A Annecy, les pensionnaires d'un Ehpad se sont remises au travail quelques heures par semaine. Marie-France et Suzanne tiennent la caisse du foodtruck de la résidence. Bavarder, compter et se sentir utiles : ce petit boulot leur redonne goût à la vie.
L'une travaillait dans l'immobilier, l'autre tenait avec son époux un garage et une station-service. Alors, le commerce, ça les connaît. Marie-France Lotz et Suzanne Pommier gèrent désormais les finances du foodtruck installé devant leur Ehpad. Deux heures par jour, elles viennent prêter main forte aux équipes de la cuisine qui servent les clients, en tenant la caisse.
Le cerveau fait sa gymnastique, mais avant d'être intellectuel, le plaisir est surtout émotionnel. Rien ne remplace le contact avec tous ces nouveaux visages venus grignoter un bout.
"Moi j'aime bien l'ambiance, je suis très bavarde donc je parle beaucoup avec les gens qui viennent manger des glaces, ils sont super sympas, ça rigole, ils se régalent", nous confie Suzanne.
"On peut servir à quelque chose et apporter quelque chose"
"Ce qui me plaît, c'est le contact avec les clients, c'est un plaisir, je me sens revivre et servir à quelque chose", dit de son côté Marie-France.
"C'est très important malgré l'âge de se dire qu'on peut servir à quelque chose, on peut apporter quelque chose. Il y a des personnes qui restent à côté de nous et qui discutent pendant une heure. C'est vraiment agréable. J'ai fait des connaissances avec des personnes qui viennent maintenant me voir dans mon appartement", se réjouit-elle.
"Ce foodtruck, pour moi, c'est un sauvetage"
L'ancienne patronne de garage automobile avoue que les jours en Ehpad ne sont pas toujours faciles. Quand elle ne tient pas la caisse du petit camion-restaurant, elle tricote des couvertures pour la SPA. Histoire de s'occuper.
"Si je ne m'occupe pas un peu comme ça, je tombe vite dans le chagrin. Ce foodtruck pour moi, c'est un sauvetage. On se sent vivant, on sent qu'on peut servir encore un petit peu parce que cela fait peur autrement, de vivre comme ça, si on ne fait rien", dit-elle les yeux embués.
Le sourire revient vite au contact des clients, des familles et de leurs enfants venus déguster une glace.
L'Ehpad est situé près du centre-ville et du lac d'Annecy, de quoi favoriser le passage et les échanges.
"C'est un projet social, l'objectif c'est de créer du lien, d'ouvrir l'Ehpad sur l'extérieur pour changer son image et c'est la vie qui doit rentrer dans l'Ehpad", indique Stéphane Richard, le directeur de l'Ephad du Parmelan.
Le restaurant de l'Ehpad également ouvert au public
"On favorise tout ce qui permet ce lien entre l'extérieur et l'Ehpad. On a beaucoup d'administrations dans le secteur et on a beaucoup de gens qui viennent manger au foodtruck ou à l'Ehpad, ce qui permet de mélanger les personnes et de faire de l'inter-générationnel", poursuit-il.
Le restaurant de l'Ehpad est effectivement ouvert à tout un chacun et bientôt un plus gros foodtruck viendra remplacer la petite roulotte actuelle.
"On va avoir un gros camion. Cet hiver, on pourra faire des crêpes, des chocolats chauds, tout !", explique Suzanne dans un large sourire. "Attendez-vous à nous voir cet hiver, au milieu de la neige", conclut-elle.
Les recettes du foodtruck alimentent leur joie de vivre, elles vont également permettre de financer en partie une unité protégée pour recevoir des résidents atteints de la maladie d'Alzheimer.