C'est un véritable soulagement pour les Français travaillant en Suisse. Le projet de réductions des indemnités chômage pour les travailleurs transfrontaliers a été abandonné. Les indemnités chômage auraient pu être divisées par deux au 1ᵉʳ janvier 2025.
"Je pense que c'est une très bonne chose, et que c'est une chose nécessaire". Alexandre, 34 ans, frontalier depuis 15 ans, peut souffler. Mardi 3 décembre 2024, Véronique Guillotin, sénatrice de Meurthe-et-Moselle a interpellé la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet mardi 3 décembre 2024 au sujet de l'accord conclu entre les partenaires sociaux il y a trois semaines pour, entre autres, réduire l'indemnité de chômage des frontaliers.
L'objectif de cette démarche : bloquer cette mesure jugée "inégalitaire". Et Véronique Guillotin a été entendue, puisque le projet a été abandonné par le gouvernement. Présente à ses côtés, la députée de la Moselle Isabelle Rauch (Horizons) a annoncé la nouvelle via un communiqué publié sur ses réseaux sociaux.
Cet accord entre syndicat et patronat sur un projet de réforme de l'assurance-chômage prévoyait de plafonner les indemnités chômage des travailleurs frontaliers. Aujourd'hui, les Français qui travaillent dans les pays frontaliers cotisent dans le pays qui les emploie, mais c'est la France qui leur verse leurs indemnités lorsqu'ils sont au chômage. Ils sont près de 445 000 en France (chiffres de 2020) à travailler en Suisse, Allemagne, Belgique ou Luxembourg.
"On est dans une région où tout vaut plus cher"
Les salaires suisses étant bien supérieurs (4 400 euros brut le salaire minimum à Genève pour 42 heures de travail), l'indemnisation est beaucoup plus élevée. L'UNEDIC, qui gère l'assurance chômage en France, a souligné que ce système d'indemnisation génère un surplus de dépenses de 800 millions d'euros par an. L'accord prévoyait donc la mise en place d'un coefficient d'indemnisation selon le pays d'emploi.
Ce coefficient, basé sur les moyennes de salaire de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), aurait été de 0,47 pour la Suisse et aurait été réévalué chaque année. L'indemnisation pour les frontaliers travaillant en Suisse serait passée de 57 % à 28 %. Une mesure inconcevable pour Alexandre : "l'État nous donne 28 % de notre salaire et derrière, il faut faire un prêt pour pouvoir vivre". "On est dans une région où tout vaut plus cher", renchérit Romain, frontalier depuis sept ans.
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Cette mesure aurait permis à la France d'économiser : 179 millions en 2025, 405 millions en 2026, 893 millions en 2027, un milliard en 2028 selon l’Unédic, organisme paritaire qui gère l’indemnisation du chômage en France. Néanmoins, Grégoire, frontalier pendant 15 ans, se dit "très heureux" de l'abandon de cette réforme par le gouvernement. Mais selon lui, ce n'est que partie remise : "le gouvernement risque de bientôt tomber et le prochain ministre du Travail va peut-être recommencer".