Après des signalements à son encontre portant sur des "faits graves à caractère sexuel", le député isérois Hugo Prevost annonce ce mercredi soir sa démission. L'ancien syndicaliste étudiant, élu en juillet dernier face à Olivier Véran, dit mesurer "la gravité des accusations" mais s'en défend, sans souhaiter y répondre publiquement.
Hugo Prevost jette l'éponge. Moins de 24 heures après la divulgation de plusieurs signalements à son encontre portant sur des "faits graves à caractère sexuel pouvant relever d'infractions pénales", le député de l'Isère a annoncé sa démission ce mercredi 9 octobre à 21 heures.
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, l'ancien étudiant et syndicaliste, élu en juillet dernier après avoir battu Olivier Véran dans la première circonscription de l'Isère, affirme qu'il n'était "pas au courant de l'existence de ces accusations qui sont aujourd'hui portées à (sa) connaissance".
"Je n'ai jamais cherché à nuire à l'intégrité de mes camarades, et je veux avant toute chose m'excuser auprès de toutes les personnes investies dans la campagne pour le choc qu'elles ont pu éprouver ces dernières heures", écrit le député.
"Je mesure la gravité des accusations qui me sont faites. Je m'en suis défendu. Je n'y répondrai pas publiquement", explique Hugo Prevost avant de conclure : "Prenant acte de la décision du Groupe La France Insoumise - Nouveau Front Populaire, j'annonce dès aujourd'hui la démission de mon mandat".
— Hugo Prevost (@prevost_hugo) October 9, 2024
Exclu du groupe LFI à l'Assemblée nationale
Ce mardi 8 octobre dans la soirée, le groupe de La France insoumise à l'Assemblée nationale avait décidé d'exclure le député de l'Isère Hugo Prevost. La raison invoquée : "des faits graves à caractère sexuel pouvant relever d'infractions pénales", selon un communiqué.
Le document précise qu'il s'agit de faits "antérieurs" à l'élection du député de l'Isère, élu pour la première fois en juillet contre l'ancien ministre macroniste Olivier Véran. Le groupe explique avoir été saisi fin septembre par le Comité de vigilance contre les violences sexistes et sexuelles (CVSS) de LFI "concernant des faits graves à caractère sexuel pouvant relever d'infractions pénales, antérieurs" à l'élection du député.
Après l'audition du député et au vu des éléments du CVSS, le groupe parlementaire réuni mardi "a prononcé l'exclusion du député", "conformément aux principes de la charte signée" par les candidats aux législatives, engageant à "défendre les valeurs féministes et à combattre les violences sexistes et sexuelles". Il souligne que cette décision ne pourra jamais "se substituer" à une décision de justice et "réitère son engagement sans faille dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles".
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"Au moins deux cas de violences sexuelles", selon des témoignages
L'Union étudiante, qu'Hugo Prevost a co-fondée, rapporte de son côté dans un long communiqué avoir recueilli des "témoignages" faisant état de "faits de harcèlement moral et sexuel, de schémas de prédation, de faits graves pénalement répréhensibles à caractère sexuel".
Ces faits "s'étalent sur une période de 2020 à 2024 et se seraient poursuivis après le départ de Hugo Prevost de l'équipe nationale (...) en mars", ajoute l'organisation étudiante qui dénonce "une volonté de contrôle sexuel et politique des femmes". Selon des témoignages recueillis par l'Union étudiante, Hugo Prevost aurait fait preuve d'"une domination physique à travers au moins deux cas de violences sexuelles".
Communiqué : Les agresseurs n'ont pas leur place dans nos orgas
— L’Union Étudiante (@unionetudiante_) October 8, 2024
Nos orgas ne sont pas imperméables au patriarcat, nous nous devons de nous prémunir à tous les niveaux contre la survenance des VSS. Nous nous tenons aux côtés des victimes de violences et leur disons notre soutien. pic.twitter.com/fH8pRnB0IP
De nombreux appels à la démission
Depuis ces révélations mardi soir, de nombreuses personnalités politiques ont réagi au niveau local et national, demandant la démission immédiate du député de l'Isère.
Salomé Robin, députée suppléante d'Hugo Prevost, a annoncé dans un post sur X dans la journée de mercredi qu'elle "quitte ses fonctions". Elle ajoute : "Je suis atterrée et écœurée par ces révélations. N'ayant absolument plus rien à voir avec Hugo Prevost, je vous informe que je quitte mon rôle de députée suppléante, dans l'attente d'une démission de sa part."
La France insoumise Isère s'est exprimée aussi ce mercredi après-midi demandant la démission d'Hugo Prevost par le biais d'un communiqué invoquant des "faits reprochés à M. Prévost [qui] sont en totale contradiction avec les principes fondateurs et les valeurs portées par La France insoumise."
Les Ecologistes et le Parti socialiste avaient également demandé la démission du député de la première circonscription de l'Isère.
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Un des plus jeunes députés à l'Assemblée
Ancien étudiant âgé de 25 ans, Hugo Prevost avait fait tomber le candidat de la majorité présidentielle Olivier Véran dans son fief de Grenoble, la première circonscription de l'Isère, lors des dernières élections législatives. Le candidat du Nouveau Front populaire avait obtenu 42,4 % des suffrages et devancé ainsi l'ancien ministre de la Santé de plus de 1 300 voix (40,2 %).
Titulaire d'un master d'économie, il se décrivait comme "économiste en herbe". Interrogé en juillet dernier sur ce qu'est un bon député, il avait répondu par "un député sérieux et au travail, qui connaît et creuse les sujets".
Fils d'un cadre du bâtiment et d'une ingénieure au CNRS, il se dit "issu d'une classe moyenne basse". Il voulait faire de la question de la précarité une de ses priorités. Il était devenu un des plus jeunes députés de cette nouvelle législature.