Le maire d'Eybens (Isère), commune de la banlieue de Grenoble, a interdit l'utilisation de produits phytosanitaires sur le territoire de sa commune ce mercredi. Une mesure déjà prise par une soixantaine de maires en France qui se veut surtout symbolique.
Marchant dans le sillage des communes de Malleval-en-Vercors puis Grenoble, le maire d'Eybens (Isère) a interdit l'utilisation de "produits phytopharmaceutiques de synthèse" sur le territoire de sa commune par arrêté municipal du mercredi 2 octobre. Il devient le troisième élu du département à mettre en place une telle mesure, bien que les chances de la voir perdurer sont faibles en raison du risque de poursuites judiciaires.
"La Ville souhaite (...) marquer sa volonté de protéger les habitants, la biodiversité et l’environnement, des dangers liés à l’usage des produits phytosanitaires chimiques", explique le maire Nicolas Richard dans un communiqué. Une manière également pour l'édile de "rappeler l’urgence de la situation et d’inciter les pouvoirs publics à aller plus vite dans l’interdiction des pesticides".
[ANTI-PESTICIDES] Le maire de @VilledEybens vient de prendre un arrêté interdisant l’utilisation de produits phytopharmaceutiques de synthèse https://t.co/9D7ANiy15N
— Ville d'Eybens (@VilledEybens) October 7, 2019
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Mi-septembre, le maire de Grenoble Eric Piolle avait pris un arrêté similaire avec cinq grandes villes françaises - Paris, Lille, Nantes et Clermont-Ferrand. Mesure que la ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne avait qualifiée de "coup de com'" dans un tweet moqueur. Car les produits phytosanitaires sont déjà interdits aux particuliers dans leur jardin et leurs espaces extérieurs depuis le 1er janvier 2019, arguait-elle.
Même réglementation pour les collectivités qui ont interdiction de les utiliser dans les lieux publics, restreignant donc drastiquement les espaces où les pesticides chimiques sont autorisés en ville. Toujours est-il que cet arrêté portera ses fruits dans les espaces verts privés non ouverts au public comme les copropriétés, mais aussi certaines voiries comme celles de la SNCF, grande utilisatrice du glyphosate.
Risque de retoquage
Mais l'un des problèmes majeurs vient du risque de retoquage de l'arrêté. Dans le cas de Malleval-en-Vercors, le préfet de l'Isère avait demandé au maire de retirer ce texte au motif qu'il était "illégal", l'agriculture ne relevant pas de son domaine de compétence. Mais ce dernier avait refusé de se plier à la demande de la préfecture, répondant qu'il ne s'agit pas de "précaution" prise "dans le doute" mais de "protection, voire de sauvegarde de la population", parce que, dit-il, "le doute n'est plus !".
Le maire de Langouët (Ile-et-Vilaine), premier à se lancer dans un combat contre les pesticides, avait vu son arrêté débouté par le juge des référés du tribunal administratif de Rennes. Le magistrat avait invoqué dans sa décision "le moyen tiré de l'incompétence du maire de Langouët pour réglementer l'utilisation des produits phytopharmaceutiques sur le territoire de sa commune" qui est "propre à créer un doute sérieux quant à la légalité de l’arrêté contesté".
Malgré le risque de retoquage, la mesure se veut avant tout symbolique. Un moyen pour le maire d'Eybens, comme une soixantaine d'autres en France, d'inciter les pouvoirs publics à "aller plus vite (...) dans toutes les actions visant à préserver la santé publique, sauvegarder la biodiversité, préserver la qualité de l’eau, de l’air, des espaces naturels et limiter le réchauffement climatique."