Dans le milieu du ski, le torchon brûle sur la question des droits télé et marketing

Le futur des droits télé et marketing agite depuis quelques mois le milieu feutré du ski, proche d'une crise. Les tensions montent entre le nouveau président de la FIS, qui veut reprendre la main sur leur commercialisation, et les fédérations nationales, peu enclines à laisser s'envoler une source conséquente de revenus.

Entre la Fédération internationale de ski (FIS) et les fédérations nationales, l'atmosphère est glaciale sur la question des droits télévisuels et du marketing. L’obsession du Suédois Johan Eloasch - arrivé à la tête de la FIS en 2021 - de centraliser les droits télé et marketing irrite un microcosme peu habitué aux bouleversements.

Jusqu'à aujourd'hui, la FIS, qui régente tous les sports de neige olympiques (ski alpin, ski nordique, ski freestyle, snowboard) sauf le biathlon, laissait la gestion des droits aux fédérations nationales, organisatrices des différentes épreuves du circuit annuel de la Coupe du monde. La plupart des pays ont vendu leurs droits à l'agence de marketing sportif Infront, qui les revend ensuite elle-même aux diffuseurs et sponsors. Une source conséquente de revenus pour les fédérations nationales.

Sous l'impulsion de son président, la FIS souhaite regrouper et commercialiser elle-même tous les droits, avec l'ambition de devenir plus attrayant pour "générer plus d'argent", résume simplement à l'AFP Christian Salomon, nommé à la tête d'une toute nouvelle division media et marketing.

Développer une présence digitale

"Infront gagne beaucoup d'argent, bravo à eux, c'est le business. Mais pour apporter plus de moyens à la grande famille de la FIS et ainsi en redistribuer aux athlètes ou aux programmes pour la jeunesse, nous devrions avoir cet argent", soutient Christian Salomon. En jeu, des bénéfices d'un peu plus de 30 millions d'euros annuels, selon lui.

Nous voulons attirer une audience plus jeune.

Christian Salomon, directeur media et marketing de la FIS

"À cause de la non-centralisation des droits, nous ne pouvons malheureusement pas développer notre présence digitale, nous ne pouvons pas offrir de plateforme OTT (service par contournement, sans passer par un opérateur) dans des pays qui ne comptent pas d'accords de diffusion, nous ne pouvons pas diffuser de contenus sur les réseaux sociaux", poursuit-il.

Les fédérations nationales frileuses

"Nous ne vivons pas encore une crise, mais c'est une situation sérieuse", note pour l'AFP Diego Züger, directeur marketing et directeur opérationnel par intérim de la puissante Fédération suisse de sports de neige (Swiss ski). Si la FIS veut agir vite, plusieurs grandes fédérations comme l’Autriche et la Suisse, aux revenus actuels confortables, ne sont pas satisfaites du fond et de la forme.

Quand un revenu majeur de votre organisation est en jeu, il faut avoir des garanties.

Diego Züger, directeur marketing et directeur opérationnel de Swiss ski

"Nous voulons connaître la méthode, être impliqués dans le processus. Le sujet est très complexe, c'est pour cela qu'il nous faut un bon concept. Ce n'est pas du tout le cas pour l'instant".

Une "approche frontale"

"Nous sommes en plein processus de consultation avec toutes les parties. Quand nous aurons terminé, nous verrons la marche à suivre", a sereinement indiqué à l'AFP Johan Eliasch fin octobre.

"La FIS attribue annuellement les droits aux fédérations nationales. Si nous arrêtons de leur donner, les fédérations n'auront plus rien à vendre à Infront. C'est simple. On peut le faire dès cette année, quand on veut", clame le président.

Des propos qui font s'étouffer Infront, l'acteur central du marché aujourd'hui, qui s'appuie sur la jurisprudence et les contrats en cours jusqu'en 2026 voire 2030. "Nous ne comprenons pas l'approche frontale (d'Eliasch) pour la centralisation des droits. Une centralisation forcée représenterait une expropriation et mènerait à de nombreuses et très coûteuses actions légales", a écrit à l'AFP la société qui se dit prête à agir elle-même en justice.

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