Bien connu des ultras girondins, le supporter bordelais soupçonné d'avoir agressé le joueur ruthénois Lucas Buades vendredi 2 juin, est aussi une figure locale à Annecy où il dirige un restaurant. Il a été déféré devant le parquet de Bordeaux ce dimanche soir et sera jugé fin novembre.
Son profil est atypique pour un ultra. Chef d'entreprise, ancien directeur d'une école de commerce, un Annécien de 45 ans va comparaître devant la justice pour avoir agressé le buteur de Rodez, Lucas Buades, lors du match contre Bordeaux ce vendredi 2 juin.
"Quand il a vu le joueur exprimer sa joie au bord du terrain, il dit avoir eu le sentiment qu'il venait narguer les supporters bordelais", a expliqué Olivier Etienne, procureur de la République adjoint de Bordeaux, à France 3 Nouvelle-Aquitaine. Le supporter girondin, habitué des matchs au Matmut Atlantique, s'est introduit sur le terrain, bousculant le Ruthénois qui s'est effondré au sol.
Un médecin urgentiste a établi un certificat constatant une commotion du joueur. La rencontre a été interrompue à la 22e minute alors que Rodez menait au score (0-1), faisant planer l'incertitude sur le sort de plusieurs clubs dans l'attente du classement final de la Ligue 2.
Un acte lourd de conséquences, notamment pour le FC Annecy qui risque la relégation en National, pour lequel le supporter bordelais est toujours entendu en garde à vue. Le quadragénaire est bien connu au sein des Ultramarines. Ancien responsable du groupe d'ultras, il est à la tête de sa section haut-savoyarde, son département de résidence.
"La passion a pris le dessus sur la raison"
"Après ce terrible coup dur sportif, nous avons contribué à transformer cette soirée en cauchemar", reconnaissent les Ultramarines dans un communiqué publié samedi, condamnant le geste commis par l'un de leurs "camarade(s)" sur Lucas Buades.
Ce "membre émérite du Virage Sud depuis 30 ans" venu d'Annecy pour assister au match est, selon le groupe, "connu pour son calme et sa mesure". "La passion a pris le dessus sur la raison", regrettent-ils. Car le Haut-Savoyard est une figure des supporters bordelais. Il intervient dans de nombreux podcasts et publie régulièrement des billets sur un site de supporters.
Mais dans la région d'Annecy, il est surtout connu pour être le directeur d'un restaurant de la vieille ville et d'un hôtel non loin de là. Avant de se lancer dans la restauration, il a été directeur d'une école de commerce et de gestion. Un profil qui tranche avec l'image du supporter envahissant le terrain.
Geste "totalement incompréhensible"
A l'Union sportive d'Argonay (Haute-Savoie), club de football dont il a été le président il y a une dizaine d'années, personne n'a souhaité évoquer le profil de ce père de famille qui s'expose aujourd'hui à une lourde condamnation. Lors de son audition par la police de Bordeaux, le quadragénaire, jusqu'ici inconnu de la justice, aurait reconnu son geste.
"Il dit avoir exercé une poussée avec ses deux mains au niveau de la gorge du joueur", a déclaré Olivier Etienne, procureur de la République adjoint de Bordeaux. Contacté par France 3 Alpes, il dénonce ce dimanche un "comportement agressif qui pouvait manquer de dégénérer". Un geste selon lui "totalement incompréhensible de la part d'un homme de 45 ans, chef d'entreprise".
"Pas de lésion particulière"
Le joueur Lucas Buades a pu être examiné par un médecin légiste ce dimanche. "Celui-ci n’a pas constaté de lésion particulière ", a indiqué le procureur adjoint à France 3 Nouvelle-Aquitaine. Il a également été entendu par la police tout comme le président du club de Rodez afin qu'ils livrent leur version des faits. Le footballeur et le club ont porté plainte contre le supporter.
L'Annécien va être poursuivi pour "pénétration sur une aire de jeu d'enceinte sportive troublant le déroulement de la compétition" et "violences avec préméditation ayant entraîné une incapacité de travail (ITT) inférieure à huit jours". Il était en cours de défèrement devant le parquet de Bordeaux ce dimanche soir et "va faire objet d’une convocation qui va lui être notifiée pour la date du 27 novembre 2023", indique Olivier Etienne. Le chef d'entreprise annécien encourt une peine d'un an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende.