Implant contraceptif Essure : “l’Etat connaissait les risques mais ne nous a pas protégées”

Sabine Hahner fait partie des nombreuses victimes des implants de stérilisation Essure. Au lendemain des révélations dans la presse que l’Agence nationale de la santé et du médicament (ANSM) était au courant des risques dès 2017, elle partage sa colère contre l’Etat qui n’a rien fait.

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Mon corps était devenu vieux. J’étais emprisonnée dans le corps de quelqu’un de 80 ans, je ne me reconnaissais pas” explique Sabine Hahner, victime de la corrosion de son implant de stérilisation Essure. Si l’on entend régulièrement parler de cette contraception, c’est à cause du scandale sanitaire associé. 

Présenté comme un moyen de contraception révolutionnaire, la méthode Essure permet une contraception définitive tout en étant moins invasive que la ligature des trompes. Au bout de trois mois, les trompes sont obstruées et la contraception opère. Environ 200 000 femmes se sont fait implanter un contraceptif Essure entre 2002 et 2017. 

Des patientes incomprises

Face aux voix qui se sont fait entendre pour dénoncer les effets secondaires ressentis, le géant Bayer qui commercialise ces implants en France décide de les retirer du marché en 2017. Sabine Hahmer fait retirer son implant à cette date et comprend alors que les symptômes inexpliqués ressentis jusqu’à présent étaient liés à son implant. 

Je marchais à peine 20 mètres et j’avais mal partout, aux hanches, aux muscles… Je n’étais plus capable de travailler, mon conjoint devait s’occuper de tout. Par la force des choses, je me suis éloignée de mes amis. Mais les médecins à qui j’en ai parlé ne comprenaient pas et mettaient ça sous le coup d’une déprime.

Sabine Hahner, victime des implants contraceptifs Essure

Fatigue chronique incompréhensible, troubles du sommeil, douleurs musculaires et perte de mémoire commencent à s’estomper après le retrait de son implant. Pour autant, Sabine Hahner ne retrouve pas son “corps d’avant”. “Je dirais que je suis actuellement à 80% de mon état normal” précise l'infirmière du pays de Gex.Par exemple, personne n’est capable de me dire aujourd'hui pourquoi mes hanches sont aussi abîmées que celles d'une sportive de haut niveau ou d’une dame de 80 ans".

Une vie avec une épée de Damoclès

Sabine gardera des séquelles à vie de cet implant. La dernière étude toxicologique réalisée sur ses cheveux montre que son corps contient un taux anormal d’étain et d’argent. La présence de ces métaux lourds est toxique pour le corps humain et pourrait s’expliquer par la corrosion de son implant pendant les 9 années où elle l’a porté. 

L’enquête est toujours en cours pour confirmer ce lien de causalité. Pourtant, une enquête commandée par l’Agence nationale de la santé et du médicament (ANSM) en 2017 pointait déjà les risques de corrosion de ces implants. Selon le média Splann qui a enquêté sur ce sujet, le rapport qui détaille ces risques n’a jamais été publié sur le site de l’ANSM

Sabine est donc en colère. En colère contre l’Etat qui, selon elle, a failli à son rôle de police sanitaire. “Je voudrais que l’on soit reconnues enfin comme des victimes et que l’Etat reconnaisse qu’il a échoué sa mission. Si l'agence avait pris en compte ce rapport, on n’en serait pas arrivées là”. La plainte contre l’Etat est toujours en cours. 

Aujourd’hui, Sabine Hahner a l’impression de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, celle de ne pas savoir ni comment se débarrasser des symptômes persistants, ni comment son corps va vieillir avec la présence de métaux lourds : “Je me pose la question de savoir si mon corps va encore fonctionner longtemps”. 

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