La tension monte entre Français et Suisses autour du projet d'autoroute du Chablais, devant relier Machilly à Thonon-les -Bains. Alors que Genève menace d'attaquer le projet pour cause d'atteinte à l'environnement, les pro-autoroute ne décolèrent pas et menacent de bloquer la ville.
Depuis quelques jours, les communiqués fusent et la grogne monte entre les partisans et les opposants à l'autoroute du Chablais. Un projet vieux de quelques décennies qui a été déclaré d'utilité publique par le Premier ministre le 24 décembre, donnant le feu vert à sa réalisation. Mais la Ville de Genève ne l'entend pas de cette oreille, jugeant que la liaison autoroutière qui doit relier Machilly à Thonon-les-Bains pourrait concurrencer le tout nouveau Léman Express, dont le tracé est quasi-similaire. Elle a annoncé vouloir déposer un recours en justice.
Les Français pro-autoroute, estimant que cette infrastructure va désenclaver le secteur du Chablais, jusqu'ici dépourvu de grands axes routiers, parlent d'"offensive" de la métropole suisse. "Monsieur Pagani (le conseiller administratif de Genève, membre du mouvement Ensemble à gauche, NDLR) s'était déjà manifesté il y a quelques temps avec une minorité écologiste dans le Chablais, mais jamais nous n'aurions pensé recevoir un tel coup de couteau de la part d'un dirigeant d'une ville voisine, mais surtout ami de la France", témoigne Jean-Christophe Bernaz, secrétaire de l'association Oui au désenclavement du Chablais.
"Peut-être nous amuserons-nous à mener une action coup de poing"
La colère du militant vient d'un courrier daté de décembre 2016 dans lequel Rémy Pagani signait le projet de territoire de Grand Genève, et en l'occurrence cette liaison autoroutière. Le conseiller administratif explique, lui, que l'enjeu de l'époque était de "récupérer la manne fédérale de soutien à l'agglomération". Mais aujourd'hui, il plaide pour un "débat de société serein" autour de ce projet autoroutier, directement lié à "l'arrêt des abus de l'énergie fossile".
De son côté, la Ville de Genève qualifie ce projet d'aberration à l'heure de la mise en service du Léman Express, reliant Genève à Evian-les-Bains toutes les 30 minutes. Mais le militant de la première heure Jean-Christophe Bernaz, très en colère, n'hésite pas à parler d'ingérence internationale. "Si un recours est déposé, peut-être nous amuserons-nous à mener une action coup de poing (à Genève)", déclare-t-il.
Si ce dossier est particulièrement sensible, ce n'est pas la première fois que la Ville de Genève s'implique dans des dossiers français. Elle avait notamment déposé une plainte pénale contre la centrale nucléaire du Bugey, située à 70 kilomètres de la frontière suisse.