Le Dr V., chirurgien suspendu à Grenoble après des suspicions d'erreurs médicales, a été mis en examen pour "homicide involontaire" et "blessures involontaires". Il a été placé sous contrôle judiciaire.
Le chirurgien suspendu à Grenoble, suspecté d'être à l'origine d'erreurs médicales, a été mis en examen pour "homicide involontaire" sur deux patients et "blessures involontaires" sur 74 victimes, a annoncé le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant, ce lundi.
Le Dr V., chirurgien orthopédiste, "a été mis en examen le 10 juin 2020 par les deux juges d'instruction co-saisies du dossier", a indiqué le magistrat, confirmant une information de RTL. Il a été placé sous contrôle judiciaire avec notamment interdiction d'exercer la médecine et d'entrer en contact avec ses victimes présumées. Plus de 70 plaintes ont, à ce jour, été déposées à son encontre.
"La mise en examen est la preuve qu'il existe des indices graves ou concordants que ce chirurgien a réellement commis les faits", a déclaré à l'AFP l'avocat d'une grande partie des victimes présumées, Me Edouard Bourgin. "Si nos plaintes n'étaient pas fondées ou pas manifestement fondées, c'est le statut de témoin assisté dont aurait bénéficié le chirurgien."
Contacté, l'avocat du mis en cause, Me Bernard Boulloud, n'a pas encore répondu aux sollicitations de France 3 Alpes. Le Dr V. a été suspendu pour 18 mois par le Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM) en 2019 sur la base d'une soixantaine de dossiers.
Suspendu par l'Ordre des médecins
La Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) de l'Isère lui reprochait d'avoir parfois opéré sans disposer de tous les éléments nécessaires, de ne pas avoir toujours bien informé ses patients, de n'avoir pas fait de suivi opératoire de qualité, et surtout, de ne pas fournir d'explications convaincantes dans les dossiers liés à des complications postopératoires.
Une cinquantaine de dossiers suspects étaient ressortis de l'enquête de la CPAM, dont certains patients étaient en situation d'invalidité suite à une opération du chirurgien orthopédiste. Une trentaine de victimes potentielles s'étaient fait connaître le 2 mai 2019 à l'appel de Me Edouard Bourgin.
Le 24 octobre 2019, Christophe Fuselier, l'un des ex-patients ayant porté plainte contre le Dr V., est décédé. Sa famille a porté plainte pour "homicide involontaire", expliquant la mise en examen du Dr V. pour ce chef de poursuite. Un autre patient du chirurgien est mort à l'âge de 73 ans.