Depuis le début du XXe siècle, le train du Mont-Blanc Express relie la France et la Suisse dans un somptueux décor de montagne. La ligne est aujourd'hui très empruntée par les travailleurs de la vallée mais aussi les touristes désireux d'admirer le toit de l'Europe.
Dès les premières lueurs du jour, il pointe le bout de son nez en gare de Saint-Gervais-les-Bains. Dans ses traditionnelles couleurs rouge et blanche, le Mont-Blanc Express reste l'un des moyens de transport les plus plébiscités dans cette vallée de la Haute-Savoie. Un lieu fréquenté par de nombreux travailleurs et touristes attirés, entre autres, par Chamonix et le toit de l'Europe.
Un transport en commun panoramique
Chaque jour, ce train prend des allures de tram alpin. À son bord, des centaines d'usagers traversent la vallée pour se rendre au travail. "Je le prends pour aller bosser à Chamonix tous les jours. Cela fait bientôt 16 ans que je travaille à Chamonix donc j'ai un peu l'habitude. Et donc je ne regarde pas tous les jours par la fenêtre", avoue Emma.
Pour autant, Emma ne se lasse pas de ce décor. Elle fait partie de ces pendulaires, travailleurs et lycéens, qui se retrouvent chaque matin dans leur transport en commun. Seule particularité, le Mont-Blanc Express arpente l'une des plus belles montagnes d'Europe.
"On va passer dans un tunnel. On va avoir une belle petite vue aussi sur un torrent en dessous puis on va passer dans la montagne à côté de chalets vraiment super jolis", raconte une habituée du Mont-Blanc Express. "Ça fait 40 ans que j'habite dans la vallée et je ne m'en suis jamais lassée. C'est trop beau même si l'on voit beaucoup les glaciers reculer. Ça, on le voit bien au fil des années", ajoute une autre usagère de ce train.
Tout au long de son parcours, le Mont-Blanc Express traverse 21 tunnels et 28 ponts. Entre rivières enjambées et faufilages dans les vallées, ses voyageurs en prennent plein les yeux, même si chacun descend à sa gare. La ligne relie Saint-Gervais-les-Bains à Martigny, en Suisse, et propose une vingtaine d'arrêts.
Parmi les passages les plus impressionnants de la ligne, le viaduc de Sainte-Marie des Houches offre un panorama à couper le souffle. À 52 mètres au-dessus de l'Arve, la traversée de l'ouvrage permet d'admirer le Mont-Blanc. Un paysage devant lequel locaux et touristes restent admiratifs.
"Le Mont-Blanc, c'est vraiment très beau ! Je trouve cela super, je suis souvent venu dans les Alpes et c'est l'une des plus belles régions que je connaisse même s'il a beaucoup plu ces derniers jours, j'ai eu beaucoup de plaisir", s'exclame Felix, venu d'Allemagne.
Une ligne construite en zone difficile d'accès
Une fois en gare de Chamonix, on assiste à un ballet. Certains quittent leur tram alpin, laissant place à de nouveaux voyageurs comme Eric Fournier. Fervent défenseur de ce petit train frontalier, le maire (UDI) de Chamonix confie l'emprunter régulièrement depuis sa plus tendre enfance.
"J'habitais à 100 mètres de la gare donc je faisais des choses que l'on ne peut plus faire maintenant. Les conducteurs de train étaient très sympas. Ils me prenaient dans le train pour aller jusqu'en Suisse puis ils me ramenaient", se remémore l'édile.
La construction de cette ligne historique a débuté à la fin du XIXe siècle. Et depuis 1908, le train fait figure de trait d'union entre la France et la Suisse grâce à des rails aménagés dans des vallées très difficiles d'accès. Initialement, le Mont-Blanc Express devait circuler sur la rive gauche de l’Arve. Mais à la suite d'une crue du torrent de la Griaz aux Houches, survenue en 1895, le tracé a été modifié pour emprunter la rive droite.
"Les anciens ont pris les secteurs les moins exposés en termes de risques naturels. L'hiver, c'est un outil qui est protégé des avalanches quasiment jusqu'à la tête de tunnel de Vallorcines. Dans les années 80 et 90, il a joué un rôle extraordinaire en matière d'accessibilité pour les populations et de lien", explique Eric Fournier.
Trait d'union entre la France et la Suisse
Le train termine sa course à Martigny, dans le canton du Valais. Une arrivée dans la vallée du Trient, longtemps très prisée par les touristes aristocrates au début du XIXe siècle pour ces villages perchés.
"Avec ce développement appelé à l'époque 'industrie des étrangers', un nom aujourd'hui qui peut surprendre, il a été décidé de construire un train dans toute la vallée qui connectait tous les villages. [...] Les premières décennies du XXe siècle, il a circulé uniquement en été car on avait un tourisme seulement estival. Puis à partir du milieu du XXe, il a circulé toute l'année", raconte Luc Pignat, directeur de l'office du tourisme de la vallée du Trient.
Depuis plus d'un siècle, le Mont-Blanc Express accueille des touristes en villégiature et des locaux. Aujourd'hui, le monde entier vient admirer ses paysages et vivre l'expérience authentique et impressionnante dans ces rames rouges et blanches.