie d’être au service de tous, bien sûr il y a encore des gens un peu indisciplinés mais il y a quelque chose qui se rapproche d’une unité nationale. Je suis impressionné par exemple par ce salut tous les soirs à 20 heures, les gens qui applaudissent à leurs fenêtres pour remercier les professionnels de santé, c’est beau ! Notre Nation était parfois très éclatée ces derniers temps. Là, il y a quelque chose de fort qui se joue, la fraternité fait partie de notre devise républicaine.

Pensez-vous que cette crise va changer notre façon de vivre lorsque nous en sortirons ?

Oui, des choses vont changer je pense. Déjà, au niveau de l’Eglise, nous nous apercevons de la place très importante des médias, d’internet, de la radio, de la télé, qui aident à tisser du lien social, à s’entraider. On voit des exemples de solidarité, par exemple à Marseille des jeunes qui font les courses des personnes âgées… Nous n’en sortirons pas pareils, bien sûr à cause des chocs difficiles que nous allons vivre, mais aussi dans nos relations. Et ça peut être une belle source d’espoir quand même.
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