Le président Emmanuel Macron est en visite d'Etat en Suisse ce mercredi 15 et jeudi 16 novembre. Il s'agit là de la cinquième visite d'un chef d'Etat français depuis 1910, sous fond de rapprochement entre les deux pays et de discussions entre l'Union européenne.
Emmanuel Macron entame, ce mercredi 15 novembre, une rare visite d'Etat d'un président de la République française à la Suisse voisine.
Cette visite pourrait être le signe d'un réchauffement entre les deux pays avec la relation à l'Europe en point de mire. Pour cause, la Suisse avait cueilli les autorités françaises à froid en annonçant son choix du F-35 américain de préférence au Rafale français pour moderniser son armée de l'air, un contrat de plus de 6 milliards d'euros.
Puis, Berne avait déjà choqué toute l'Union européenne en mai 2021 en annonçant renoncer aux négociations d'un accord-cadre avec les 27, après des années de discussions.
Rapprochement avec l'UE
La page Rafale est désormais tournée et le gouvernement suisse a repris langue avec Bruxelles et se prépare à négocier une nouvelle fois avec la Commission. Ce tournant est "une excellente nouvelle", se réjouit-on à Paris. "Il faut que cette dynamique se concrétise désormais", a ajouté une conseillère d'Emmanuel Macron, précisant que ce dernier portera "un message d'accélération" pour "relancer les négociations afin de parvenir à un accord au plus vite".
Le rapprochement avec l'UE est un sujet politique très sensible en Suisse pour des questions de souveraineté, d'indépendance du système judiciaire ou encore de protection des salaires. Les syndicats ont déjà dit leur scepticisme, le premier parti du pays, l'UDC (droite radicale) aussi.
Visite d'Etat
Le président français et son épouse Brigitte auront droit aux égards réservés aux hôtes les plus importants. Emmanuel Macron doit être accueilli par Alain Berset, le président de la Confédération. Ce sera le chant du cygne politique du Suisse : celui qui reste le membre le plus populaire du Conseil fédéral va quitter ses fonctions à la fin de l'année.
Honneurs militaires, rencontre avec les sept membres du Conseil fédéral, le gouvernement de la confédération, discours au Palais du parlement et dîner de gala marqueront la première journée.
Ces visites sont rares. Outre François Hollande en 2015, seuls Jacques Chirac en 1998, François Mitterrand en 1983 et Armand Fallières en 1910 avaient fait ce déplacement.
Economie et sciences
La journée de jeudi sera beaucoup moins protocolaire. Le président français l'a placée sous le signe de l'Europe. Il ira visiter la Fondation Jean Monnet pour l'Europe à Lausanne avant de rencontrer des étudiants de l'Université pour parler des "grands enjeux sociétaux" de l'Union européenne. Il a aussi accepté de répondre aux questions du public.
L'économie jouera aussi son rôle, les deux pays étant d'importants partenaires commerciaux. La Suisse est le troisième investisseur en France. Emmanuel Macron aura l'occasion de rencontrer des responsables économiques à Lausanne, avant que le président de la "Start-up Nation" ne prenne un train spécial pour la demi-heure le séparant de Genève avec des dirigeants de jeunes pousses à son bord.
Le voyage de deux jours se conclura sur une note de sciences fondamentales avec la visite du CERN, le laboratoire européen pour la recherche nucléaire et la physique des particules, à cheval sur la frontière franco-suisse.
L'occasion d'évoquer le projet pharaonique de Futur Collisionneur Circulaire. Un accélérateur de particules de 100 kilomètres de circonférence entre la France et la Suisse, qui ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté scientifique mais qui aux yeux de ses défenseurs doit permettre la recherche d'une nouvelle physique.