La devise helvète a atteint son plus haut niveau depuis janvier face à l'euro. Un record qui profite aux consommateurs et voyageurs suisses en France, mais aussi aux travailleurs et commerçants frontaliers en France. Une bonne nouvelle juste avant les fêtes de fin d'année.
C'est une nouvelle qui n'a pas de prix. Ou plutôt si. Le franc suisse a atteint ce mardi 10 décembre 2024 son plus haut niveau depuis le début de l'année. En taux interbancaire (sur le marché international des changes), 1 euro valait 0,9258 franc vers 15 heures. Du jamais vu depuis le 3 janvier dernier, et la tendance se maintenait ce mercredi.
De quoi réjouir tous les consommateurs et voyageurs suisses en Europe mais aussi les frontaliers francs-comtois et les commerçants situés en France dans la bande frontalière. Comme le rapporte La Tribune de Genève, le taux de conversion proposé dans les bureaux de Change Migros, par exemple, était de 0,9355 franc pour un euro, dès 1 000 francs. Faites le calcul : pour 4 000 francs suisses, on peut ainsi obtenir 4 275 euros. Une jolie prime de Noël pour tous ceux qui passent tous les jours la frontière pour aller travailler en Suisse.
Un euro à 0,90 franc fin 2025 ?
Un change avantageux qui serait "davantage la conséquence de l’offensive djihadiste en Syrie, qui fragilise encore plus la région du Moyen-Orient, que de la crise politique en France, les marchés semblant avoir anticipé la chute du gouvernement Barnier", selon Alexandre Allantaz, directeur de Change Migros et chroniqueur pour le quotidien Genevois.
Clairement, la monnaie helvète bénéficie de son statut de valeur refuge. Et toujours selon La Tribune de Genève, cette chute de l'euro face au franc suisse pourrait bien se poursuivre. Certains analystes prédisent un euro à 0,90 franc pour la fin de 2025, puis à 0,85 à la fin de 2026 et à 0,80 à la fin de 2027. D'autres estiment au contraire que l'embellie pourrait être de courte de durée et qu'un rééquilibrage pourrait être orchestré par la Banque nationale suisse (BNS).
"Il faut qu'on en profite"
"Cela fait une hausse de salaire pour les travailleurs frontaliers, une hausse du pouvoir d'achat pour les Suisses qui viennent chez nous et donc un plus pour nous, il faut qu'on en profite", s'enthousiasme Denis Gérôme, le président des Commerçants du Grand Pontarlier qui revendique 530 adhérents dans la capitale du Haut-Doubs.
Il y a des Suisses partout sur la zone commerciale d'Houtaud aujourd'hui ! On ne va pas cracher dessus. Mais ça ne va pas durer. Les Suisses sont comme nous dans une situation économique plutôt cahotique donc attention...
Denis Gérôme, Président Commerçants du Grand Pontarlier.
"Depuis lundi, l'industrie horlogère suisse commence officiellement à chômer", rappelle Denis Gérôme à France 3 Franche-Comté. "Il faut rester prudent."
À double tranchant
Prudence aussi pour les frontaliers francs-comtois. Ce "franc fort" est en effet à double tranchant pour eux. Car s'il se traduit bien par une augmentation sur leur bulletin de salaire, il peut aussi entraîner une hausse mécanique des impôts pour tous ceux qui travaillent dans des cantons dans lesquels il n'y a pas de prélèvement à la source. Il augmente également les primes d’assurance maladie de ceux qui sont affiliés à la Sécurité sociale française-CMU.
À Morteau (Doubs), Michel Rivière, le président de l'amicale des frontaliers, ne cache son inquiétude. "On est revenu au taux de janvier 2024, ce qui va nous compliqer la vie pour les déclarations d'impôts en France, déplore-t-il. En effet, Bercy calcule le taux de change entre le franc suisse et l'euro le 1er et le dernier jour de l'année, ce qui nous ferait 1.07 (euro pour 1 franc suisse, NDLR). Mais si on calcule le taux moyen de l'année, il est de 1.05. Bref, on va payer plus d'impôts que prévu. Ces deux petites décimales vont nous coûter cher !"
Michel Rivière qui ne boude pas malgré tout ce petit supplément de pouvoir d'achat mais va surtout "surveiller" dit-il la situation des entreprises de l'autre côté de la frontière ces prochains mois.