31 jours, 744 heures pour comprendre ce qui nous arrive. Sur les pistes de ski, fermées... au bord des lacs Léman et d'Annecy, interdits... aux postes frontières, gardés... et dans les rues, vides. Je vous écris de Haute-Savoie et vous raconte en images cette brève histoire.
Une brève histoire de temps "de guerre", de crise, de solidarité et de combat tous ensemble.
"tous les lieux non indispensables à la vie du pays doivent fermer"
Tout a commencé par des mots : "tous les lieux non indispensables à la vie du pays doivent fermer" - Edouard Philippe, samedi 14 mars 2020.
Dimanche 15 mars
Passage au stade 3. Le Grand Bornand ferme son domaine skiable et les vacanciers sont incités à rentrer chez eux. Il est 9 heures du matin : la file d’attente pour le remboursement des forfaits s’épaissit.
11h : aux Gets, les touristes s’organisent, pas très pressés de rentrer précipitamment à la maison.
Le télésiège des Perrières est à l’arrêt, le front de neige ressemble à un hall de gare.
20h : 1er tour des élections, dépouillement "ganté" dans l’un des bureaux de vote de Thonon-les-Bains.
21h30 : les candidats communiquent et les gestes barrières sont encore bien loin !
Lundi 16 mars
A Avoriaz, les saisonniers sont sur le départ !
Les journalistes n’en croient pas leurs yeux et les touristes quittent tant bien que mal les pistes de ski : "la neige est encore bonne, nous venons d’arriver, notre unique semaine de vacances de l’année, nous sommes mieux ici qu’à Mulhouse, là où l’épidémie fait des ravages, nous allons rester encore un peu."
Mardi 17 mars
La nature reprend ses droits, les couchers de soleil sont tous plus beaux les uns que les autres, du Chablais aux Voirons en passant par les Aravis et le mont Blanc, comme pour mieux nous consoler.
Mercredi 18 mars
Le travail à la maison s’organise dans les cuisines ou les salons, « open space » en famille.
Nous, journalistes, avons perdu notre terrain, habitués aux rencontres et aux échanges, confinés ? Comment sentir le terrain si nous n’y allons plus ? Et Comment se protéger ? Faut-il réinventer notre métier ? Faut-il s’astreindre à l’essentiel ? Le confinement nous oblige à une cure de désintoxication de surconsommation… d’infos ? Tant de questions et pas de réponses.
Dimanche 22 mars
Les villages, ici à Fillinges, et les quartiers se vident au Perrier à Annemasse.
Lundi 23 mars
Centre médical de Viuz en Sallaz, les médecins généralistes lancent un appel pour récupérer du matériel, un véritable réseau de couturières solidaires se créé à Lucinges.
Mardi 24 mars
Jour après jour, nous sommes gagnés par la folie des chiffres, des indicateurs, des statistiques : hospitalisations, réanimation, décès
Quelque part sur la route de Fillinges…
Mercredi 25 mars
Décontamination du bureau de France 3 à Archamps. Et pendant ce temps, les nettoyeurs s’activent. Suspicion de contamination, repos total pour l’équipe.
Jeudi 26 mars
Le blues des soignants et les blouses des bénévoles. Les couturières piquent, elles sont déjà plus de 500. Carole, Caroline, Aurélie, Gwenolée, Claire, Viviane… elles ont crées un site internet : Des blouses pour l’hôpital
Elles ont un seul patron, celui de la blouse !
Vendredi 27 mars
Douane de Fossard : les militaires suisses alémaniques sont venus en renfort garder la frontière franco-suisse. En France on confine, dans le canton de Genève on "semi-confine", mais le passage est interdit sans motif valable.
Mercredi 1 Avril
Annecy-le-Vieux. Ce n’est pas une blague : les terrasses sont vides, les bords du lac déserts. Jamais un poisson d’avril ne nous avait tant fait réagir !
Lundi 6 avril
"Des bras pour ton assiette" : 3 jeunes parisiens, en vacances dans les Alpes, n’ont pas rejoint leur région parisienne. Ils ont répondu à l’appel de cet agriculteur de Taninges. Paul, Pierre et Julien découvrent la vie à la ferme, construction de parcs à cochons au programme. Et pendant ce temps, Jean-Philippe gère à la fois ses vaches et son fiston.
Mardi 7 avril
Aéroport de Genève : le hall est traversé par 2 policiers.
Le tarmac s’est transformé en un vaste stade. C’est un silence troublant, tous les avions sont cloués au sol : "l’aviation ne s’en remettra pas" nous raconte ce pilote échoué proche de sa machine.
Mercredi 8 avril
Annecy. Dedans, centre Bonlieu, les néons au sol éclairent le vide.
dehors, la rue Vaugelas, le marquage au sol lui indique le bon sens, celui de rester chez soi.
Jeudi 9 avril
Sur les bords du lac Léman, interdit, à Anthy-sur-Léman.
C’est le calme plat, les pêcheurs reviennent avec quelques perches. Pâques approche mais les clients, eux, sont loin.
Samedi 11 avril
Chamonix. Pendant que certains, au Pays du Mont-Blanc, scrutent les volets des résidences secondaires, d’autres lancent l’opération "un masque pour tous", une action solidaire de production de masques en tissu.
Dimanche 12 Avril
Pâques, les églises sont vides.
Lundi 13 avril
Centre hospitalier Alpes Léman. Les infirmières font la pause. Au CHAL, depuis le début de l’épidémie sur le territoire : "200 patients atteints du Covid 19 ont été hospitalisés dans les services, les urgences accueillent chaque jour un peu moins de 100 patients."
Mardi 14 avril
Boulangerie à Annemasse. Disciplinés, ils attendent sagement le pain quotidien, une seule conversation à distance se fait entendre, celle du début du déconfinement évoqué par Emmanuel Macron la veille…
Mercredi 15 avril
Déjà 1 mois, "Vous reprendrez bien un p’tit 11 mai ?"
Allez encore 624 heures… Je vous laisse, je vais aller vagabonder, partir en excursion, me perdre dans les sentiers inconnus de mon village, dans un rayon d’un kilomètre, j’ai le goût de l’aventure !