À la frontière entre la France et la Suisse, des travailleurs frontaliers ont choisi la vie en camping-car pour échapper aux coûts élevés de l'immobilier. Une commune du Haut-Doubs a choisi de s'adapter pour les accueillir.
La possibilité de bénéficier des hauts salaires en Suisse, pour s'en sortir avec le coût de la vie en France attire de nombreux travailleurs à la frontière entre les deux pays. Mais ce phénomène a son revers : une hausse du prix de l'immobilier autour de la frontière, un afflux massif, et une saturation des routes dans le Haut-Doubs, où les bouchons commencent parfois dès 4 heures du matin.
Certains optent donc pour une solution radicale : vivre dans un camping-car stationné à proximité de la frontière. C'est le choix de Geoffrey, un homme de 37 ans. À bord de son camping-car installé sur un parking de la commune frontalière des Fourgs, dans le Doubs, il a recréé son espace de vie : "Voilà ma petite maison où il y a tout le confort nécessaire, comme dans une vraie maison : une cuisine une salle de bain, une chambre, un frigo", explique-t-il au micro de notre journaliste Rémi Paquelet. Un clavier de piano trône dans la pièce unique ou il vit avec sa chienne.
Repartir de zéro
Ancien boulanger, il explique avoir quitté une vie difficile financièrement en région parisienne pour tenter sa chance à la frontière suisse. "Je me suis occupé de me faire une adresse, d'ouvrir un compte du côté de la Suisse, de rapatrier une voiture. De m'organiser, tout simplement pour ensuite aller travailler et être autonome". Pour l'instant, il n'a pas encore trouvé d'emploi en Suisse, mais a déposé des candidatures. Une fois stabilisé professionnellement, il envisage de s’installer de manière définitive en Suisse.
Installés sur le même parking, Franck et sa compagne ont, eux aussi, choisi cette vie nomade. Franck explique les raisons de ce changement : "J'avais un appartement que j'ai perdu. Je commençais à avoir des dettes et je ne pouvais pas continuer comme ça, donc il fallait trouver autre chose. J'ai eu l'idée d'habiter dans un camping-car et puis, petit à petit, j'ai réussi à remonter la pente". Aujourd'hui, il travaille en Suisse et explique qu'il s'est intégré à la vie locale : "on s'est fait des copains, on est restés, on aime bien ces villages, on commence à trouver nos marques".
Un village qui s’adapte
Conscient de l’ampleur du phénomène, Roger Belot, le maire (sans étiquette) des Fourgs a prévu d'aménager un espace dédié aux camions-logements d’ici à mars prochain. Il souhaite intégrer durablement ces travailleurs nomades à la vie de son village de 1 400 habitants. "Pour nous, l'idée, c'est vraiment de travailler avec eux et de les intégrer dans le village", explique-t-il. "Ça va leur apporter plus de confort, même s'ils seront toujours dans leurs véhicules. On va arborer la plateforme, on va leur amener l'eau, l'électricité, l'assainissement. Il faut qu'ils se sentent aussi chez eux", lance l'édile.
Cet investissement coûtera 180 000 euros à la commune. Dix emplacements pour camping-cars seront créés et proposés à la location pour 400 euros par mois.