Le Mont-Blanc a été pris d'assaut par près de 150 parapentistes qui ont profité des conditions exceptionnelles pour la saison, mercredi.
Du jamais-vu à cette période de l'année. Profitant d'un "alignement des planètes" qui leur a offert des conditions optimales, 150 parapentistes se sont posés au sommet du Mont-Blanc à près de 5 000 mètres d'altitude, mercredi 26 juin. "Certains étaient venus habillés en short et en tongs", plaisante Nicolas Plain, scientifique engagé dans la lutte contre le changement climatique.
L'expédition n'était pas franchement prévue, mais au vu des conditions exceptionnelles, les parapentistes ont été nombreux à avoir la même idée. La plupart d'entre eux se sont élancés de Planpraz, à 2 000 mètres d'altitude dans la vallée de Chamonix, avant de partir à l'assaut du Toit de l'Europe. Les images du survol tournées par le chercheur grenoblois sont impressionnantes.
"Des courants ascendants nous ont emmené jusqu'à 5 600 mètres d'altitude, raconte encore le scientifique qui a participé à ce survol. Un plafond aussi haut, c'est du jamais-vu." Les parapentistes profitent de leurs derniers vols dans le massif car dès début juillet, le survol du Mont-Blanc sera interdit par mesure de sécurité.
"Un constat inquiétant"
De Californie, d'Allemagne, de Suisse... Les pratiquants sont venus des quatre coins du monde pour profiter de ces conditions, favorisées par la canicule qui frappe la Haute-Savoie depuis quelques jours. Et même en haut du Mont-Blanc, le mercure atteint des sommets : 6,9°C ont été relevés 50 mètres en-dessous du sommet, un record absolu.
La température ressentie, entre 11°C et 15°C, était elle aussi anormalement élevée, largement au-dessus des normales de saison. "C'est un constat inquiétant à tous les points de vue", commente Nicolas Plain qui craint des dommages sur la biodiversité ou sur les glaciers. "Il y a aujourd'hui un risque de fonte du permafrost, ce qui pourrait provoquer des éboulements et des dégâts irréversibles pour le massif", craint-il encore.
Ce vol avait, pour le scientifique grenoblois, un air de dernière préparation avant le grand saut : le tournage de son documentaire "Il faut sauver les Alpes". Pour les besoins du film, l'Isérois va traverser les Alpes, de Cannes à Salzbourg en Autriche, pour recenser les initiatives locales de lutte contre le réchauffement climatique.
Il a d'ailleurs profité de son étape au Mont-Blanc pour effectuer des mesures de qualité de l'air et de l'eau. Elles doivent encore être analysées, mais les premiers résultats laissent apparaître un niveau conséquent de particules fines, précise-t-il.